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Vase en porcelaine céladon monté sur bronze, Paris vers 1750
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Réf : 86389
VENDU
Époque :
XVIIIe siècle
Provenance :
Chine
Materiaux :
Porcelaine de chine, Bronze doré
Dimensions :
H. 20.5 cm | Ø 12 cm
Objet de décoration Cassolettes, coupe et vase - Vase en porcelaine céladon monté sur bronze, Paris vers 1750 XVIIIe siècle - Vase en porcelaine céladon monté sur bronze, Paris vers 1750 Louis XV - Vase en porcelaine céladon monté sur bronze, Paris vers 1750 Antiquités - Vase en porcelaine céladon monté sur bronze, Paris vers 1750
Franck Baptiste Paris
Franck Baptiste Paris

Mobilier et objets d'art du 16e au 19e siècle


+33 (0)6 45 88 53 58
Vase en porcelaine céladon monté sur bronze, Paris vers 1750

Rare vase de forme « Gu »* en porcelaine à couverte verte de type « céladon pâle ».
Le vase de forme cornet avec une enflure sur le milieu est finement incisé sous la couverte translucide de motifs en enroulements et de plumes stylisées.
Le col du vase et son pied sont enchâssés dans une monture rocaille en bronze finement ciselé et doré au mercure, à décor de feuillages et fleurettes.
La monture du col est ornée de deux anneaux suspendus en forme de C accolés.

Chine début de l’époque Quianlong (1736-1795) pour le vase en porcelaine.

Paris époque Louis XV vers 1750-1760 pour la monture en bronze qui est attribuable à l’orfèvre Jean Claude Duplessis (1699-1774) sous les ordres du marchand mercier Lazare Duvaux,(1703-1758).

Bel état de conservation, petit cheveu sur le rebord du vase et deux petits sauts d’émail.

Dorure d’origine au mercure.

Dimensions :

Hauteur : 20,5 cm ; Diamètre : 12 cm


*Les Vases de type « GU » ...

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... sont inspirés des bronzes archaïques chinois de l’époque de la dynastie Shang (-1570 à -1045 Av JC).
Associés dans les tombes de cette époque aux verseuses « jue » et aux vases « jia », les « gu » devaient vraisemblablement permettre d’accomplir des libations de boissons fermentées.
De forme trapue à l’époque de Erligang (vers 1550-vers 1300 av. J.-C.), leur silhouette s’affine au cours de l’époque de Anyang (vers 1300-vers 1050 av. J.-C.)
Ils revêtent des décors trés élaborés constitués de masques de taoties éclatés, de spirales carrées et souvent de longs éléments triangulaires qui ornent le col et qui sont interprétés par la plupart des auteurs comme représentant des ailes de cigales.
Le musée Cernuschi à Paris conserve un vase archaïque « Gu » en bronze de cette époque (M.C. 7808) avec ce décor de spirales et d’ailes de cigales que l’on retrouve sur notre vase en porcelaine.
À l’époque des Zhou de l’Ouest (vers 1050-770 av. J.-C.), l’utilisation du vase « gu » tombera en désuétude, avant même l’importante mutation religieuse du milieu du IXe siècle.
Toutefois l’antiquité restera une des plus grandes sources d’inspiration pour les artisans chinois et cette forme réapparaîtra dès l’ère des Song (960-1279) mais cette fois ci avec des vases en porcelaine, dont les plus fameux de couleurs Céladon sont issus des prestigieux fours de Longquan.
Le succès de cette vaisselle rituelle aux formes archaïques ne sera pas démenti au fil des siècles avec des productions sous les dynasties Yuan, Ming et Quinq.

Notre avis :

Le secret de la porcelaine dure n’est toujours pas connue en Europe au milieu du 18ème siècle et les productions importées d’Orient sont trés recherchées par l’élite de la noblesse.
Parmi les pièces les plus recherchées figurent les « céladons » dont les nuances de la couverte imitent la teinte verte translucide de la mythique pierre de Jade.
Réalisées en Chine, sur commande et pour la cour, elles sont de la plus grande rareté, même dans leur pays d’origine.
Un marchand mercier parisien, Lazare Duvaux, va en faire sa spécialité et va importer ces porcelaines rares grâce à son important réseau en orient, durant son existence il va en détenir le quasi monopole .
Son précieux livre journal nous permet de savoir qu’il en livre une trentaine entre 1748 et 1758, au tarif minimum de 700 livres alors que les vases en porcelaine de Saxe peinent à atteindre la somme de 50 livres.
En Avril 1750, au Marquis de VOYER : Deux morceaux de porcelaine céladon ancienne, représentant une plante avec des feuillages, avec les terrasses dorées d'or moulu, 720 livres
En mai de la même année au Comte du Luc : Deux morceaux de porcelaine céladon à reliefs, avec leurs terrasses dorées, 720 1ivres
En janvier 1751 toujours au Marquis du Voyer : Un vase de porcelaine céladon, 960 livres
Les années suivantes il livre des Céladons au prince de Turenne, à la duchesse d’Orléans, au trésorier Mr de Boulogne, à la Dauphine, mais la plus grande cliente de Duvaux fût sans conteste la marquise de Pompadour, qui raffolait de ces porcelaines aux nuances délicates et a qui il livra une quinzaine de pièces en dix ans.
Le document nous apprend aussi que la réalisation des montures en bronze était confiée à l’orfèvre Jean Claude Duplessis.
Toujours en Aout 1750 il livre pour la somme exorbitante de 3000 livres deux vases au marquis du Voyer : Deux gros vases de porcelaine céladon, montés par Duplessis en bronze doré d'or moulu, 3,000 1
Le prix atteint est en partie du à la taille des vases mais aussi au coût de la monture qui nécessitait la conception d’un dessin puis d’un long travail d’adaptation sur mesure.
Duvaux mentionne pour la date du 6 Avril 1753 avoir livré à la marquise de Pompadour: « Les cercles à contours faits pour six différents morceaux de porcelaine céladon en cuivre doré d’or moulu & deux petits bonnets à feuillages ».
Il mentionne à plusieurs reprises ces « bonnets » qui sont les contours fait pour la partie haute du vase, ce qui est rare et beaucoup plus onéreux que les simples terrasses que l’on rencontre habituellement.
La monture de notre vase est à « terrasse et bonnet », elle est emblématique du plus pur style rocaille conçu par Duplessis dans les années 1750, outre le dessin trés naturaliste, la finesse de la ciselure nous démontre la dextérité de notre orfèvre.
Mais c’est par l’ajout des deux anneaux latéraux que le grand maitre fait le plus parler son génie créatif ; cette présence n’est pas le fuit du hasard, elle est un clin d’oeil au vases « Gu » en jade, dont les anneaux décreusés dans la masse de cette pierre fragile constituaient une véritable prouesse technique.
Cette connaissance et ce travail de documentation, même pour des civilisations lointaines et anciennes, caractérisent parfaitement l’érudition du siècle des lumières.
Conçu en Chine d’après des formes archaïques et monté sur bronze à Paris dans le plus pur style rocaille français, notre vase est aux carrefours de l’Europe et de l’Asie.
Il fait partie des rares céladons montés qui nous sont parvenus et représente à nos yeux la quintessence de l’objet d’art sous le règne de Louis XV.

Franck Baptiste Paris

Cassolettes, coupe et vase Louis XV

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