Par Franck Baptiste Paris
Louis XIV et Mme de La Vallière éclairés par l’amour, Paris, début du 18e siècle.
Monumentale huile sur toile représentant le roi Louis XIV et la duchesse de La Vallière siégeant dans les cieux, sur un nuage.
Le roi, richement vêtu d’un manteau de velours pourpre doublé de satin or, est représenté en Jupiter, accoudé sur son bâton de commandement et accompagné d’un aigle enserrant une « foudre ».
La duchesse de la Vallière quant à elle est richement vêtue d’une robe en satin brodée d’argent, et d’une cape de velours bleu.
Elle est représentée en Junon, avec son sceptre et un paon en arrière-plan.
Au-dessus d’eux, une allégorie de l’Amour couronnée de fleurs éclaire le couple avec la torche enflammée de Cupidon.
Très bel état de conservation ; toiles (six toiles cousues ensemble) et châssis d’origine.
Cadre en bois doré d’époque Régence.
École française du premier tiers du 18 ème ...
... siècle.
Dimensions :
Cadre : hauteur : 150 cm ; largeur : 180 cm.
Toile : hauteur : 134 cm ; largeur : 164 cm.
Notre avis :
La monumentale toile que nous présentons représente le Roi Soleil et Françoise-Louise de La Baume Le Blanc, qui fut la maîtresse royale de 1661 à 1667. Notre œuvre date du tout début du 18ème siècle, car une telle œuvre ne peut s’entendre que dans un climat apaisé, c’est à dire après la mort de la reine Marie-Thérèse et la légitimation de la relation extra-conjugale du roi.
Notre hypothèse est renforcée par plusieurs éléments, notamment le fait que le roi est représenté âgé, selon l’iconographie du portrait de Rigaud réalisé en 1701, alors que Mme de La Vallière est représentée dans la fleur de sa jeunesse, à l’époque où elle est la maîtresse du roi.
La toile fut probablement réalisée après la mort de la duchesse en 1710. En effet, après 36 ans de vie religieuse, cette dernière s’éteint dans le cimetière de son couvent avec « toutes les marques d’une grande sainteté » comme l’écrit Saint-Simon. Il rajoutera même : « Heureux [le roi] s’il n’eût que de maîtresses semblables à Madame de La Vallière ». Cette réhabilitation va de concert avec l’ascension de la fille préférée du roi, Marie-Anne de Bourbon, qui est légitimée et mariée à un prince de sang, Louis-Armand Ier de Bourbon-Conti. Qui d’autre que la princesse de Conti aurait pu se permettre de présenter une toile monumentale illustrant l’infidélité du roi ? Il est fort à parier que la princesse de Conti, qui n’aura de cesse de réhabiliter sa mère, est la commanditaire de notre toile pour une des multiples propriétés qu’elle possède (château de La Vallière, de Montmirail, de Champs-sur-Marne, de Choisy, hôtel de Vendôme, hôtel de Lorge, etc…).
La vive polychromie et la texture lumineuse des textiles sont à rapprocher des productions de François de Troy (1645-1730) qui travailla beaucoup pour la famille de Bourbon-Conti.
Atypique de par son sujet et de par sa taille, la toile que nous présentons est particulièrement décorative, tout en étant une pièce de musée.
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