Par Franck Baptiste Paris
Rare cartel d’applique en bronze finement ciselé et doré au mercure, reposant sur sa console d’origine.
Modèle de forme violonée, à décor rocaille d’agrafes d’acanthes et d’une acanthe déployée ajourée.
Les cotés ajourés « d’ouïes » sont constitués d’un treillis finement gravé, sur un fond de soie rouge.
Au sommet, sur des nuées et des rayons solaires symbolisant le levé du jour, repose un jeune indien enturbanné qui arbore un arc, un carquois et une flèche.
Au centre, des acanthes en crêtes de coq encadrent un cadran émaillé blanc qui indique les heures en chiffres romains et les minutes en chiffres arabes par deux aiguilles en bronze finement ajourées.
Le cadran est signé « Gudin à Paris » tout comme la platine arrière du mouvement.
Mouvement d’origine à suspension à fil de soie ; parfait état de marche. (révisé par notre horloger).
Marque « St Germain »* sur le montant droit à l’arrière.
Rare console ...
... d’origine, ajourée d’acanthes répondant à celles du boitier et centrée d’une chimère rugissante.
Dorure au mercure d’origine. (petites usures).
Travail Parisien d’époque Louis XV vers 1760-1770 par Jean-Joseph de St Germain.
Dimensions :
Boite : Hauteur : 48 cm ; Largeur : 24 cm
Console : Hauteur : 24 cm ; Largeur : 29 cm
Hauteur totale : 70 cm
Notre avis :
Le cartel que nous présentons est un modèle a succès réalisé par Jean Joseph de St Germain sous le règne de Louis XV.
Comme l’indique un cartel daté de 1758 conservé au Getty Museum de Los Angeles (N° Inventaire 71.DB.115), notre oeuvre est inspirée d’une production de Charles Cressent à laquelle notre fondeur a collaboré, puisqu’il a apposé sa marque sur la console de ce cartel .
Après la retraite de Cressent, St Germain va reprendre le modèle à son compte dans les années 1760 et va aussi éditer une version plus petite.
Comme souvent dans sa carrière, et afin de rendre chaque pièce unique, le maître va décliner l’oeuvre avec plusieurs variantes pour le bronze sommital, notamment l’enfant chasseur , en version européenne ou exotique, avec un turban, comme sur notre version ou encore avec un coq.
Une poignée de modèles de ce type nous sont parvenus mais ceux ayant conservé leurs consoles d’origine sont rarissimes; seuls trois exemplaires sont connus.
La console dont le décor rocaille répond à celui de la boite, est un objet d’art à elle seule, tant la précision de se ciselure et l’exubérance de son décor sont aboutis.
La présence de cette console, de la dorure et du mouvement d’origine sont autant d’éléments qui satisferont les collectionneurs les plus exigeants.
*Jacques-Jérôme GUDIN, est un horloger parisien reçu mâitre le 12 mai 1762.
Il signa Gudin fils, puis Gudin.
Fils de Jacques et Henriette Lenoir, il se marie à Geneviève-Victoire Marteau.
Il est référencé à Paris, Quai des Orfèvres (1762), puis rue Saint-Honoré (1783) chez J.B.A. Furet.
On retrouve sa signature sur des caisses de Jean Joseph.de Saint Germain, des frères Osmond etde François Vion.
Parmi sa clientèle on retrouve le prince de Conti, la princesse de Monaco, ou encore le duc de Choiseul.
*Jean-Joseph de Saint Germain (1719-1791) reçu maitre fondeur en terre et en sable par chef d’oeuvre le 15 Juillet 1748.
Il est un des plus grands bronziers du règne de Louis XV.
En 1765 il devient juré de la guilde des fondeurs-ciseleurs , défendeur acharné des droits d’auteurs , il propose et fait voter l’obligation pour les bronziers de signer leurs ouvrages.
En effet comme il l’indique dans une étiquette publicitaire de son atelier de la rue St Nicolas : il vend « toutes sortes de boetes et garnitures en ormolu » et «fait les dessins et modelles en cire »
Il est le créateur de nombreux modèles à succès comme le cartel aux deux chinois, la pendule aux rhinocéros , à l’éléphant, au taureau …. et donc un des artistes les plus copié de son vivant.
Il intentera de nombreux procès , notamment à son ancien apprenti Jean Goyer qui devenu ébéniste spécialiste en boites de cartel , contrefait ses modèles de bronzes et les fond lui même !
En plus des nombreux bronziers plagiant son oeuvre, ce sont donc aussi des ébénistes qui soucieux de faire des économies, se permettent de fondre eux mêmes leurs propres bronzes, ce qui est en ce 18 ème siècle totalement interdit par les lois du royaume.
Malheureusement pour St Germain l’obligation de marquer les oeuvres sera très peu appliquée , si ce n’est par quelques grands fondeurs, auteurs eux aussi de modèles à succès et victime comme lui du non respect des droits d’auteurs.
La famille Caffieri ou Robert Osmond par exemple se sont attachés à marquer leurs oeuvres.
La majorité des autres membres préférant rester dans l’anonymat , soit pour être libre de fondre les modèles à succès des autres, soit pour des raisons de sous-traitance aux marchands merciers chargés de la revente dans leurs boutiques.
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