Par Stéphane Renard Fine Art
Dans ce dessin très enlevé et plein de fraîcheur provenant sans doute d’un carnet de l’artiste, Pajou nous présente une composition librement inspirée de l’antique, souvenir d’une visite à la Villa Borghèse. Cette évocation du séjour romain de l’artiste est rendue encore plus émouvante par la présence au verso du feuillet de l’esquisse d’un autoportrait de l’artiste …
1. Augustin Pajou à Rome, la formation d’un grand sculpteur
Fils d’un compagnon sculpteur sur bois, Augustin Pajou entre dès son plus jeune âge à l’école de l’Académie Royale où il se forme auprès de Jean-Baptiste II Lemoyne (1704-1778). Lauréat du grand prix de sculpture en 1748 (à l’âge de dix-huit ans) il intègre l’Ecole Royale des élèves protégés et devient pensionnaire du Roi en 1751 et séjourne à l’Académie Royale à Rome entre 1752 et 1756. Ces années romaines auront une influence décisive puisqu’elles lui permettent d’étudier non ...
... seulement son art mais aussi de recevoir une éducation classique à laquelle il n’avait pas eu accès dans sa jeunesse.
De retour à Paris il est agréé à l’Académie Royale en 1759 et reçut l’année suivante. Artiste extrêmement fécond et divers, il est tout à fois sculpteur, décorateur et « bustier » représentant les grands personnages de l’époque dans des effigies en terre cuite ou en marbre.
L’œuvre graphique de Pajou est également d’une grande richesse. Comme l’écrit Louis-Antoine Prat dans « Le Dessin Français au XVIIIe siècle » : « Pajou peut faire montre d’un corpus particulièrement varié, abordant avec souplesse l’antique et les maîtres […]. C’est là certainement, parmi les dessinateurs-sculpteurs du siècle, celui qui a su s’exprimer dans le plus grand nombre de registres. »
2. Une feuille de carnet dessinée sur le motif
Pajou a beaucoup dessiné pendant son séjour Romain. Il a ainsi réalisé des compositions très abouties à la sanguine, sans doute destinées à être envoyées au marquis de Marigny pour témoigner de ses progrès à l’Académie. Dans des carnets aujourd’hui démantelés, il déploie un style plus personnel, employant des techniques variées : pierre noire, plume, lavis gris ou brun. Pajou y interprète aussi bien l’art antique que des scènes de la vie quotidienne romaine avec une « rapidité elliptique étonnante ». On peut à ce titre rapprocher notre dessin, en terme de facture et de taille, du « Cardinal grand pénitencier » conservé au Metropolitan Museum of Art de New York (USA) .
L’annotation autographe « villa borgaise plus de moy que de l’antique » nous renseigne sur le lieu dans lequel notre dessin a été conçu, même s’il est probable comme nous l’indique l’artiste que le bas-relief antique dont il s’est inspiré a été fortement modifié par son imagination. Nous n’avons pas réussi à l’identifier, la villa Borghese construite au début du dix-septième siècle au milieu d’un grand parc sur la colline du Pincio à Rome ayant été redécorée à partir de 1770 pour Marcantonio IV Borghese.
Une femme drapée et enroulée dans une longue tunique est assise au bord d’une couche dont le pied zoomorphe évoque une patte de lion. Elle désigne une grande urne que lui présente un vieillard barbu accroupi à ses genoux. Différents personnages sont évoqués en arrière-plan et complètent la scène. A noter que de manière surprenante et peu anatomique, l’artiste représente avec vigueur le sein droit du personnage principal en dehors de la tunique, justifiant ainsi peut-être son commentaire !
3. Un autoportrait de Pajou ?
Une surprise nous attend au verso de ce feuillet : le portrait, à peine esquissé au graphite, d’un homme représenté de face coiffé d’un tricorne. L’inclusion d’éléments de nature très différente (une scène au lavis et un portrait au graphite pour lesquels la même feuille est utilisée dans deux sens différents) est typique des carnets, véritables « bloc-notes » de l’artiste.
Les traits de ce portrait ne sont pas sans rappeler ceux d’Augustin Pajou par Adélaïde Labille-Guillard et ce dessin pourrait à ce titre constituer un autoportrait de l’artiste.
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