Par Franck Baptiste Paris
Rarissime médaillon en cuir bouilli et repoussé représentant le roi Louis XIV de profil en buste. Il porte une abondante perruque, un fin jabot de dentelle et une cape, par-dessus sa fabuleuse armure aux lions.
Cadre d’origine en bois de chêne (anciennement laqué).
Bel état de conservation, petites restaurations d’usage.
Travail parisien du tout début du 18ème siècle, vers 1700-1710, probablement par la Manufacture royale des cuirs de Hongrie de Saint-Denis.
Dimensions :
Cadre :
Cuir : hauteur 77cm ; largeur 65cm.
Modèle similaire :
- Musée de Bordeaux (n° inv. BX M 11228).
- Château de Vaux-le-vicomte.
- Christie’s New York, 18 octobre 2002, lot 568 (28 680$).
Notre avis :
Les portraits en cuir repoussé représentant le roi Louis XIV sont de la plus grande rareté, seuls quelques exemplaires nous sont parvenus.
Le modèle est toujours identique et reprend les traits ...
... du médaillon réalisé par François Girardon (1628-1715) pour sa cité natale de Troyes.
Commandé en 1687 et installé trois ans plus tard à l’hôtel de ville, le médaillon, où le roi est représenté de profil et en en armure, connut un vif succès.
C’est ce dernier qui sert de maître modèle pour l’élaboration de notre œuvre en cuir bouilli et repoussé.
Si la corporation des tanneurs est une des plus anciennes de Paris, la fin du 17ème siècle est marquée par l’arrivée de procédés nouveaux dans le domaine du tannage du cuir.
Cette nouvelle technologie dénommée « Hongroyage » des cuirs est basée sur l’usage de l’alun, et révolutionne l’antique méthode de tannage végétal.
L’intérêt grandissant pour ce type de cuir fort, doté de qualités avantageuses, comme la rapidité d’usage et la souplesse, pour les ouvrages élaborés aussi bien dans les arts que dans les métiers, poussa Jean Baptiste Colbert à encourager cette production.
Malgré les protestations des vieilles familles de tanneurs de « cuir de Cordoue », une communauté nouvelle d’artisans spécialisés dans l’élaboration des « cuirs de Hongrie » émerge alors avec douze maîtres, on lui donne même des statuts en 1680.
Fort de cet engouement, une manufacture royale des cuirs de Hongrie est inaugurée par le roi en 1702 sur les bords de la rivière Croult, à Saint Denis.
Si nous savons peu de chose sur la production de ces médaillons, c’est dans ce contexte nouveau qu’ils furent réalisés ; nous pouvons facilement imaginer, au vu du peu de pièces connues, qu’ils furent produits par la manufacture pour être offerts au roi.