Par Franck Baptiste Paris
Rare composition en biscuit émaillé de la Chine et bronze finement ciselé et doré au mercure.
Elle comprend un couple de lions bouddhiques dit « chiens de Fö » harnachés d’un palanquin en bronze doré sur lequel repose un petit vase hexagonal.
Le mâle dont la patte repose sur une boule et sa femelle accompagnée de son petit sont en biscuit émaillé turquoise et reposent sur des bases rectangulaires à glaçure aubergine décoré de têtes de « ruyi ».
Les bases sont enchâssées dans un monture finement ciselée d’un décor de guillochés.
Ils supportant sur leur dos un palanquin constitué de deux barres de portage reliées à une plateforme centrale couverte d’une étoffe ; les barres sont harnachées avec des cordes tressées terminées par des lambrequins qui entourent le cou des lions.
La plateforme supporte un petit vase hexagonal à glaçure aubergine imitant la vannerie.
Très bel état de conservation ; originellement sur un plateau ...
... aujourd’hui absent.
Les biscuits émaillés, Chine, province de Jingdhzen, règne de Kangxi vers 1700.
La monture en bronze, travail d’un marchand-mercier parisien, époque Louis XVI vers 1780-1790.
Dimensions :
Ensemble : Hauteur : 19,5 cm ; largeur : 30 cm ; profondeur : 7 cm
Lions : Hauteur : 19 cm
Vase : Hauteur : 6 cm ; largeur : 9,5 cm
Modèles proches connus :
-Fontaine à parfum de la reine Marie Antoinette saisie en 1793 et conservée aujourd’hui au Musée du Louvre sous le N° Inventaire OA7
-Palanquin aux chiens de Fö, Collection royale anglaise N°Inventaire RCIN 4925, invetorié à partir de 1829 au pavillon de Brighton puis à Buckingham palace à partir de 1847.
-Palanquin au Pot pourri, dessin illustré dans le catalogue de la vente du secrétaire du roi Louis-Jean Gaignat à Paris en 1768.
Notre avis :
La composition que nous présentons fait partie des plus belles réalisions conçues par les marchands merciers parisiens du temps de Louis XVI.
Symbolisant à merveille cet orient fantasmé, notre représentation de l’antique moyen de transport asiatique supporté par des lions bouddhiques connut un grand succès auprès de l’élite de la noblesse à la fin du 18 ème.
Le modèle est connu dés la fin du règne de Louis XV puisque on retrouve un dessin proche dans la vente après décès du secrétaire du Roi Louis-Jean Gaignat en 1768, mais c’est surtout la reine Marie-Antoinette qui raffole de ces biscuits turquoises de la Chine qui va remettre cette mode au goût du jour.
Il est fort probable que Dominique Daguerre qui fût le plus grand pourvoyeur d’objets de la reine soit l’auteur de cette fontaine, ou tout du moins le marchand qui la commercialisa.
L’exemplaire présent dans les collections provient aussi certainement des collections royales françaises , car nous savons qu’une très grande majorité des objets de la Chine qui apparaissent dans les inventaires britanniques au début du 19ème siècle furent achetés lors des grandes ventes révolutionnaires de 1793.
Comme pour le modèle conservé en Angleterre, notre exemplaire a perdu son plateau originel qui n’a pas été remplacé, il nous est très difficile aujourd’hui d’imaginer l’objet tel qu’il fût livré au 18 ème siècle, tant ces objets fragiles furent accidentés et remaniés au 19 ème siècle.
Il s’agissait peut être d’un pot-pourri très proche de ce qu’il est resté ou peut être d’une fontaine remaniée, toujours est ‘il qu’il représente la quintessence du goût oriental de la fin du 18 ème siècle et qu’il appartient à un groupe extrêmement restreint et prestigieux de palanquins.