Par Franck Baptiste Paris
Le martyre de saint Sébastien, école de Bologne vers 1600-1620
Importante huile sur toile de forme rectangulaire représentant la sagittation de saint Sébastien.
Le jeune homme est presque nu, seulement vêtu d’un périzonium ; Il est attaché par ses deux poignées à un arbre mort, alors que ses pieds sont libres.
Sous l’impact des six flèches qui viennent de le frapper, ses pieds se sont dérobés et il est désormais uniquement maintenu par les mains.
Une larme perle sur son visage inquiet qui fixe le bourreau qui s’apprête à lui donner la mort. Son casque et sa tenue de centurion gisent devant lui.
Bel état de conservation, petites restaurations d’usage, rentoilage ancien, avec des toiles cousues entre elles, datant de la fin du 17ème ou du début du 18ème siècle.
Sans cadre, tableau probablement inclus dans l’architecture d’une chapelle à l’origine.
Huile sur toile, École de Bologne vers 1600-1620.
Dimensions :
Toile ...
... : Hauteur : 167,5 cm ; Largeur : 105,5 cm
Notre œuvre est sortie du territoire italien de manière officielle, avec un certificat d’exportation des beaux-arts, après une étude de plus d’un an.
Notre avis :
Notre toile de format au naturel représente la sagittation de Saint Sébastien.
Elle est l’œuvre d’un des disciples des frères Carracci et de Guido Reni, le corps trés sensuel du jeune martyre et cette touche de maniérisme encore influencée par les canons de la renaissance sont en effet caractéristiques des productions de l’école de Bologne qui était l’épicentre de la peinture classique en Europe au 17 ème siècle.
La gracieuse contorsion du corps, le mouvement trés enlevé des bras et la version minimaliste du périzonium sont inspirés du St Sébastien réalisé vers 1600 par Ludovic Carracci qui est conservé à la Fondation Santomasi et du St Sébastien de son frère Annibal qui fit parti des collections de la couronne française.
Notre artiste puise dans la première œuvre pour les traits du visage et l’expression légèrement en extase malgré ces circonstances dramatiques.
On retrouve aussi un visage très expressif et particulièrement proche sur le St Sébastien de Guido Reni réalisé vers 1615 et conservé au musée du Prado.
Mais c’est bien la composition d’Annibal qui influence le plus notre peintre, même arbre mort, même manière de faire le ciel, le fond …
Toutefois si la première inspiration de notre toile est clairement bolognaise, elle subit un deuxième apport « Caravagesque » tout aussi important.
En effet si l’architecture reste la même, le résultat est plus réaliste et nous montre en détails l’horreur de la scène sans nous épargner.
Pour ce faire, notre peintre retire la lumière du jour et nous plonge dans les ténèbres d’un clair-obscur, avec une ligne oblique entre ombre et lumière, partant du coin supérieur gauche jusqu’au casque en bas à droite, qui se retrouve inversé par rapport à la composition de Carracci.
Il fait aussi disparaitre les personnages d’arrière-plan pour nous offrir un tête-à-tête silencieux avec le sujet.
La posture avec les bras en l’air reste elle aussi proche, mais elle nous confronte plus à la douleur, avec ce corps quasiment suspendu et ses mains rouges asphyxiées par la corde qui entaille les chairs.
Le sang bien présent, contrairement aux œuvres maniéristes, est là pour nous rappeler la brutalité de la scène.
Mais c’est l’instant choisit qui interpelle le plus, celui ou le jeune martyre va recevoir la dernière flèche qui va lui ôter la vie, et ce regard qui n’est pas dirigé vers le ciel mais vers le spectateur, ce qui le place dans la peau du bourreau.
Pourtant les yeux du jeune supplicié ne traduisent ni la colère ni la peur mais plutôt la tristesse et l’incompréhension devant un tel déchaînement de violence.
Cette temporalité qui est celle de la biche effrayée qui comprend qu’elle n’a plus d’issue, cet inconfort du spectateur qui se transforme un instant en assassin et ce questionnement sur les pensées du martyre font de notre tableau une œuvre particulièrement bouleversante.
Elle incorpore en effet la lumière et la brutalité du Caravage, la douceur et la grâce des frères Carracci et l’expression des sentiments de Guido Reni.
Même si plusieurs noms furent évoqués par les spécialistes italiens, comme ceux de Lionnelo Spada (Bologne 1576-Parme 1622) ou de Bartoloméo Schedoni (Modèle 1578-Parme 1615) nous n’avons pas pu attribuer notre œuvre avec certitude malgré une étude assez longue.
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