Par Franck Baptiste Paris
Le jeune souverain est représenté en buste de trois quart à l’âge de vingt sept ans.
Il est richement vêtu d’un pourpoint blanc brodé de fils or dont les manches sont tailladées et laissent entrevoir une lumineuse soierie rouge.
Son précieux vêtement est barré du cordon de l’ordre du St Esprit et de la « petite oie » qui est un tablier de nœuds de rubans à hauteur de la taille.
Le col de son pourpoint est agrémenté d’une fraise dite « à la confusion » qui est l’ancêtre des grandes fraises amidonnées de la renaissance, mais en version plus petite et plus souple.
Le roi porte une fine moustache et une coiffure « à la comète » avec des cheveux longs qui sont ramenés sur le coté et retombent en une longue mèche sur son épaule gauche.
Son visage aux traits fins est plongé dans une douce lumière artificielle oblique, probablement issue d’une bougie, ce qui a pour effet d’éclairer et d’adoucir les carnations de sa peau.
Huile ...
... sur toile, datée « 1628 », en haut à droite.
Très bel état de conservation.
Cadre ancien en bois doré à la feuille.
Travail Français attribuable au peintre Daniel Dumonstier (1574-1646)
Dimensions :
Cadre : Hauteur : 101 cm ; largeur : 84 cm
Toile : Hauteur : 85 cm ; Largeur : 68 cm
Oeuvres en rapport :
-Portrait de Louis XIII, crayon sur papier, musée Condé au château de Chantilly (N° INV PD 383)
-Portrait de Louis XIII , huile sur toile , Musée des beaux arts de Chambéry. (N°INV M863)
-Portrait d’Henry II de Montmorency, huile sur toile, Musée Carnavalet (N°INV P 1456)
-Portrait de Gaston d’Orleans, château de Blois.
Notre avis :
Le rare portrait que nous présentons date de l’année 1628, soit cinq ans avant les édits de somptuaires de 1633 qui interdisent le port de tout vêtement de luxe.
Le jeune souverain y apparait donc dans toute sa splendeur, revêtu de ses plus beaux atouts.
Si au premier regard l’oeuvre nous renvoie à son portraitiste favori Frans Pourbus le jeune ( 1570-1622) , ce dernier était déjà mort en 1628.
Son ami Rubens réalisera lui aussi un portrait royal avec une pose similaire mais sa touche diffère complètement de notre oeuvre qui est plutôt à mettre en parallèle avec le portrait conservé au musée des beaux arts de Chambéry.
Sur ce portrait comme sur notre tableau, la lumière qui éclaire le visage du roi prend une place très importante et dénote une parfaite connaissance de la technique du clair-obscur rendue célèbre quelques décennies plus tôt par le Caravage.
On retrouve cette même lumière et un pourpoint identique sur le portrait d’ Henry II de Montmorency conservé au Musée Carnavalet de Paris qui est aujourd’hui attribué au célèbre peintre et dessinateur français Daniel Dumonstier.
Il est fort probable que notre homme fût choisit pour prendre la suite de Pourbus ; les rares portraits du roi datables des années 1630 reprennent la pose de peintre flamand mais présentent une touche légèrement différente et bien française dans le rendu du visage, ce qui est caractéristique de sa technique.
L’artiste qui est un des meilleurs dessinateurs de sa génération était déjà au service de la famille royale dans les années 1600-1620 puis il sera au service du roi pour lequel il réalise le 22 Mai 1622 un portrait au crayon.
Ce premier dessin, réalisé seulement un mois après la mort de Pourbus nous confirme certainement son avènement comme nouveau portraitiste du roi.
Sur ce dessin conservé au musée Condé de Chantilly, Dumonstier utilise la même pose, la même coiffure et la même fraise au contours déchiquetés.
Notre oeuvre qui est très puissante par son fort contraste et sa riche palette chromatique est un original dont nous ne connaissions pas l’existence jusqu’à ce jour.
Elle intègre un corpus extrêmement restreint de portraits attribuables à Dumonstier dont deux représentent le roi Louis XIII.
Daniel Dumonstier (1574-1646)
Daniel Dumonstier1, né le 14 mai 1574 et mort le 22 juin 1646, est un dessinateur et peintre français surnommé de son temps « le plus excellent crayonneur de l'Europe ». Il a fait le portrait d'un grand nombre de personnages de la première moitié du 17 ème siècle notamment de la famille royale.
Il était fils de Cosme Dumonstier, peintre, valet de chambre du roi, et de Charlotte Bernier.
Sa célébrité était due à sa qualité de dessinateur de portrait aux trois crayons, mais aussi à sa personnalité. Il était sceptique quant à la religion et libertin dans sa manière de pensée et de se comporter. Sa personnalité lui a permis d'approcher les plus grands personnages du royaume, mais aussi par Peiresc et par Malherbe. Son caractère a fait de lui le seul artiste auquel Tallemant des Réaux a consacré une de ses historiettes, publiée sous le titre Du Moustier.
Son cabinet de curiosités a été un des plus fameux de Paris. Plusieurs visiteurs célèbres sont venus le voir, comme le duc de Buckingham, en 1625, le cardinal Pamphili, neveu d'Innocent X.
Sa bibliothèque était réputée. Convoitée par Gabriel Naudé, bibliothécaire de Mazarin, elle a été acquise par lui après sa mort, en 1646.
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