Par Galerie Thierry Matranga
Tableaux anciens, dessins, sculptures, objets religieux
Huile sur toile. Florence XVIIe siècle. Lorenzo Lippi.
Cette œuvre empreinte de grâce met en scène saint François d’Assise, moine italien du XIIe siècle, dans un épisode de sa vita rarement représenté dans l’histoire de l’art et dont la légende nous est parvenue par le récit qu’en fit le père Salvatore Vitale dans son Historia serafica. Saint François prie les mains sur la poitrine, révélant ses stigmates. Caressant le rêve d’entrer en prêtrise mais ne s’en estimant pas digne, il cherche dans la prière une réponse à ce dilemme. C’est alors qu’un ange tenant un flacon d’eau lui apparaît dans une vision mystique : « Regarde François, lui dit-il, c’est ainsi que doit être pur celui qui désire donner aux hommes le corps et le sang du Christ ». Estimant qu’il n’atteindrait jamais ce degré de perfection, l’humble jeune homme renonça au sacerdoce. Ainsi, l’artiste représente le dialogue silencieux qui se joue dans la conscience même ...
... de saint François.
Notre tableau est une version inédite d’un sujet déjà peint par l’artiste et poète florentin Lorenzo Lippi à la fin des années 1650 et conservé aujourd’hui à la Galerie nationale d’art antique de Trieste. Nonobstant quelques variations dans les détails, notre composition égale cette autre version. Lippi exécute ici une peinture emplie d’une aura de dévotion propre à ravir la chrétienté tridentine. Pour ce faire, son style recourt à un réalisme dépouillé, qui s’incarne dans le traitement naturaliste de la bure de saint François dont l’on perçoit la trame, les manches effilochées et les coutures. Ici, le saint a les yeux mi-clos, la tête surmontée d’une auréole dont la position oblique lui confère un surcroît de réalisme et de perspective en comparaison de la version de Trieste. On y retrouve la corde à trois nœuds des franciscains symbolisant les vœux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance. Cette manière naturaliste s’apparente à celle adoptée par Giuseppe de Ribera dans sa Vision de saint François, qui faisait partie de la collection des Médicis dans les années 1630 et dont Lippi s’est probablement inspiré. Il se détache toutefois du maître espagnol par un traitement plus serein du visage, nous offrant une tonalité de chair plus douce. Face à saint François, se tient l’ange dont le visage a la perfection de celui de l’adolescent, et que l’on retrouve par ailleurs dans de nombreuses compositions de Lorenzo Lippi, au premier rang desquelles sa Sainte Catherine d’Alexandrie (collection privée). L’ampoule qu’il tient est plus finement ouvragée que dans la version triestine, laissant apparaître de légers rehauts lumineux qui indiquent l’unique source de lumière. Enfin, par ce jeu de regards qui ne se croisent pas, le peintre orchestre un échange spirituel profond entre les deux protagonistes, qui n’est pas sans rappeler le style de ses contemporains Francesco Furini ou Cesare Dandini. En virtuose accompli, Lorenzo Lippi exécute ici une œuvre de qualité muséale dont le naturalisme crée une impression d’extase religieuse propre à ravir les âmes.
Dans son cadre d'origine en bois mouluré et redoré.
Dimensions: 95 x 115 cm - 118 x 140 cm avec le cadre
Vendu avec certificat d’expertise et facture
Biographie : A la fois peintre et poète, Lorenzo Lippi (Florence, 3 mai 1606 – Id. 15 avril 1665) fait son apprentissage chez Matteo Rosselli avec lequel il décore de nombreuses églises de la région de Florence. Après s’être émancipé dès 1630, il ouvre son propre atelier en 1634. Ses premiers tableaux montrent une manière proche de celle de son maître et l’usage qu’il fait du sfumato, pour augmenter l’effet dramatique de ses œuvres, est réminiscent du travail de Francesco Furini. C’est dans les années 1640 qu’il développe un style plus personnel basé sur des figures aux lignes pures et simples inspirées notamment de la manière de Santi di Tito. Cette évolution stylistique peut être observée dans les fresques d’autels qu’il peint dans les années 1650-1660. La limpidité de ses compositions lui permet de distiller ses connaissances littéraires et philosophiques dans des peintures didactiques à l’intention des fidèles. Son ami Baldinucci loue d’ailleurs ses talents d’artiste dans la biographie qu’il lui consacre.
Bibliographie :
- D’AFFLITTO Chiara, Lorenzo Lippi, Florence, Edifir, 2002.
- Florence au Grand Siècle : entre peinture et littérature, Dir. Elena Fumagalli, Massimiliano Rossi, (cat. exp., Ajaccio, Palais Fesch, Juillet – Octobre 2011), Silvana Editoriale, 2011.
- MALE, Emile, L’art religieux du XVIIe siècle, [Armand Colin, 1931], 2e éd., Paris, Armand Colin, 1984.
- REAU, Louis, Iconographie de l’art chrétien, 3 vol. Paris, Presses Universitaires de France, 1959.
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