Par Stéphane Renard Fine Art
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Ce dessin signé par Léon Bonnat, le plus grand portraitiste de la Troisième République, représente une femme d’âge indéterminé, surprise dans une attitude mélancolique.
1. Léon Bonnat
Originaire de Bayonne, Léon Bonnat découvre la peinture à Madrid, où il séjourne entre 1846 et 1853, dans l’atelier de José de Madrazo y Aguado (1781 – 1859) et de son fils Federico de Madrazo y Küntz (1815 – 1894). Arrivé à Paris en 1854 il devient l’élève du peintre Léon Cogniet (1794 – 1880) à l’Ecole des Beaux-Arts et obtient en 1857 le deuxième prix de Rome pour sa Résurrection de Lazard. Son style est alors très inspiré par la peinture du siècle d’or espagnol et marqué par une prédilection pour l’emploi de tons terreux.
Fixé à Paris après des voyages en Italie, en Grèce et au Moyen-Orient, il abandonne les sujets historiques et religieux pour se consacrer entièrement au portrait, et devient à la fin des années 1870 le portraitiste ...
... attitré de la haute société parisienne. Il réalise ainsi environ deux cents portraits des personnalités de son temps : savants et écrivains, membres de l’aristocratie et de la grande bourgeoisie, hommes politiques.
Parallèlement à son activité de portraitiste il est un excellent pédagogue et devient entre 1888 et 1905 chef d’atelier à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris. Il dirige ensuite les Musées Nationaux entre 1900 et 1922. Grand collectionneur, il laisse à sa mort en 1922 une importante collection de peintures, de dessins et de sculpture au Musée des Beaux-Arts de Bayonne qui porte désormais son nom.
2. Description de l’oeuvre
Il est probable que ce dessin soit préparatoire à un grand portrait comme les affectionnait la société parisienne de la Troisième République mais nous ne connaissons pas le nom du modèle. Cette femme à laquelle il est difficile de donner un âge est représentée à mi-corps, vêtue d’une veste sombre dont le dessin nous permet d’imaginer les reflets soyeux. Vêtue avec autant de raffinement que d’austérité, elle arbore deux grosses perles à chaque oreille. Sa tête est surmontée d’un bandeau élaboré qui évoque une couronne.
Il nous semble légitime de rapprocher l’attitude de cette femme de la représentation traditionnelle de la mélancholie, que l’on retrouve par exemple dans une des plus célèbres gravures d’Albrecht Dürer (1471 – 1528), la Mélancolie (1514).
Il nous semble en effet certain que Bonnat, grand amateur d’art ancien, ne réutilise pas un canon aussi classique sans raison et sans vouloir s’en approprier le sens. Cette figure de la mélancolie, souvent associée dans l’art occidental à un contexte de deuil, nous amène à suggérer l’hypothèse que ce portrait pourrait être celui d’une veuve.
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