Par Franck Baptiste Paris
Rarissime paire de coffret rectangulaires à doucines ouvrant par un abattant cerclé d’une lingotière en bronze. Ils arborent une précieuse marqueterie Boulle en « première partie » de laiton sur fond d’écailles brunes pour un coffret et sa « contrepartie » pour l’autre, c’est-à-dire avec une marqueterie inversée provenant du négatif de la découpe.
Ils arborent tous deux un décor très fin d’arabesques sur l’ensemble des quatre faces.
Le dessus richement décoré d’une marqueterie inspirée des gravures de Jean Berain représente une déesse sur un tertre et sous un lambrequin, dans un environnement de rinceaux agrémentés de masques de chimères grimaçantes, de vases fleuris, de volatiles et de petits écureuils.
Intérieur en placage de bois de violette, charnières en bronze ajouré.
Très belle qualité de gravure.
Bel état de conservation.
Travail parisien d’époque Louis XIV, vers 1700.
Dimensions :
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Hauteur : 14 cm ; largeur : 31.5 cm ; profondeur : 23.5 cm
Pour un coffret proche : Vente Christie’s Paris, un appartement du quai d’Orsay décoré par Alberto Pinto, Lot 31, 30 juin 2022 (22 680 euros).
Une paire de coffrets en première partie et contrepartie est conservée au Métropolitan Museum de New York (N°inv 2011.12)
Notre avis :
La paire de luxueux coffrets que nous présentons est exceptionnelle par la réunion de deux exemplaires qui furent réalisés en même temps il y a plus de trois siècles. Quelques pièces de grandes dimensions en «première partie» et «contrepartie» sont connues mais pratiquement aucun coffret, notamment à cause des partages et autres successions qui les ont rendus orphelins, mais aussi par le fait qu’ils étaient souvent vendus séparément en raison de leur prix très élevé.
Ce fût d’ailleurs le cas de nos coffrets qui furent séparés durant une longue période avant qu’un coup du sort nous permettent de les réunir, plus de trois siècles après leur sortie de l’atelier.
Nos deux coffrets sont d’autant plus rares qu’ils arborent une forme peu courante, avec des traverses et un dôme à doucines, contrairement à la majorité des pièces de ce type qui sont plaquées sur des surfaces plates.
Cette forme et la présence d’un décor particulièrement fin nous permettent de les classer parmi les plus beaux modèles réalisés à la fin du règne de Louis XIV.
Si nos connaissances actuelles ne nous permettent pas d’identifier formellement un ébéniste, la densité, la richesse du décor, et la finesse de la gravure sont à rapprocher des productions de BVRB Ier. Ce dernier, qui était pratiquement un tabletier, a réalisé nombre de coffrets, de miroirs de toilette, et de caisses de pendules avec ce type de décor très animé, qui est parfois enrichi de nacre et de corne teintée.
*Première partie et Contrepartie : En superposant deux feuilles de placage lors de la découpe, on a créé des motifs et des fonds de deux matières différentes que l'on réassemble deux-à-deux.
La première partie correspond aux motifs provenant de la première feuille de dessus (souvent celle de métal) avec le fond de la feuille du dessous (souvent celle d'écaille).
La contrepartie correspond aux motifs provenant de la feuille du dessous avec le fond de la feuille du dessus.
On obtient ainsi deux compositions de marqueterie en négatif. La marqueterie où l'écaille fait le fond et le cuivre les ornements est la plus belle.
Afin d'obtenir une composition symétrique, on retourne la contrepartie de manière à devenir la symétrie de la première partie.
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