Par Antiquités Philippe Glédel
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Mobilier XVIIIe parisien et régional, dont meubles de port.
Cette rare commode, galbée en élévation et légèrement bombée en plan, ouvrant par quatre tiroirs sur trois rangs, dite en tombeau ou à la Régence, s'inscrit cependant dans un groupe beaucoup plus restreint des commodes dites à pont et à moustaches, avec de plus une attache des chutes d'angle placée très bas et des galbes retenus rappelant les modèles en sarcophage, et enfin dans le cercle, encore plus confidentiel, des commodes fabriquées à l'unité.
Elle est coiffée d'un marbre Rouge Royal mouluré d'un bec-de-corbin et parée d'une ornementation de bronzes ciselés et dorés de grande qualité : tirants à figures d'espagnolettes, entrées de serrure aux sphinges adossées, mascaron au Bacchus souriant, espagnolettes aux indiennes, sabots étirés de feuilles d'acanthe et enfin cornes d'abondance godronnées. On y retrouve les lignes basses et, sous forme de cannelures de laiton, les divisions horizontales du style Louis XIV, en façade sous chaque rang de tiroir ...
... et en côté au niveau du rang supérieur. On note bien entendu le très inhabituel double ressaut en arc du tiroir inférieur, une forme inventive en trompe-l'oeil de deux tiroirs égaux en ressaut.
Ce qui fait cependant la plus grande rareté de cette commode, c'est l'essence dont elle est entièrement plaquée, en feuilles sur le bâti, en marqueterie de frisages sur les tiroirs et les côtés, un bois au nom charmant que l'on a très peu l'occasion de rencontrer, et plus rarement encore sur l'intégralité d'une commode : le bois d'amourette*.
Le bâti de la commode est pour sa part typique des plus beaux modèles de la Régence, en conifère de qualité pour l'essentiel mais en noyer** pour les tiroirs finement montés à encastrement***. A remarquer également le coquet badigeon rose pâle couvrant les fonçures du meuble, typique de la période Régence.
Cette commode se présente dans un rare état d'origine (aucun accident notable à signaler), avec tous ses bronzes d'époque délicatement ciselés et dorés, son marbre d'origine avec tranche arrière découpée au ciseau et chant débité à la scie à eau ainsi que ses anciennes (et semblables) serrures actionnées par une clé d'époque, un superbe état d'origine sublimé par une très délicate restauration et un vernis au tampon.
Travail parisien de la fin de l'époque Régence,
circa 1725 - 1730.
Jacques Denizot (1684 - 1760), est un ébéniste parisien encore mal connu, comme le sont beaucoup des premiers ébénistes parisiens nés à la fin du XVIIe et qui travaillaient avant l'usage de l'estampille, tels Lieutaud et Mallerot que nous avons eu l'occasion d'évoquer. Il produisit essentiellement des commodes Régence et du début du Louis XV. On s'accorde généralement à trouver une parenté entre son travail et celui d'Etienne Doirat ainsi que de Noël Gérard.
* Le bois d'amourette, ou bois de lettre, lettre moucheté ou encore bois serpent en Guyane ( mais qu'il ne faut pas confondre avec le bois serpent véritable du Brésil) et encore palo de oro, leopard wood... est un bois précieux guyanais de la famille des Moraceae qui doit son nom à son aspect tacheté ou tigré de noir sur ton de rouge-brun évoquant une peau de léopard ou de serpent. Ce bois très dense (il ne flotte pas) est particulièrement lourd et dur, avec un fort effet désaffûtant, ce qui n'empêche pas qu'il puisse être amené à un lustré splendide.
** Propos de l'Etude Berger et Associés tirés du descriptif d'un bureau plat Régence donné pour "Travail parisien dans l'entourage de Noël Gérard" circa 1720 :
"Le bâti en résineux (essence composant notre bureau) est caractéristique des fabrications des ébénistes parisiens de la période Régence, habitude de construction issue de la période Louis XIV. Quelques années après les bâtis seront en chêne.
L'utilisation de noyer pour la construction des tiroirs de notre bureau témoigne d'une part d'un travail bien parisien et d'autre part d'un travail soigné : meuble de commande. Sur des bureaux ordinaires, les tiroirs seront soit en chêne... Avec la pénurie du noyer consécutif au grand gèle de l'année 1709, le noyer sera remplacé par du chêne, dans les années suivantes."
*** Rappelons que le montage en feuillure ou encore à encastrement, typique des maîtres parisiens, est signe d'une fabrication soignée, et qu'il procure l'avantage de faire glisser le tiroir tout entier sur un plancher sur toute la surface de son fond, rendant inutile la pose de coulisseaux et épargnant ainsi à long terme tout risque d'usure des bords de traverses intermédiaires.
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