Par Richard Redding Antiques
Pendules et objets d'art d'exception XVIIe-XIXe siècle
Un rare et extrêmement fin grand cartel Louis XV monté en bronze doré et en marqueterie de corne bleue peinte en polychromie avec console par l'éminent fabricant Jean-Baptiste Baillon et logé dans un très beau boîtier fait par François Goyer, signé sur une plaque d'émail blanc sur le masque du cadran J BT Baillon à Paris et également signé sur la plaque arrière J B Baillon à Paris et également signé F Goyer sur le boîtier. Le cadran finement ciselé et feuillagé est orné de chiffres romains bleus pour les heures dans des cartouches émaillés de forme, de chiffres arabes bleus à l'extérieur pour les intervalles de cinq minutes dans des cartouches émaillés en forme de losange et d'indications intérieures pour les secondes, avec une belle paire d'aiguilles en acier bleui pour les heures et les minutes. Le mouvement est suspendu par un fil de soie, et sonne sur une seule cloche, avec une roue de compte extérieure. Le superbe boîtier en marqueterie de corne ...
... bleue peinte en polychromie, de forme cintrée, est décoré de guirlandes florales et feuillagées, surmonté d'une gerbe de bronze asymétrique en forme de C, avec d'autres montures rocaille feuillagées flanquant la partie supérieure du boîtier et se poursuivant sous le cadran, le boîtier reposant sur des pieds cabriole feuillagés à volutes, la console évasée à nouveau avec des montures rocaille feuillagées élaborées terminées par un bossage feuillagé asymétrique.
Paris, date vers 1750
Hauteur totale : 129 cm,
Littérature : Pierre Kjellberg, "Encyclopédie de la Pendule Française du Moyen Age au XXe Siècle", 1997, p. 83, pl. D, illustrant une pendule cartel très similaire en vernis Martin avec console, avec mouvement de Collier Fils à Paris. Et p. 84, pl. B, illustrant un cartel comparable avec console, toujours en laque vernis Martin, avec un fleuron rocaille en bronze doré très similaire.
Jean-Baptiste Baillon III (m. 1772), l'un des principaux fabricants de son temps, ne faisait appel qu'aux meilleurs artisans pour la réalisation de ses coffrets, en l'occurrence l'ébéniste parisien François Goyer (m. 1763). Parmi ceux qui lui fournissent des boîtes, citons Jean-Joseph de Saint-Germain, Jean-Baptiste Osmond, Balthazar Lieutaud, les Caffieri, Vandernasse et Edmé Roy, tandis qu'Antoine-Nicolas Martinière lui fournit parfois ses cadrans et Chaillou ses émaux... Baillon est sans doute le membre le plus célèbre d'une longue lignée d'horlogers et l'un des plus importants horlogers français du XVIIIe siècle. Son importance est due en grande partie à son sens des affaires et à la manière dont il a organisé une vaste et florissante manufacture à une échelle sans précédent. Sa manufacture privée de Saint-Germain-en-Laye, dirigée de 1748 à 1747 par Jean Jodin et maintenue jusqu'en 1765, date à laquelle Baillon la ferma, est unique dans l'histoire de l'horlogerie du XVIIIe siècle. Le célèbre horloger Ferdinand Berthoud fut parmi ceux qui furent impressionnés par son ampleur et sa qualité et, en 1753, il nota : "Sa maison [celle de Baillon] est le plus beau et le plus riche magasin d'horlogerie". Les diamants sont utilisés non seulement pour décorer ses montres, mais même ses horloges. Il en a fait dont les boîtiers étaient de petites boîtes d'or, ornées de fleurs de diamants imitant la nature... Sa maison de Saint-Germain est une sorte de fabrique. Elle est pleine d'ouvriers qui travaillent continuellement pour lui... car il fait à lui seul une grande partie des Horloges et des Montres [de Paris]". De là, il fournit la clientèle la plus illustre, notamment les familles royales françaises et espagnoles, le Garde-Meuble de la Couronne ainsi que les membres distingués de la Cour et la crème de la société parisienne.
Le père de Baillon, Jean-Baptiste II (mort en 1757), maître-horloger parisien, et son grand-père, Jean-Baptiste Ier de Rouen, étaient tous deux horlogers, tout comme son propre fils, Jean-Baptiste IV Baillon (né en 1752 et mort vers 1773). Baillon lui-même a été reçu comme maître-horloger en 1727. En 1738, il est nommé Valet de Chambre-Horloger Ordinaire de la Reine. Il a ensuite été nommé Premier Valet de Chambre de la Reine peu avant 1748, puis Premier Valet de Chambre et Valet de Chambre-Horloger Ordinaire de la Dauphine de Marie-Antoinette, en 1770. Ses adresses parisiennes étaient Place Dauphine, en 1738, puis rue Dauphine après 1751.
Grâce à son succès, Jean-Baptiste Baillon amasse une immense fortune, évaluée à sa mort le 8 avril 1772 à 384 000 livres. Sa propre collection de beaux-arts et d'arts décoratifs est vendue aux enchères le 16 juin 1772, tandis que son stock restant, évalué à 55 970 livres, est mis en vente le 23 février 1773. La vente comprend 126 montres terminées, pour un total de 31 174 livres et 127 mouvements de montres terminés, pour 8 732 livres. Il y avait également 86 horloges, 20 mouvements d'horloges, sept boîtiers d'horloges en marqueterie, un boîtier d'horloge en porcelaine et huit boîtiers en bronze, dont sept avec des figures d'éléphants, pour un total de 14 618 livres. Pour donner une idée de l'ampleur de son entreprise, le nombre de mouvements de montres atteignait 4320, tandis que celui des mouvements d'horlogerie était de 3808.
Aujourd'hui, nous pouvons admirer le travail de Baillon dans certaines des plus prestigieuses collections du monde, dont les musées parisiens du Louvre, des Arts Décoratifs, National des Techniques, de Petit Palais et Jacquemart-André. D'autres exemples se trouvent au Château de Versailles, au Musée Paul Dupuy, à Toulouse, à la Residenz Bamberg, au Neues Schloss Bayreuth, au Museum für Kunsthandwerk, à Francfort, au Residenzmuseum Munich et au Schleissheim Schloss. Parmi les autres collections figurent les Musées Royaux d'Art et d'Histoire de Bruxelles, le Patrimonio Nacional d'Espagne, le Metropolitan Museum de New York, le Newark Museum, la Walters Art Gallery de Baltimore et la Dalmeny House de South Queensferry.
Comme indiqué, le présent boîtier a été fabriqué par François Goyer, un ébéniste qui s'est spécialisé dans la production de boîtiers d'horloge. Goyer a été reçu comme maître-ébéniste parisien en 1740. Après s'être installé rue du Faubourg Saint-Antoine à l'enseigne de l'Autruche, il installe ensuite son atelier rue de Charonne à l'enseigne de A l'Eau qui dort, où il se spécialise dans la fabrication de boîtiers d'horloges à consoles et à cartel. Comme ici, ils étaient de la plus haute qualité et étaient souvent ornés de décors peints, de somptueuses montures en bronze rocaille et étaient parfois laqués au goût chinois. On pense que la plupart des coffrets de Goyer ont été exécutés en collaboration avec son frère Jean, un vernisseur de talent, installé rue Poissonnière, à Paris. D'après des documents retrouvés dans les archives de la Seine, on sait que l'horloger bordelais Mercier-Sacriste a acheté à Goyer un grand nombre de boîtiers de régulateurs laqués.
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