Par Galerie Thierry Matranga
Tableaux anciens, dessins, sculptures, objets religieux
Huile sur panneau de bois. Entourage de Rembrandt H. van Rijn (1606 – 1669).
Notre belle jeune femme, richement vêtue et à la coiffure exubérante, est apprêtée pour prendre la pose sous les pinceaux de l’artiste. Cette manière de capturer la lumière et de jouer avec les matières renvoie irrémédiablement vers l’univers du génie hollandais du Siècle d’or. De plus, le luxueux costume rappelle la manie de Rembrandt de parer ses personnages de costumes orientaux. Ainsi notre modèle revêt-elle une robe de satin brodée surmontée d’un manteau de velours bleu bordé de fourrure, et sa coiffure, probablement celle d’une princesse imaginaire venue d’un lointain orient, est d’une grande complexité : les cheveux sont remontés pour former un chignon noué avec une écharpe brodée de fils d’or, le sommet de la tête est ceint par un diadème serti de pierres rouges et piqué d’une aigrette. La coiffe n’est pas sans rappeler celle d’Esther dans « Esther ...
... et Haman devant Assuérus » de Rembrandt conservé au musée Pouchkine de Moscou.
Enfin, le parti pris de saisir la belle dame de profil et non de trois-quarts face ainsi que les conventions de l’époque le préconisaient, nous ramène à un certain penchant du maître hollandais du clair-obscur à puiser dans des représentations observées dans les fresques et bas-reliefs de l’Antiquité. Ainsi relève-t-on quelques portraits de femmes de profil peints par Rembrandt: son épouse Saskia van Uylenburgh en 1642 (Gemälde Galerie Altemeister Kassel), Flore en 1654 (MET New-York), ou encore Betsabée au bain en 1654 (Musée du Louvre Paris).
Ces influences évidentes relevées, nos recherches nous amènent à penser que l’auteur de ce délicieux portrait pourrait appartenir à la seconde génération d’élèves de Rembrandt (dans les années 1640) tels Samuel Dirksz van Hoogstraten (1627 - 1678), Carel Fabritius (1622 - 1654) ou encore Jan Victors (1619 - c 1676-1677).
Notre portrait est sublimé par son délicat cadre en bois sculpté et doré d’époque Louis XIV
Dimensions : 18,8 x 13,8 cm le panneau – 25 x 20,5 cm avec le cadre
Rembrandt est le parangon du peintre authentiquement moderne, et parmi ses célèbres admirateurs, nous retenons ce qu’en dit Charles Baudelaire : « Chacun des maîtres a son royaume, son apanage… Raphaël a la forme, Rubens et Véronèse la couleur, Rubens et Michel-Ange l’imagination du dessin. Une portion de l’empire restait, où Rembrandt seul avait fait des excursions… ».
Biographie :
Rembrandt Harmensz van Rijn (Leyde 5 juillet 1606 – Amsterdam 4 octobre 1669) est le fils d’un riche meunier et le benjamin d’une fratrie de dix enfants dont seulement sept nous sont connus. Après une scolarité dans la prestigieuse Ecole latine de Leyde, il fait son apprentissage auprès de Jacob Isaacsz van Swanenburgh entre 1622 et 1624. Puis il passe six mois à Amsterdam dans l’atelier de Pieter Lastman. Agé d’à peine 19 ans, il est de retour à Leyde et ouvre un atelier avec Jan Lievens où il peint des tableaux d’histoire dans lesquels l’influence de Lastman est manifeste, notamment dans sa Lapidation de saint Etienne (1625, Musée des beaux-Arts de Lyon) ou son Palamède devant Agamemnon (1626, Stedelijk Museum de Lakenhal). Parallèlement, il se livre à des études de physionomies qui donnent lieu à de nombreux autoportraits et il exécute des gravures au burin et à l’eau forte. En 1628, le secrétaire du stathouder Frédéric-Henri d’Orange-Nassau, Constantijn Huygens, est en visite à Leyde et s’intéresse à Rembrandt. Dès lors, les commandes affluent et même la couronne britannique lui achète deux œuvres. L’installation de Rembrandt à Amsterdam marque un tournant. En 1632, Frédéric-Henri lui achète plusieurs toiles et lui commande un cycle de la Passion. Le chirurgien Nicolaes Tulp lui commande un portrait collectif, ce sera la célèbre Leçon d'anatomie du docteur Tulp. Cette année-là, Rembrandt peint 30 tableaux ! Deux ans plus tard, il épouse Saskia, fille d’un riche Amstellodamois. Passé maître de la guilde de Saint-Luc, il a huit élèves dans son atelier dont Ferdinand Bol et Govert Flinck. Dans les années qui suivent, Rembrandt peint une série de portraits de Saskia dont le célébrissime Fils prodigue à l’auberge ou Rembrandt et Saskia dans la parabole du fils prodigue (Gemäldegalerie Alte Meister Dresde). En 1642, Il achève La Ronde de nuit et Saskia meurt le 14 juin. Il réalise une de ses plus fameuses gravures La Pièce aux cents florins dont le Petit Palais (Musée des Beaux-Arts de la ville de Paris) possède un rarissime tirage du premier état.
Bibliographie :
- BLANC, Jan, Rembrandt, Citadelles et Mazenod, 2023
- VAN LEEUWEN, Rudie, Rembrandt tout l’œuvre peint, Taschen, 2019
- SCHWARTZ, Gary, Rembrandt, Flammarion, 2006
- MANUTH, Volker et DE WINKEL, Marieke, Rembrandt les autoportraits, Taschen, 2019,
- BOCKEMÜHL, Michael, Rembrandt, Taschen, 1992
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