Par Stéphane Renard Fine Art
Vue : 21 x 15.5 cm ; châssis 21.5 x 16.5 cm ; encadré 29 x 23 cm
Le caractère autographe de ce portrait a été confirmé par MM. Pascal Zuber et Etienne Bréton, spécialistes de l’artiste.
Ce portrait saisissant de vérité est un parfait exemple de ces petits portraits qui ont fait la réputation de Boilly. Exécutés en deux heures de temps et vendus à un prix attractif, ils ont assuré à l’artiste l’essentiel de ses revenus et nous séduisent encore aujourd’hui par la finesse de l’analyse psychologique de ses nombreux modèles.
1. Louis-Léopold Boilly
Louis-Léopold Boilly est né en 1761 dans le village de La Bassée situé au Sud-Ouest de Lille (et aujourd’hui intégré à la Métropole de Lille), où son père était sculpteur sur bois. À partir de 1775, il vit à Douai chez un parent. On ne sait pas qui a donné à Boilly sa première formation. Une pratique très précoce du portrait, en partie autodidacte, semble l'avoir lancé dans sa ...
... profession. En 1779, il s’installe à Arras où il commence à exercer son art puis en 1785 à Paris.
À partir de 1791, Boilly expose régulièrement des portraits et des scènes de genre aux Salons de Paris. Lorsque le mécénat privé diminue après le déclenchement de la Révolution, il cherche à atteindre un public populaire plus large en peignant des scènes de boudoir, d'un caractère légèrement licencieux, qui seront reproduites en quantité par les graveurs.
Tiède partisan de la Révolution, il est dénoncé en 1794 à la Société Républicaine des Arts par un confrère, le zélateur jacobin Jean-Baptiste Wicar (1762-1834), pour avoir peint "des ouvrages obscènes et révoltants pour la morale républicaine". La dénonciation est transmise au Comité de salut public de Robespierre. Au plus fort de la Terreur, cette accusation met sa vie en danger. Boilly réussit à se disculper en peignant le Triomphe de Marat (Musée des Beaux-Arts, Lille), mais sa femme ne survit pas à l'inquiétude provoquée par ces alarmes. Remarié en 1795, Boilly profite de la pacification résultant de la chute de Robespierre. La résurgence du luxe et de l'élégance dans les années qui suivent lui apporte de nouveaux mécènes et lui fournit des sujets d'observation sociale qui correspondent à son tempérament : amusé, sans complaisance, vivement imagé et souvent pimenté d'une légère paillardise et d'une touche de caricature.
L'œuvre de Boilly évolue très progressivement d'un style Louis-XVI classique à une version française du Biedermeier, toujours contemporaine dans ses sujets et populaire dans son ton, mais tendant à des maniérismes et des répétitions qui atténuent son réalisme.
Boilly a exposé pour la dernière fois au Salon en 1824. Parmi les œuvres de sa vieillesse figure une série de lithographies représentant des expressions faciales comiques, ses fameuses Grimaces. Il meurt en 1845, à l'âge de quatre-vingt-quatre ans.
2. Les petits portraits, œuvres les plus caractéristiques de l’artiste
Le portrait, qui l'a lancé au début de sa carrière picturale, est resté jusqu'à la fin la source de revenus la plus fiable de Boilly. Sa facilité à exécuter de petits portraits rapidement (en deux heures environs) et à peu de frais lui a permis d'être productif à une échelle presque industrielle, rivalisant avec la production des photographes des générations suivantes. En 1828, bien avant la fin de sa carrière, il pouvait se vanter d'avoir peint plus de cinq mille portraits. Ces portraits « faits avec une grande prestesse dans l’exécution et une promptitude rare à saisir la ressemblance » valaient au peintre une « réputation universelle » selon le rédacteur du catalogue de la vente de sa collection en 1829 . Réalisés en buste et généralement de formats restreints et homogènes (au maximum 22 x 16.5 cm), ils eurent un immense succès.
Qu’importe si bien des portraits de Boilly sont aujourd’hui anonymes ou représentent d’illustres inconnus, souvent issus de la bourgeoisie qui commençait à s’émanciper dans le prolongement de la Révolution, puisque ce sont leurs principales caractéristiques - qualité d’exécution et vérité psychologique – qui les rendent toujours attrayants de nos jours. A la différence des scènes de genre, Boilly délaisse toute mise en scène et use d’un fond sombre uniforme, n’accordant qu’une faible importance aux tenues vestimentaires : sauf pour les militaires, ses modèles masculins (qui constituent la vaste majorité des modèles du peintre) sont généralement représentés, comme dans notre tableau, vêtus d’un costume sombre et d’une cravate blanche dont l’éclat fait ressortir la subtilité des carnations. On reste surtout frappé en voyant les quelques collections importantes dans lesquels ses petits portraits sont bien représentés (comme la trentaine exposée au premier étage du musée Marmottan à Paris - dernière photo de la galerie) par la profondeur psychologique qui s’exprime dans chacun d’eux.
Le portrait que nous présentons est celui d’un homme âgé vraisemblablement d’une cinquantaine d’années. Il est revêtu d’une redingote verte qui tranche sur le fond gris-brun qui met en valeur sa chevelure d’un gris très léger tirant vers le blanc. Son visage, mis en valeur par l’éclat de la cravate blanche savamment nouée, ne comporte aucune ride (reflétant la relative jeunesse du personnage ou la complaisance du peintre ?) mais l’éclat de son regard, le réalisme des poches sous les yeux, la subtilité du sourire à peine esquissé confèrent au modèle une présence extraordinaire. L’analyse psychologique qui transparait à travers ce portrait est celle d’un homme assez spirituel, plutôt introverti mais d’une détermination sans faille.
L’identité du modèle était indiquée au dos sur le châssis mais nous n’avons malheureusement pas pu déchiffrer son nom de famille, l’encre ayant fortement bavé sur le châssis. Nous ne connaissons avec certitude que son prénom – Jacques – et la date de son décès : le 11 août 1816. Notre portrait est évidemment antérieur, sans qu’il nous soit possible d’être plus précis sur une datation du fait du côté assez intemporel de sa redingote et de sa coiffure, qui par certains côtés rappelle les perruques de l’Ancien Régime.
3. Encadrement de l’œuvre
Comme il est d’usage pour les petits portraits de Boilly, notre portrait est encadré dans un cadre Empire aux motifs de palme stuqué et doré qui doit être son cadre d’origine.
Principale référence bibliographique :
Boilly (1761 – 1845) – Catalogue de l’exposition du Musée des Beaux-Arts de Lille sous la direction d’Annie Scottez- de Wambrechies et de Florence Raymond – Editions Nicolas Chaudun 2011
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