Par Richard Redding Antiques
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Pendules et objets d'art d'exception XVIIe-XIXe siècle
Très beau secrétaire à abattant Louis XVI en bois de satin massif monté en bronze doré et laqué noir et or de Chine par Charles Topino, estampillé C Topino JME sur le dessus, surmonté d'un plateau en marbre gris veiné avec des angles saillants et inclinés, au-dessus d'un tiroir en frise qui, comme les portes en dessous ainsi que les trois panneaux sur les côtés, est décoré d'un très beau travail de laque noire et or chinoise représentant des personnages souvent vus marchant par deux dans un paysage avec des nuages au-dessus, des montagnes au loin, des voiliers sur l'eau, des ponts traversant une rivière, des pagodes et autres bâtiments ainsi que des saules et autres arbres sinueux. Le tiroir de la frise est centré par un écusson feuillagé en ruban avec une poignée circulaire perlée à droite, le tiroir de la frise au-dessus de la porte en façade avec un écusson central comparable, s'ouvrant pour révéler une tablette d'écriture en cuir vert doré, tandis ...
... qu'à l'intérieur se trouvent trois ensembles de tiroirs de chaque côté d'un trou central et au-dessus d'une étagère divisée et d'une autre étagère simple. La façade en chute est surmontée de deux portes avec chacune un écusson à ruban. Les tiroirs et les portes à panneaux de laque sont encadrés et divisés par du bois de satin uni, avec des angles cannelés et sous une base unie avec des angles cannelés conformes.
Paris, date vers 1775-85
Hauteur 140, longueur 89 cm, profondeur 41 cm. Dimensions du plateau en marbre : longueur 94 cm, largeur 43 cm.
Littérature : Alexandre Pradère, "French Furniture Makers", 1989, p. 318, illustrant un autre secrétaire à abattant estampillé Topino d'environ 1780 de forme générale très similaire mais avec de la marqueterie et reposant sur des pieds en bloc ainsi qu'une frise en bronze doré percée (vendu par Christie's le 3 juillet 1986, lot 117). Pierre Kjellberg, "Le Mobilier Français du XVIIIe Siècle", 1998, p. 846, illustrant un secrétaire à abattant en marqueterie de Topino, similaire dans sa conception à ce dernier ainsi qu'au présent exemple. Thibaut Wolvesperges, "Le Meuble Français en Laque au XVIIIe Siècle" 2000, pl. 181, illustrant une commode-secrétaire de Topino vers 1785, décorée d'or chinois et de laque noire.
Si Charles Topino (c. 1742-1803) est surtout connu pour son remarquable travail de marqueterie, il a parfois orné ses meubles de grande qualité de laques orientales, comme nous le voyons ici. Là encore, il avait tendance à privilégier les bois clairs, comme le bois de satin, qui offre un contraste parfait avec la laque chinoise noire et or. Topino avait tendance à se spécialiser dans la fabrication de meubles légers tels que les petites tables, les chiffonnières et les bonheurs-du-jour, bien qu'on lui attribue également de remarquables commodes et secrétaires dans les styles Transitionnel et Louis XVI. Ces pièces se distinguaient par leur grande qualité, qui lui valait une grande reconnaissance. S'il utilise parfois la laque orientale, la majorité de ses pièces sont incrustées de marqueterie fine. Elles se divisent en deux catégories. La première présente souvent une nature morte avec des objets tels que des vases, des théières, des bouteilles et d'autres artefacts comme des cartes, mais plus rarement des paysages de Chinoiserie, ces derniers étant inspirés des écrans en laque de Coromandel qui étaient particulièrement à la mode dans les années 1770 et au début des années 1780. Le deuxième type de marqueterie de Topino comprenait des guirlandes et des bouquets floraux mis en valeur sur un fond de bois pâle de citronnier ou d'érable teinté en jaune, que l'on trouve généralement sur les meubles entre 1775 et 1780. Il lui arrivait également de combiner la marqueterie géométrique avec ces deux principaux types de décor. Nombre de ses meubles étaient en outre ornés de somptueuses montures en bronze doré, souvent fondues par Viret, ciselées par Chamboin et Dubuisson et dorées par Bécard ainsi que par Gérard et Vallet.
Topino a travaillé pendant plusieurs années en tant qu'artisan indépendant avant d'être reçu comme maître en 1773. Son père Henry-Nicolas Topino-Lebrun, qui semble également avoir travaillé comme ébéniste, était à Paris en 1763, mais en 1774, il vivait à Arras. À partir de 1757, Charles Topino travaille dans la rue du Faubourg-Saint-Antoine et acquiert une grande renommée en tant que marqueteur. Bien que Topino fournisse des clients distingués de l'aristocratie française, son agenda pour les années 1771-79 suggère qu'il avait en fait très peu de clients privés. Ses principaux clients étaient les marchands-merciers et les marchands-ébénistes, notamment Héricourt, Dautriche, Migeon, Denizot, Moreau, Delorme, Tuart, Joubert et Boudin. Il est notamment connu pour avoir fourni à ce dernier des tables lumineuses marquetées et laquées ainsi que des bonheurs-du-jour. Il lui est arrivé de vendre des pièces complètes à tous ces clients, mais aussi de leur fournir des panneaux de marqueterie.
Preuve de la haute estime dont il jouissait, Topino a été élu député de sa guilde en 1782. Les guildes jouaient un rôle dominant dans le Paris du XVIIIe siècle et imposaient des réglementations strictes en insistant sur un haut niveau de qualité et en limitant exactement ce que chaque maître artisan était autorisé à fabriquer. Ainsi, un maître-ébéniste n'était pas autorisé à créer des montures en bronze qui ne pouvaient être produites que par un maître bronzier. Les guildes inspectaient aussi régulièrement les ébénistes parisiens, souvent jusqu'à quatre fois par an, et pour montrer qu'elles approuvaient la qualité d'un meuble, elles y apposaient les lettres JME - comme nous le voyons ici après le tampon de Topino. Les lettres JME signifient jurande des menuisiers-ébénistes et ne sont ajoutées que lorsqu'un comité, composé de membres élus de la guilde, a approuvé la qualité de chaque article. Si toutefois la pièce était considérée comme étant de qualité inférieure, elle était confisquée. En fait, le cachet JME était une marque d'approbation. Malgré cela et la qualité prodigieuse de son travail, Topino semble avoir eu des problèmes financiers considérables et a finalement été déclaré en faillite en décembre 1789. Selon Salverte, ses affaires financières étaient très désorganisées et ont été aggravées par la Révolution française. Ses problèmes financiers ont peut-être été aggravés par la modicité de ses prix, alors qu'aujourd'hui, les œuvres de Topino atteignent des prix très élevés et sont très recherchées.
Des exemples de son œuvre figuraient dans l'ancienne collection du comte de Rosebery à Mentmore House (vendue en 1977) et sont également conservés dans la collection Rothschild à Waddesdon Manor, Buckinghamshire. D'autres pièces se trouvent aux Musées des Arts Décoratifs, du Louvre, Nissim-de-Camondo à Paris, également au Lambinet Versailles, Château Champs-sur-Marne, Rouen, Ephrussi à Saint-Jean-Cap-Ferrat et au Cincinnati Art Museum.
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