Par Stéphane Renard Fine Art
Ce dessin d’une grande modernité nous présente une vue d’Ariccia, une petite ville située à 25 kilomètres au Sud-Est de Rome. Le palais Chigi (dans lequel le cinéaste Luchino Visconti filmera un siècle plus tard une grande partie du Guépard) et l’église attenante sont vus du fond du ravin qui entoure la ville. Ce dessin est un témoignage émouvant de l’attraction de cette ville pour les artistes de l’époque romantique, qui y établirent une véritable colonie d’artistes, à l’instar de Barbizon en France.
1. Achille Bénouville, un paysagiste Français en Italie
Achille Bénouville est probablement le principal représentant de ce que l’on pourrait définir comme la troisième (et pour ainsi dire dernière) génération des paysagistes néo-classiques et/ou historiques, nés dans les années 1810/1820, comme Félix Lanoue, Paul Flandrin, Eugène Ferdinand Buttura ou encore Alfred de Curzon.
Elève de François-Edouard Picot (1786 – 1868) puis de ...
... Léon Cogniet (1794 – 1880), il se spécialise rapidement vers la peinture de paysage, en commençant par des vues du bassin parisien qu’il expose au Salon dès 1834. Il effectue trois courts séjours en Italie, en 1838, 1840 et 1843, le dernier lui permettant de partager l’atelier romain et l’amitié de son aîné Jean-Baptiste Corot (1796 – 1875).
Après avoir remporté le prix du paysage historique en 1845 (la même année, son frère Léon est lauréat du grand prix de Rome de peinture), il retourne en Italie pour passer trois ans à la villa Médicis. Il s’établit finalement pendant 25 ans en Italie, jusqu’au décès de sa femme en 1870, événement qui le fera revenir en France.
2. Description de l’œuvre
D’un point situé en contrebas de la ville, l’artiste nous présente les principaux monuments d’Ariccia : le palais Chigi et l’église attenante, le pont d’accès monumental.
Le palais Chigi fut aménagé entre 1664 et 1672 par la famille Chigi, alors au sommet de sa puissance grâce au pontificat d’Alexandre VII (1655 – 1667). Carlo Fontana est l’architecte qui supervisa les travaux de transformation d’une forteresse antérieure, à partir d’un projet de Giovan Lorenzo Bernini, à qui l’on doit également la conception de l’église Maria Assunta qui lui fait face.
La petite ville qui se dresse au sommet d’une colline est encadrée de profonds ravins, ce qui explique au milieu du XIXème siècle la construction du pont d’accès monumental que l’on voit sur la gauche du dessin.
Cette vue prise en contrebas fait apparaître la ville dans un contre-jour qui est rendu par l’artiste avec une grande économie de moyens : alors que la ville se détache sur un ciel bleuté suggéré grâce à un mince aplat de gouache, seules les ombres sont dessinées au lavis gris, le reste du papier de couleur ocre étant traité en réserve.
3. Œuvres en rapport
Alors que certains dessins plus anciens témoignent de la venue de Bénouville à Ariccia bien avant 1851, il nous semble que notre dessin peut être considéré comme un dessin préparatoire, vraisemblablement exécuté en plein air, pour le dessin beaucoup plus abouti conservé au Metropolitan Museum de New York (7ème photo de la galerie). Ce dernier a été réalisé au lavis d’encre brune avec des rehauts d’aquarelle et porte une signature « Ach. Bénouville Roma 53 » qui nous indique clairement qu’il s’agit d’une réalisation ultérieure effectuée dans l’atelier romain de l’artiste.
4. Ariccia, une colonie d’artistes aux portes de Rome
La renommée d’Ariccia à l’époque romantique reposait largement sur l’attractivité de la Locanda Martorelli, l’auberge située sur la place en face du palais qui constituait un arrêt sur la route de Naples très apprécié dès l’époque du Grand Tour. Cette auberge devint par la suite un lieu de villégiature attirant toute la génération romantique, tant des écrivains que des peintres. On peut ainsi citer les séjours d’artistes aussi divers que J.M. William Turner (1775 – 1851), Jean-Baptiste Corot (1796 – 1875), ou Henrik Ibsen (1826 – 1906), qui y écrivit sa pièce Brand en 1865.
Il est intéressant à cet égard de mettre en parallèle la vue d’Ariccia réalisée en 1826-1827 par Jean-Baptiste Corot (avec lequel Bénouville partagera un atelier à Rome en 1843) et qui présente un point de vue assez proche de celui de notre dessin, également à contre-jour, à une époque où le pont monumental n’avait pas encore été construit (dernière photo de la galerie).
5. Encadrement
Le dessin a été réemmargé et est présenté dans un cadre en bois naturel à filets clairs du XIXème siècle. Le bleu de la marie-louise a été choisi pour mettre en valeur les légers rehauts de gouache du ciel.
Principale référence bibliographique :
Marie-Madeleine Aubrun Achille Benouville 1815-1891. Paris, 1986
Conditions générales de livraison :
Les prix indiqués sont les prix au départ de la galerie.
En fonction du prix de l'objet, de sa taille et de la localisation de l'acheteur nous sommes en mesure de proposer la meilleure solution de transport qui sera facturée séparément et effectuée sous la responsabilité de l'acheteur.
Retrouver le mobilier ou les objets d''art similaires à « Vue d'Ariccia par Achille Bénouville préparatoire au dessin du Metropolitan Museum » présenté par Stéphane Renard Fine Art, antiquaire à Paris dans la catégorie Dessin, Aquarelle & Pastel Napoléon III, Tableaux et dessins.