Par Franck Baptiste Paris
Trés beau portrait représentant Jacques le Menestrel de Haugel de Lutteaux, seigneur des Granges.
Fils d’un secrétaire et grand audiencier du roi, il est nommé colonel du régiment du Beaujolais en 1702 et participe à l’expédition au Tyrol en 1703, avant d’être tué d’un coup de mousquet lors du siège de Verceil, dans le Piémont, durant la guerre de succession d’Espagne.
Représenté vétu de sa cuirasse, il est accoudé sur son bâton de commandement et arbore une cape reprenant la couleur rouge de la livrée de son régiment.
Son visage, encadré par une abondante chevelure bouclée est subtilement éclairé par un clair de lune qui fait briller l’acier de l’armure.
Huile sur toile, bel état de conservation, petites restaurations dans les fonds.
Un petit texte en haut à gauche de la toile présente le personnage : « Jacques Le Menestrel des granges, Colonel du reg du Beaujolois, tué au siège de Verceil en 1704 »
Cadre rectangulaire ...
... surmonté d’un noeud de ruban; en bois de chêne redoré, datant du 18 ème siècle. (remis aux dimensions).
Attribué à Joseph Vivien, fin de l’époque Louis XIV, vers 1703.
Provenance :
Collection de Joachim-Joseph d'Estaing (1654-1742) au chateau de Lavaur (Puy de Dôme)
Dimensions :
Toile : hauteur : 128 cm , Largeur : 95 cm
Notre avis :
Comme l’indique la présence du bâton de commandement, notre tableau est datable de 1702, soit après la nomination de Jacques le Menestrel à la tête du régiment du Beaujolais.
Au vu des montagnes et de la forteresse visibles sur l’arrière plan, la scène se déroule probablement au Tyrol ou son régiment est engagé en 1703 avec les troupes françaises qui tentent la jonction avec les armées de Maximilien de Bavière (1662-1726).
C’est probablement dans ces circonstances que Vivien qui est le premier peintre de l’électeur et qui est originaire de Lyon, réalise le portrait du colonel du régiment du Beaujolais.
Outre la technique et les rapprochement stylistiques avec les autres portraits du peintre datables du début de la guerre d’Espagne (Phillipe d’Anjou, le grand Dauphin, le Duc de Bourgogne…) , la présence d’un cadre à pastel de l’époque, probablement agrandie pour l’occasion, confirme notre hypothèse.
Si aujourd’hui Joseph Vivien est plus connu pour ses pastels, de nombreux articles d’époque, indiquent qu’il jouissait d’une importante renommée internationale en tant que portraitiste.
Sa touche légère, ses talents de coloriste et la luminosité des ses portraits lui valaient de nombreuses commandes prestigieuses.
Ses portrait à l’huile sont assez rares sur le marché, ils sont souvent de trés grandes qualités, et quelques fois attribuées à tord à Nicolas de Largillière.
Le portrait que nous présentons représente la quintessence de son art.
*Le Régiment de Beaujolais était un régiment d'infanterie de ligne, créé en 1685, sous le règne de Louis XIV, roi de France.
*Le siège de Verceil qui a eu lieu du 15 juin 1704 au 20 juillet 1704, durant la guerre de Succession d'Espagne oppose les troupes de la monarchie française commandées par le duc de Vendôme aux troupes du duché de Savoie commandée par le gouverneur Deshayes.
*Joseph Vivien né en 1657 à Lyon (France) et mort le 5 décembre 1734 à Bonn (électorat de Cologne, Saint-Empire) est un peintre français.
Vivien part en 1677 pour Paris et se forme à l’Académie royale de peinture et de sculpture dans l’atelier de François Bonnemer. Il reçoit aussi des conseils de Le Brun.
Il acquiert bientôt une grande réputation pour ses portraits et donne au pastel une force de ton et des effets que n’avait pas connus jusqu’alors ce genre de peinture.
Reçu à l’Académie royale de peinture en 1701 en tant que « peintre en pastel », il en est nommé conseiller quelque temps après et reçoit un logement aux Gobelins, avant de devenir premier peintre des électeurs de Bavière et de Cologne.
Joseph Vivien reste longtemps au service de l’électeur Maximilien-Emmanuel de Bavière, qui le considère beaucoup et l’a nommé son premier peintre. L’année de sa mort, il commence un grand tableau à l’huile représentant toute la famille électorale, qu’il veut porter lui-même à l’électeur de Bavière. Il se rend d’abord à Bonn, auprès de l’électeur de Cologne, mais son grand âge ne lui permet pas de supporter les fatigues du voyage et il meurt à Bonn, à la cour de l’électeur de Cologne.
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