Par Franck Baptiste Paris
Rare petit cartel en marqueterie d'écailles brunes et incrustations de filets de laiton.
La caisse de forme violonnée est emboitée par une glissière en queues d’arondes dans son cul de lampe d’origine.
L’ensemble présente une riche ornementation de bronzes dorés au mercure dont des chutes en rinceaux d’acanthes, des lingotières godronnées, une tête de roi couronnée, ainsi qu’un culot à graines.
La face avant ouvre par une porte vitrée et découvre un cadran en laiton gravé agrémenté de treize pièces d’émail, douze pour les heures et une formant un cartouche avec le nom de l’horloger : Thuret.
Deux aiguilles en acier bleui indiquent les heures et les minutes.
La platine arrière est signée « Thuret à Paris »
Mouvement d’origine, suspension modifiée.
Sonnerie à la demande par tirage.
Très bel état de conservation, fonds en chêne.
Paris fin de l’époque Louis XIV vers 1710-1715.
Dimensions :
Hauteur : 41 ...
... cm ; Largeur : 20 cm.
Un cartel similaire, signé lui aussi Thuret, mais avec une variante au niveau du bronze supérieur est illustrée dans P. Kjellberg, Encyclopédie de la pendule française du Moyen Age au XXe siècle, Les Editions de l’Amateur, Paris, 1997, p.56, fig. A.
Notre avis :
Notre luxueux petit cartel d’alcôve arbore encore une forme archaïque « en tête de poupée » qui correspond aux toutes premières réalisations horlogères réalisées à la fin du règne de Louis XIV.
La forme est largement inspirée des dessins de l’ornemaniste Daniel Marot (1761-1752) et se rapproche des productions d’André Charles Boulle.
Un cartel de forme similaire, attribuable à Boulle et signé « Thuret », mais flanqué de deux coqs en bronze, est extrêmement proche de notre cartel et il est fort probable que la version simplifiée que nous présentons soit elle aussi issue de l’atelier du grand maître.
Notre hypothèse est d’autant plus plausible que les deux artisans, Boulle et Thuret, avaient tous les deux le privilège royal d’être logés aux galeries du Louvre, ce qui en faisait des voisins.
De nombreuses créations d’André Charles Boulle comportent des mouvements signés « Thuret ».
*Jacques Thuret (1669-1738) est un horloger ordinaire du roi. Il reçut en survivance, le 22 août 1694, la permission de loger sous la Grande Galerie après le décès de son père Issac Thuret (1630-1706), lui-même horloger de la maison du roi Louis XIV depuis 1684, horloger de l’Observatoire de Paris et de l’Académie des sciences.
Ce dernier fut sélectionné par la cour pour fabriquer les horloges à pendule de Huygens. Il exécuta pour lui son ressort-spiral, mais présenta cette invention comme la sienne. Huygens se fâcha et Thuret dut s’excuser dans une lettre datée du 10 septembre 1675.
En décembre 1703, son fils Jacques épousa Louise Marguerite Bérain, fille et sœur des dessinateurs du roi Jean Bérain. Ils n’auront qu’une fille unique, Louise Bonne, mariée au président Handiqué.
Jean Racine, au moment de son décès, possédait une pendule des horlogers Thuret.
D’autres pendules importantes signées « Thuret » sont conservées dans des collections publiques :
- Pendule vers 1670 signé Thuret, Science Museum de Londres.
- Les deux cadrans astronomiques octogones en ébène et en cuivre doré (1680-1681) du département des cartes et plans de la Bibliothèque nationale de France dont il existe une autre paire au Danemark.
- Pendule sur gaine vers 1690 signé Jacques Thuret, mobilier de Boulle, dessin de Jean Berain, au Metropolitan museum of art, New York
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