Par Galerie Léage
France, époque Louis XV
Bronze ciselé, ajouré et doré
Porcelaine de Meissen (restauration à la porcelaine)
Le mouvement de montre d’époque Louis XIV, signé « Asselin à Rouen » (gouverneur de « Gros Horloge » de Rouen)
Le mouvement est un mouvement de montre, d’époque Louis XIV et fonctionne sur 24 heures.
Ce bibelot porte-montre repose sur une base rocaille composée de fortes volutes feuillagées à enroulements, supportant une sorte de monticule où figurent des feuilles et baies et un petit promontoire sur lequel est assis sur un rocher un putto portant un vase peint de feuillages dans les tons de rouges. À droite, se trouve un tronc d’arbuste tronqué agrémenté de quelques feuilles. À gauche figure une fontaine en pierres simulées d’où semble s’écouler l’eau d’une source. Derrière le putto s’élèvent de part et d’autre une colonne architecturale sommée d’un motif cannelé et une longue volute déployée, sommées d’une sorte ...
... de double toit surmontant le cadran. L’ensemble est couronné d’un vase central couvert à draperies tenues par des patères, flanqué de deux autres vases couverts de forme oblongue. Le dos est fermé par un mur de pierres simulées. Le cadran indique les heures (chiffres romains) et les minutes (chiffres indo-arabes).
La porcelaine de Meissen
Véritable enjeu économique, la première porcelaine dure européenne, semblable à celle des chinois, fut fabriquée en Saxe à partir de 1709. En effet, dès 1694, lorsque le roi de Pologne Frédéric-Auguste II se vit octroyer le titre d’électeur de Saxe, il demanda à son conseiller financier Ehrenfried Walther von Tschimhaus de lui rédiger un rapport sur les richesses de la Saxe.
Bénéficiant de l’assistance du jeune alchimiste Frédéric Böttger, il aurait découvert dès 1709 à Aue (Saxe) des gisements de kaolin, indispensable à la création de la porcelaine dure.
Sur l’ordre de Frédéric-Auguste, une manufacture fut aussitôt fondée dans la forteresse même d’Albrechtesberg à Meissen et toutes précautions furent prises pour empêcher la divulgation des procédés afin de conserver jalousement cette matière première.
Dès 1710, les premiers spécimens de porcelaine blanche à base de kaolin et à couverte calcaire furent présentés au roi. De 1710 à 1719, Johann Friedrich Böttger mit au point la matière porcelaine ; de 1720 à 1731, Johann Gregorius Höroldt se consacra à la mise au point de la palette de petit feu, dont les couleurs sont appliquées après une première cuisson de la pâte et cuites lors d’un second passage. Engagé en 1731 à la manufacture comme maître modeleur, Johann Joachim Kändler (1706-1775) est à l’origine du développement de la statuaire à Meissen. Grâce aux avancées techniques de la manufacture, il élève la production d’objets sculptés à son plus haut degré de virtuosité, qui seront rapidement collectionnés dans toute l’Europe.
Monture de bronze doré
Monter somptueusement des objets afin de les présenter avec un éclat particulier est une pratique ancienne. Dès le Moyen-Âge, des coupes ou des vases en pierres rares et même, au XVème siècle, des porcelaines, sont sertis dans l’or ou l’argent.
Si l’or et l’argent continuèrent à être utilisés au XVIIème siècle, les montures de bronze doré connurent un essor sans précédent à la fin du règne de Louis XIV, répondant en cela à la nécessité d’économie ayant marqué cette période.
Par la suite durant tout le XVIIIème siècle et la plupart du temps grâce à l’intervention d’importants marchands-merciers, des pièces d’exception furent confiées aux mains expertes des plus grands artistes qui créèrent alors des montures d’un raffinement extrême. Disposant de moyens conséquents, plus importants que ceux de la plupart des artisans, ces marchands avaient en effet la capacité d’acquérir de précieux objets en matériaux rares comme des pierres dures, de la porcelaine, de l’ivoire, de la noix de coco, du bois pétrifié ou encore de la nacre.
Répondant au goût pour les petites statuettes en porcelaine de Meissen, c’est à certains de ces marchands les plus talentueux que l’on doit l’idée de faire monter les porcelaines en métaux précieux pour les enrichir et les associer à des mécanismes horlogers, comme c’est le cas pour ce porte-montre. Ce bibelot porte-montre est ainsi le reflet du talent conjugué dont surent faire preuve les bronziers, doreurs, ciseleur et horlogers pour créer des pièces exceptionnelles, ici probablement à la demande de l’un de ces marchands.
Une montre Louis XIV
Le mécanisme de ce petit bibelot est une montre d’époque Louis XIV. Il n’était en effet pas rare que les marchands-merciers, souvent à l’origine de ce type d’objet constitués de plusieurs matériaux différents, réutilisent des mécanismes plus anciens.
À l’origine probablement utilisé dans une montre de poche ou « à gousset », ce mécanisme de très petites dimensions était particulièrement adapté à des objets de petites tailles. L’arrière de ce bibelot permet de distinguer le coq servant à protéger le balancier, en laiton doré, composé de rinceaux, oiseaux et panier de fleurs.
Bibliographie
Pierre Kjellberg, Objets montés du Moyen-Âge à nos jours, Paris, Editions de l'Amateur, 2000, p. 34.
Lunsingh D. F. Scheurleer, Chinese und japanisches Porzellan in europäischen Fassungen, Braunschweig, Klinkhardt & Biermann, 1980.
Pierre Verlet, Les bronzes dorés français du XVIIIe siècle, Paris, Editions Picard, 1987.
Giacomo et Rozenn Wannenes, Les bronzes ornementaux et les objets montés, de Louis XIV à Napoléon III, Milan, Editions Vausor, 2004, p. 94-95.
Bon état général, restauration à la porcelaine.
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