Par Stéphane Renard Fine Art
L’attribution à Pompeo Batoni a été confirmée par le Professeur Francesco Petrucci sur la base d’une photographie de l’œuvre.
41.2 x 54.2 cm – Encadré : 55 x 66.5 cm
Cette impressionnante académie d’homme appartient à une série d’académies d’homme aux dimensions comparables réalisées par Pompeo Batoni. La préparation du papier d’un brun doré met en valeur la délicatesse du modelé à la pierre noire, réhaussée par endroit de blanc de plomb. La pose artificielle du modèle, tout en extension, contraste avec le calme absolu de son visage, qui suggère un profond abandon au sommeil.
1. Pompeo Batoni, le grand portraitiste romain du XVIIIème siècle
Parfois considéré comme le dernier grand maître d'Italie, Pompeo Batoni a dominé la scène picturale romaine au XVIIIe siècle. Ses contemporains reconnaissaient sa prééminence maintenue pendant près de cinquante années grâce à une production artistique très intense et très prolifique. ...
... Ainsi en 1759, Johann Winckelmann célébrait l'un de ses portraits comme "eins der ersten in der Welt" (l'un des premiers au monde); et l’artiste Benjamin West, en commémorant sa visite à Rome en 1760, se plaignait que "les artistes italiens de ce jour ne pensaient à rien, ne regardaient rien d'autre que l'œuvre de Pompeio Battoni".
Batoni commence sa carrière à Lucques, sa ville natale, où il travaille comme décorateur et graveur de métaux précieux dans l'atelier de son père, un éminent orfèvre. Avant d'avoir vingt ans, Batoni part pour Rome, où il étudie l'Antiquité classique et réalise des copies d'après Raphaël et Carrache. Il se distingue par ses peintures d'histoire qui anticipent déjà le néoclassicisme de la fin du dix-huitième siècle, et par ses grands portraits, notamment ceux de jeunes aristocrates britanniques qui faisaient le Grand Tour. Ses peintures sont particulièrement remarquables pour la fraîcheur de leurs couleurs, leur tonalité étonnamment naturelle, leur intensité visuelle associée à une élégance et à une précision exquise. Leopoldo Cicognara, le grand antiquaire italien, qualifiait la technique de Batoni de "laboriosa finitezza olandese" (laborieuse finesse néerlandaise), soulignant ainsi la qualité remarquable et presque "non italienne" de sa peinture, que l’on retrouve ici dans le rendu délicat de cette académie.
2. Description de l’œuvre
Les dessins de Batoni sont aujourd’hui assez rares, une grande partie d’entre eux ayant sans doute été détruits lors de la dispersion de son atelier après la mort de l’artiste en 1787.
Notre modèle est représenté de profil, allongé sur des gradins de pierre recouverts de draperie sur laquelle s’appuie également sa jambe droite et son bras droit dont le coude est plié. Sa jambe gauche repose sur le sol alors que son bras gauche, tendu dans l’axe du cou prend appui sur un bloc situé en contrebas. Le caractère assez dynamique des jambes contraste avec l’abandon du haut du corps ; les yeux clos suggèrent un profond sommeil malgré le caractère assez acrobatique de la posture.
Le sommeil dans lequel est plongé notre jeune modèle évoque celui d’Endymion, ce simple berger qui devient l’amant de Diane/ Séléné, la déesse de la lune, après qu’elle l’a découvert endormi dans son plus simple appareil. Il ne semble pas toutefois que ce sujet ait été traité par Batoni et l’académie d’homme que nous présentons a vraisemblablement été réalisée d’après nature sans que la pose du modèle soit spécifiquement en lien avec une composition de l’artiste.
3. Œuvres en rapport
Plusieurs académies d’hommes de taille comparables sont connues comme celles conservées par exemple à l’Albertina à Vienne (numéros d’inventaire 1346 et 1347 - 8ème et 9ème photos de la galerie) ou au Musée des Beaux-Arts de Houston (numéros d’inventaire 94.1050 et 94.1051). Les deux jambes de l’académie conservée à l’Albertina sous le numéro 1347 (9ème photo de la galerie) et le travail des ombres, nous semblent particulièrement proches (sur une base inversée) de notre dessin.
Il nous a paru intéressant de rapprocher également le visage de notre modèle de celui de Saint-Jean Baptiste dans un des tableaux les plus célèbres de l’artiste, aujourd’hui détruit (10ème photo de la galerie). Alors que ce tableau était daté vers 1740-1742, une version du Saint Jean-Baptiste datée de 1752 présentée actuellement chez Agnew's (dernière photo de la galerie) témoigne de l’attachement de l’artiste à la représentation d’un même idéal masculin, dont il nous semble également reconnaitre l’écho dans le visage imberbe représenté dans notre dessin.
4. Encadrement
Nous avons choisi pour cette académie un cadre doré néoclassique à motif de rais-de-cœur (France XIXème siècle).
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