Par Richard Redding Antiques
Pendules et objets d'art d'exception XVIIe-XIXe siècle
Une importante paire de consoles Empire en acajou montées en bronze doré et patiné attribuées à Bernard Molitor avec des montures attribuées à Pierre-Philippe Thomire, chacune avec un plateau rectangulaire en marbre blanc au-dessus d'un tiroir en frise centré par une plaque rectangulaire en bronze doré à bandes d'anthemion représentant une paire de vierges classiques assises de part et d'autre d'une torchère et flanquées de part et d'autre de couronnes nouées par des rubans, au-dessus de supports carrés effilés surmontés de bustes de cariatides féminines classiques portant des couronnes et terminés par des pieds humains apparaissant sous une bande de draperie, les supports angulaires postérieurs rectangulaires de taille inhabituelle flanquant un miroir sur une plinthe rectangulaire à fronton brisé.
Hauteur 99 cm, largeur 137 cm, profondeur 44,5 cm. chacun
Paris, date vers 1805-10
Provenance : Acquis à Paris par le comte Nicolas-Antoine-Xavier de Castella ...
... de Berlens (1767-1830) pour sa maison du Château de Wallenried, près de Fribourg, en Suisse.
Littérature : Ghislain de Diesbach, "Un Nid de Souvenirs en Suisse", dans "Connaissance des Arts", février 1968, pp. 64 et 65, illustrant les consoles actuelles in situ dans le Grand Salon du Château de Wallenried.
Ulrich Leben, "Molitor, Ebéniste de l'Ancien Régime à la Restauration des Bourbons", 1992, p. 99, pl. 95, cat. n° 88, illustrant une console de Bernard Molitor de même forme générale et dont les supports rectangulaires sont coiffés de bustes féminins classiques, également surmontés de couronnes enrubannées mais terminés par des pieds en tête de bélier. Et p. 194, cat. n° 90, illustrant une console très similaire attribuée à Molitor. Et p. 116, pl. 115, illustrant une table de chevet de Molitor avec quatre supports verticaux qui, comme ici, sont dirigés par des bustes classiques et terminés par un anneau de draperie au-dessus de paires de pieds féminins.
La connaissance de l'histoire de certaines œuvres d'art ajoute non seulement de l'intérêt mais aussi de l'importance à celles-ci, comme c'est le cas pour ces belles consoles qui ont été acquises à Paris par le comte Nicolas-Antoine-Xavier de Castella de Berlens et qui se trouvent depuis près de deux siècles dans sa résidence suisse du Château de Wallenried. Le comte était issu de la noblesse et sa famille habitait le château historique depuis le milieu du XVIIe siècle. Après la mort de son oncle paternel Rodolphe de Castella de Berlens (1705-93), Nicolas-Antoine-Xavier, fils du comte Albert-Nicolas, frère de ce dernier, hérite du château et de toutes ses terres. Depuis plus d'un siècle, plusieurs membres de la famille se sont distingués au service militaire des Français et Nicolas-Antoine-Xavier ne fait pas exception. En janvier 1792, il devient aide-camp du prince Xavier de Saxe, combattant contre l'armée républicaine française, puis sert sous Napoléon dans une série de campagnes. Nommé colonel en 1806, il est promu au grade de général de brigade et est également décoré Officier de la Légion d'Honneur en novembre 1812 après avoir été grièvement blessé en octobre de la même année lors d'une défense héroïque contre la ville de Polotzka pendant la retraite française de Russie. Il passa donc une période de convalescence à son hôtel à Paris.
Paris, où le comte avait séjourné régulièrement de 1806 à 12, passant une grande partie de son temps libre à acquérir des œuvres d'art dans les ateliers les plus en vogue pour meubler le château de Wallenried. En cela, il était comme son oncle, qui avait également meublé le château avec les plus belles pièces. Outre les consoles actuelles, la collection acquise à Paris était dans le style Empire dominant et comprenait une paire de lits de repos en acajou montés sur bronze doré, également attribués à Bernard Molitor, une belle suite de sièges et canapés en acajou avec supports monopodes ainsi qu'une paire de candélabres de la Victoire ailée par Pierre-Philippe Thomire, des lustres élaborés, des tentures de soie et des papiers peints. En 1820, le comte fait construire le Grand Salon dans l'aile est du château, où ces consoles et ses autres pièces nouvellement acquises se trouvent sous une série de neuf grands tableaux allégoriques de Charles Meynier (1768-1832). Nicolas-Antoine-Xavier, qui fut fait commandeur de la Légion d'Honneur en 1814 et reçut la médaille de St Louis, était connu non seulement pour ses prouesses en tant que chef militaire et connaisseur des arts mais aussi pour les améliorations qu'il apporta aux terres agricoles de son domaine. Il mourut en France en tant qu'officier dans l'armée de réserve ; son domaine suisse fut ensuite hérité par son fils Rodolphe, dont la propre mort entraîna la fin de cette branche particulière de la famille. Le Château de Wallenried est alors la propriété de la famille Delley et le restera jusqu'à sa vente en 1995.
Bien que la paternité exacte de cette paire de consoles ne soit pas connue, leur style et leur qualité permettent de les attribuer à l'ébéniste Bernard Molitor (1755-1833) et les montures en bronze au célèbre fondeur-ciseleur Pierre-Philippe Thomire (1751-1843), l'un des meilleurs artisans de l'ébéniste. Comme ici, l'œuvre de ce dernier se distinguait par la simplicité de ses contours et l'accentuation de l'architecture, souvent mise en valeur par l'utilisation combinée de bronzes dorés et patinés, de marbres de qualité et de placages en acajou. On connaît dix-sept modèles différents de bustes ou de têtes utilisés comme supports de chapiteau sur les meubles de Molitor qui, comme ici, présentaient souvent des cheveux tressés et des couronnes ou des coiffes finement moulées.
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