Par Franck Baptiste Paris
Très beau portrait de la marquise de Pleumartin, née Anne le Laÿ de Villemaré (1695-1761).Cette dernière est représentée de face dans une pose très simple et sans fioriture.Elle arbore une coiffure au naturel et regarde langoureusement le spectateur.Son visage présente des joues légèrement fardées dont les teintes délicatement rosées rehaussent ses belles carnations nacrées.Sa cape en satin bleu dont les plis délivrent des reflets turquoises est positionnée sur son épaule et lui barre le torse.Elle est agrafée à sa chemise en mousseline par un nœud de ruban et par une épingle agrémentée d’une pierre d’apparat.La préciosité du satin de la cape contraste avec la simplicité de la chemise, dont la transparence et l’échancrure laisse entrevoir la partie haute de la poitrine et des épaules, ce qui dégage beaucoup de sensualité.
Somptueux cadre d’origine en bois de chêne sculpté, ajouré et doré à la feuille.
Très bel état de conservation, ...
... infirmes restaurations d’usage, signature rehaussée et petites retouches de dorure sur le cadre.
Huile sur toile signée « Nattier » et « datée 1742 » au milieu à droite pour Jean Marc Nattier.
Dimensions :
Toile : Hauteur : 82 cm ; Largeur : 65 cm
Cadre : Hauteur : 104 cm ; Largeur : 89 cm
Provenance :
-Collection Moise Nissim Constantini (1806-1886)-Sa vente après décès par Me Trouillet en son hôtel particulier du 66 rue des Mathurins à Paris, le samedi 14 Aout 1886. (12 000 francs)
-Collection Gabriel de Gombault de Razac (1824-1888) et par descendance.
-Galerie Louis Paraf à Paris en 1928.
-Collection privée Italie.
Oeuvre proche :
-Portrait de la marquise de Pleumartin, signé Nattier et daté 1738, vente Christies New York, 14 Avril 2016 , lot 148 (845 000 dollars)
Bibliographie :
Philippe Renard « Nattier un artisan parisien à la cour » aux éditons Monelle Hayot.
Notre avis:
Le sublime portrait que nous présentons est une deuxième version du portrait la marquise de Pleumartin réalisé en 1738 par Jean Marc Nattier et qui est passée en vente publique le 14 Avril 2016 chez Christie’s New York (Lot 148 : 845 000 dollars).Notre toile datée de 1742, fût donc réalisée quatre ans après ; la marquise qui devait être très satisfaite des services de Nattier, prend la même pose et porte les même habits avec cette cape de satin bleu maintenue à une chemise par un noeud de ruban et une broche ornée d’une pierre précieuse.Comme l’indique Philippe Renard dans son ouvrage « Nattier, un artisan parisien à la cour », le début des années 1740 constitue l’apogée de la carrière du portraitiste.Le peintre connaît alors un succès considérable, surtout auprès de la clientèle féminine qu’il arrive à embellir sans toutefois s’éloigner de la réalité.Contrairement à ses confrères, il va utiliser une palette douce avec des verts et des bleus tendres qu’il distribue sur un fond gris bleuté ; il utilise aussi des touches rosées assez estompés pour les carnations, ce qui donne un rendu très doux à son oeuvre, proche de l’effet du pastel.Cette technique qui s’associe à merveille avec ses représentations allégoriques des aurores, des levers de soleil ou encore des éléments de la nature comme les sources ou les fleuves, lui permet d’obtenir la commande royale des représentations des filles de Louis XV , qu’il portraiture en 1742.A l’instar de ces œuvres, notre portrait représente la plus belle manière de Jean Marc Nattier.Preuve de la préciosité de notre tableau, le peintre a choisi un sublime cadre en bois de chêne finement ajouré , sculpté et doré ; ce modèle est celui qu’il réserve à ses plus belles compositions.On le retrouve par exemple sur le portrait de la comtesse d’Andlau autrefois conservé dans la collection Al Thani à l’hôtel Lambert.Enfin la prestigieuse provenance vient parfaire le pedigree exceptionnel de cette oeuvre rare sur le marché, avec un passage par la collection de Moïse Nissim Constantini où elle côtoyait la célèbre sculpture « l’enfant à la cage « de Jean Baptiste Pigalle qui est désormais conservé au Musée du Louvre, puis par la galerie Louis Paraf dont les oeuvres garnissent aujourd’hui les cimaises des plus prestigieux musées.
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