Portrait d’un jeune marié de Casper Casteleyn (c. 1625 après 1661)

... montant du dossier vient lui caler l’épaule…

1. Casper Casteleyn

Casper Casteleyn (également parfois appelé Jasper, Kasteleyn ou Kastelyn) nait vers 1625 à Haarlem dans une famille d’obédience mennonite, qui joua un rôle important dans le commerce du livre à Haarlem. Son père Vincent Casteleyn (c. 1585 – 1658) fonda un des premiers journaux des Pays-Bas et était également l’imprimeur de la ville, charge que reprit son frère Abraham (c. 1628 / 1681).

Casper devient lui peintre, tout comme ses deux frères Johannes (c. 1612 – après 1665) et Vincent II (1609 – 1649). Il devient membre de la Guilde de Saint-Luc d’Haarlem en 1653 et séjourne également à Amsterdam. On connait aujourd’hui de lui essentiellement quelques tableaux d’histoire.

2. Présentation du portrait et œuvres en rapport

Ce portrait nous émerveille par sa technique sobre à la pierre noire qui, tout en transposant un vêtement vraisemblablement noir en une subtile harmonie de gris, magnifie le caractère luxueux et ouaté du vélin utilisé comme support.

Notre modèle est représenté dans une position hiératique, confortablement assis dans un fauteuil, légèrement de trois-quarts. Son regard qui semble nous dévisager nous donne l’impression d’être nous aussi assis en face de lui, mais légèrement en contrebas. Son costume est constitué d’une veste assez ample, boutonnée au col et aux manches et agrémentée sur la gauche d’une sorte de cape enroulée autour de son bras gauche. Le large col de toile blanche, fermé par un lacet à pompon et le chapeau mou sont typiques des portraits d’homme de l’époque et se retrouvent par exemple dans le Portrait d’Adriaen van Ostade réalisé à la même époque (entre 1646 et 1648) à Haarlem par Frans Hals (7ème photo de la galerie).

Nous retrouvons également dans ces deux portraits la présence des gants, signe essentiel de l’appartenance à l’élite sociale de cette époque, et l’opposition entre la main droite dégantée (et utilisée dans notre portrait comme un appui pour soutenir le bras au niveau de l’abdomen) et la main gauche gantée.

Un détail nous paraît très amusant : le modèle utilise le bord du dossier de la chaise sur laquelle il est assis pour caler son épaule, révélant ainsi une tête de personnage dans le creux de son épaule (8ème photo de la galerie). On retrouve des chaises similaires dans de nombreux tableaux contemporains, en particulier chez Vermeer, comme par exemple dans Le verre de vin peint entre 1658 et 1660 (détail 9ème photo de la galerie).

Deux autres portraits d’homme sur vélin par Casper Casteleyn sont connus. Le premier est considéré comme un autoportrait et mesure 16 x 14 cm (10ème photo de la galerie). Il est signé par l’artiste qui indique qu’il se représente ici à l’âge de 36 ans.

Le deuxième est conservé à La Fondation Custodia (11ème photo de la galerie). Beaucoup plus élaboré, il est également plus grand que celui que nous présentons (32.1 x 25.4 cm) et légèrement plus tardif (daté de 1652). Il représente un jeune homme de trois-quarts coiffé d’un béret.

Même si ce portrait de jeune homme fait l’objet d’une mise en scène baroque très différente de l’austérité de celle de notre portrait, nous retrouvons un certain nombre de points communs, dans la posture assise du personnage, le coude replié et le poing appuyé sur la taille, mais également dans l’utilisation de la tête de l’accoudoir du fauteuil qui émerge au milieu des draperies.

Ce portrait a une histoire très particulière puisqu’il fut volé à Frits Lugt avec son pendant, un portrait de femme, pendant la deuxième guerre mondiale et retourné seul à la Fondation Custodia en 1954. La présence d’un portrait de femme en pendant indique que ce portrait avait vraisemblablement été commandé à l’occasion de leur mariage ou de leurs fiançailles, ce qui constitue d’ailleurs un autre point commun avec notre portrait…

3. Les portraits de deux jeunes mariés

Notre portrait provient de la même collection que ce portrait de jeune femme daté également de 1646 (12ème photo de la galerie), ce qui nous amène à penser qu’il s’agit de deux jeunes mariés. Egalement signé par Casteleyn, celui-ci précise également l’âge de la jeune femme : 20 ans, ce qui lui donnerait exactement 20 ans d’écart avec son mari si l’on en croit les indications biographiques mentionnées au verso de notre vélin.

La jeune femme est représentée légèrement de trois-quarts mais cette fois-ci tournée vers la gauche, également assise, les mains croisées, un mouchoir dans les mains, les épaules légèrement tombantes. La modestie de sa posture contraste avec le caractère affirmé de celle de son mari et illustre vraisemblablement la différence d’âge, si ce n’est également de tempérament, entre ces deux personnages.

4. Encadrement

Nous avons choisi de présenter ce portrait dans un cadre du XVIIème siècle de style hollandais mais d’origine italienne, peut-être vénitienne.