Par Stéphane Renard Fine Art
89 x 140 cm (à vue) (105 x 156 cm encadré)
Provenance : Château en Aveyron (Occitanie – France)
Cadre italien en bois sculpté et doré à motif de feuilles de laurier – XVIIe siècle
Cette composition est typique des productions d’Adeodato Zuccati, un peintre émilien de la deuxième moitié du XVIIème siècle récemment redécouvert. Lointain écho des compositions romaines de la première moitié du siècle, elle nous présente dans une pompe baroque un somptueux bouquet de fleurs, accompagné de fruits et d’une horloge qui nous rappelle la brièveté de la vie.
1. Adeodato Zuccati, un artiste récemment redécouvert
Les dates de naissance et de décès d’Adeodato Zuccati ne sont pas connues avec certitude car les sources historiques ont transmis peu d'information sur cet artiste. Peintre de fleurs actif en Émilie-Romagne dans la seconde moitié du XVIIe siècle, ses tableaux sont répertoriés dans les inventaires des collections de certaines familles ...
... aristocratiques de Bologne, comme celles du comte Annibale Ranuzzi (1697) et de Giovanni Antonio Sedazzi (1700).
Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, Antonio Masini le décrit comme un "expert dans la peinture des fleurs dans leur état naturel", rappelant qu'il est actif depuis 1668; au XVIIIe siècle, Marcello Oretti dit qu'il est "peut-être un élève de Pier Francesco Cittadini dit le Milanais", tout en admettant qu'il ne connaît pas bien ses œuvres ; au XIXe siècle, Pietro Zani le décrit comme un "peintre de fleurs".
La redécouverte d'une toile représentant une Vasque de fleurs sur un tapis par Luigi Salerno en 1984 a permis de commencer la reconstitution de son corpus. Les traces de ce tableau ont été perdues depuis et nous n’en avons qu’une ancienne photographie en noir et blanc. Ce tableau porte au dos une inscription du XVIIIe siècle : "Del Zuccati Pittor celebre di Bologna" Bien qu'il ne s'agisse pas d'une signature, l'indication a immédiatement semblé plausible car elle concorde avec les informations fournies par Masini et Zani sur son penchant botanique : presque la moitié du tableau illustré par Luigi Salerno est en effet occupée par des fleurs qui reposent sur un tissu élégant.
Peintre de fleur, Zuccati enrichit son répertoire par la mise en scène d’étoffes somptueuses, de fruits, de pièces d’orfèvrerie. Il est manifeste qu’Adeodato Zuccati a été influencé à Bologne par Pier Francesco Cittadini, également appelé le Milanais (Milan 1616 – Bologne 1681), et l’on retrouve dans son art la tradition des natures mortes romaines vues par Cittadini lors de son séjour dans la Ville Eternelle vers 1640. En conclusion on peut dire que Zuccati réalise une synthèse des différentes traditions picturales de la plaine du Pô qui, partant de Pier Francesco Cittadini à Bologne, aboutissent à Antonio Gianlisi le Jeune (Rizzolo 1677 - Cremona 1727), un peintre actif entre Plaisance et Crémone au début du XVIIIe siècle.
2. Description de l’œuvre
Toute la composition est éclairée par une source lumineuse située sur la gauche du tableau. Une première table, disposée de manière légèrement oblique, est recouverte d’un velours vert frangé d’or sur lequel a été disposé un lourd brocard orangé. La lumière exalte le contraste entre ces deux couleurs et souligne les plis du brocard.
Sur cette table richement parée apparait au centre de la composition une horloge de table monumentale, que l’on imagine exécutée en bronze doré et argenté. Elle est ornée en façade d’une statue d’Athéna, casquée et armée d’une lance et d’un bouclier. Une allégorie de la Justice, reconnaissable à sa balance, couronne l’édicule. La forme légèrement trapézoïdale des côtés nous indique que cette composition était destinée à être placée en hauteur et pourrait avoir été utilisée comme un dessus de porte.
A gauche de l’horloge est placé un plateau d’argent dans lequel sont représentés trois variétés de fruits : des raisins, des pêches et des figues.
Un rideau apparaît dans le haut de la composition, maintenant dans la pénombre un coffre de cuir clouté sur lequel est posé une coupe. Sur cette coupe reposent deux longues tulipes qui semblent se faner et deux verres, rendus fantomatiques par la transparentation de la matière picturale.
La droite de la composition est toute entière occupée par un opulent bouquet de fleurs placé dans un vase d’argent baroque posé sur une sellette située en contrebas du buffet. Comme souvent dans les tableaux de fleurs, le peintre a rassemblé ici des espèces qui fleurissent à différentes saisons : des jacinthes et des tulipes, des lys et des pivoines, des roses et des fleurs d’oranger.
Toute la composition est animée par un rythme ternaire : trois plans horizontaux (de gauche à droite, le buffet avec l’horloge de table et le plateau de fruits, la coupe sur le coffret de cuir clouté et enfin la sellette sur laquelle est posée le bouquet de fleurs), trois motifs principaux (le bouquet, l’horloge de table et les fruits), trois espèces de fruits dans le plateau…
Alors que les natures mortes n’ont plus systématiquement une valeur symbolique dans la deuxième moitié du XVIIème siècle, il nous semble néanmoins intéressant de rapprocher ce rythme ternaire avec les trois âges de l’Homme. La jeunesse pourrait être symbolisée par le bouquet de fleurs placé en pleine lumière et la maturité, par le riche plateau de fruit sur la gauche. Enfin la vieillesse elle serait évoquée par la composition énigmatique que l’on devine à peine dans l’ombre : deux tulipes posées sur la coupe et deux verres, déjà à demi effacés par le temps dont la marche inexorable est rappelée par la présence prédominante de l’horloge.
La figure d’Athéna pourrait être interprétée comme une exhortation à la sagesse, nécessaire pour conduire sa vie dignement alors que la Justice qui surmonte l’édicule nous rappelle que nos actions seront jugées à la fin des temps.
3. Œuvre en rapport
Il nous semble intéressant de mettre ce tableau en rapport avec deux autres œuvres d’Adeodato Zuccati.
Le premier (avant dernière photo de la galerie) est conservé à la Galleria Estense de Modène et provient du Palazzo Ducale de cette même ville. Ce tableau nous paraît intéressant car l’on y retrouve sur un plateau en bas à droite deux verres qui sont très proches de ceux présentés en haut à gauche de notre tableau, à moitié cachés dans l'ombre du rideau.
Le deuxième (dernière photo de la gaelrie), présenté en vente chez Dorotheum à Vienne (vente du 12 octobre 2011 – lot 434 – 30,000 euros avec les frais) est particulièrement intéressant. De dimensions presque équivalentes (91,5 x 143 cm) ce tableau présente une composition très similaire mais inversée, pleine de subtiles variations comme s'il s'agissait d'un pendant à notre tableau. Le grand vase avec des fleurs sur un socle en pierre se trouve à gauche, la partie centrale et la droite du tableau sont occupées par une table recouverte d'un tapis ottoman sur lequel sont posées entre autres une statue baroque en bronze et diverses pièces d’arg
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