Un projet de flambeau attribué à Giulio Romano, dit Jules Romain (circa 1499 - 1546)

... la suite celui de Romano, en référence à sa ville natale. Il entre comme apprenti dans l’atelier de Raphaël en 1514 ; devenu peintre à part entière, c’est lui qui réalise l’essentiel des fresques de la Chambre de Constantin dans les appartements de Léon X au Vatican. Devenant l’héritier de son atelier à la mort de Raphaël en 1520, il achève les tableaux laissés inachevés par son maître comme par exemple sa Transfiguration.
La réalisation d’une série de dessins érotiques inspirés d’Ovide entraîne la disgrâce de Giulio Romano auprès de ses commanditaires papaux : l’éphémère Adrien VI, puis Clément VII. N’étant plus le bienvenu dans sa ville natale, l’artiste s’installe à Mantoue où il séjournera jusqu’à sa mort. Arrivé en octobre 1524, il devient l’artiste officiel du marquis Frédéric II qui le nomme Préfet des Bâtiments, la plus haute responsabilité dans le domaine artistique et architectural du territoire. A l’instar de nombreux artistes de la Renaissance, les responsabilités de Giulio Romano incluent à la fois la décoration de la ville, le pavage des rues ou la conception de fortifications, mais également la réalisation d’objets précieux en argent destinés à orner les tables des Gonzague. Son œuvre principale est la réalisation entre 1526 et 1534 du Palais du Té, dont il conçoit à la fois l’architecture et la décoration intérieure.



2. Les inventions de Giulio Romano pour la table des Gonzague

Giulio Romano représente, dans la scène du banquet nuptial de la Salle de l’Amour de Psyché au Palais du Té (troisième photo de la galerie), une console richement ornée de pièces d’argenterie qui évoque le luxe ostentatoire des tables princières de la Renaissance italienne.
Le premier projet d’orfèvrerie connu de Giulio Romano est celui d’une salière reposant sur cinq satyres ityphalliques qu’il dessine à Rome pendant l’hiver 1525-1526 et qui sera réalisé pour Frédéric II en argent entièrement doré. Giulio Romano était particulièrement habile pour transformer des éléments naturalistes, animaux ou végétaux, en composant fonctionnels ou structurels de ses inventions. Souvent réalisés par des orfèvres romains, la plupart de ces objets ont malheureusement été victimes des caprices de la mode et fondus après la mort de leur commanditaire.
3. Description du dessin et œuvres comparables
Notre dessin, malheureusement fragmentaire, représente vraisemblablement la partie centrale d’un flambeau : alors que les deux traits concaves suggèrent une base évasée, la coupe remplie de feuilles et de fruits qui la couronne devait elle-même être surmontée d’une bobèche destinée à recueillir la cire. Autour du corps du flambeau (orné de motifs de feuilles) court une frise constituée probablement de quatre putti (dont trois sont visibles sur le dessin) représentés debout, leurs jambes entrelacées, alors qu’ils tournent autour de cet axe central en se tenant par la main.
De nombreux dessins donnés à Giulio Romano sont très proches de celui que nous présentons et justifient pleinement l’attribution de ce dessin à l’artiste.
Les putti constituent un élément de prédilection du répertoire décoratif de Giulio Romano, comme en témoignent ce projet de salière (Collection Devonshire – Chatsworth) dans lequel il sert de prise au couvercle.