Par Galerie Léage
DEMANDE D'INFORMATIONS
France, époque Régence
Bronze ciselé et doré
Exemples comparables :
- Paire d’appliques aux enfants ailés, époque Régence, vers 1730, ancienne collection Jacques Guerlain, collection particulière
- Applique murale à deux bras de lumière à figure de Cupidon, Paris, vers 1725, Munich, Résidence, chambre de l’Électrice
- Paire d’appliques à deux bras de lumière, bronze doré, vers 1735, Los Angeles, J. Paul Getty Museum (inv. 78.DF.89)
- Paire d’appliques à deux bras de lumière, New York, Metropolitan Museum
- Attribuée à André-Charles Boulle, Paire d’appliques, vers 1715, Los Angeles, J.-P.
Getty Museum (inv. 97.DF.16.1-2)
- Pierre Mariette, Nouveaux Dessins de Meubles et Ouvrages de Bronze et de
Marqueterie Inventés et Gravés par André-Charles Boulle, entre 1707 et 1730, Los
Angeles, Getty Research institute (inv. NK.2550. B76 N93 1800Z)
- Gilles-Marie Oppenord (1672-1742), Recueil des œuvres de Gilles-Marie Oppenord,
Premier architecte ...
... de Monseigneur le duc d’Orléans, Régent du Royaume, planche CVII, imprimé par Gabriel Huquier (1695-1772), après 1742, Cooper-Hewitt, National Design Museum, Smithsonian, New York, Gift of the Council, inv. 1921-6-216-74)
Chaque applique de cette paire présente en son centre un putto ailé tenant dans ses bras un bouquet de feuillages, d’où s’échappent deux bras de lumière : l’un des bras légèrement torsadé, entouré de feuilles d’acanthe, se termine par une bobèche à motifs de feuilles stylisées et un binet orné de feuilles d’eau. L’autre bras, plus horizontal, également entouré de feuilles, se termine par une bobèche cannelée et un binet à feuilles d’eau. Chaque putto est assis sur le bas du bouquet dans une position légèrement différente, le pied sur une volute de feuilles et de fleurs.
Des appliques Régence
Cette paire d’appliques à deux branches est caractéristique des modèles développés sous la Régence, période qui s’étend du décès de Louis XIV en 1715 à la majorité de Louis XV en 1723 durant laquelle Philippe d’Orléans exerça le pouvoir. Dans le langage artistique, elle ne peut cependant se résumer aux quelques années de présence au pouvoir de Philippe d’Orléans. S’étendant du tout début du siècle à 1730 environ, elle correspond à un moment d’intense créativité.
Marquée par l’épanouissement d’un esprit de jeunesse et de légèreté, une révolution artistique initiée à la toute fin du XVIIe siècle se poursuit alors. Dès 1699, Louis XIV écrit, en marge d’un projet de Mansart pour les appartements de la duchesse de Bourgogne au château de La Ménagerie, qu’il « y a quelque chose à changer, que les sujets sont trop sérieux et qu’il faut qu’il y ait de la jeunesse mêlée dans tout ce que l’on fera ». La légèreté et la gaieté des grotesques de Jean Bérain (1640-1711) d’abord, créées après 1680, et de Claude III Audran (1658-1734) ensuite, ouvrent la voie à une ornementation riante et à des formes chantournées dans le décor dont les bronzes dorés sont un témoignage majeur.
La cheminée est à cette époque le principal pôle d’intérêt d’une pièce, regroupant autour d’elle les accessoires en bronze doré parmi les plus remarquables comme les chenets, les flambeaux ou les girandoles, disposés sur le manteau, ou encore les bras de lumière fixés directement sur l’encadrement du trumeau de glace.
Ces nombreux objets d’art suscitèrent toute l’attention des créateurs de l’époque, qui imaginèrent une grande variété de formes. Les bras de lumière firent ainsi l’objet d’un foisonnement de dessins dont ceux d’André-Charles Boulle (1642-1732) marquent un jalon important. Connus par leur gravure de Jean Mariette (1660-1742), après 1707 et avant 1730, ils contribuèrent à faire émerger une esthétique plus légère où les ornements asymétriques se firent de plus en plus présents.
Ils correspondent également à la naissance d’un nouveau mode d’éclairage, la plaque étant alors détrônée par le bras, sur lequel les branches jouent un rôle décoratif aussi important que l’élément fixé au mur. Accrochés de part et d’autre des miroirs, leurs lumières démultipliées illuminaient la pièce d’un éclat supplémentaire.
Datable des années 1720, ces appliques sont représentatives de l’évolution de leurs formes durant le début de la période de la Régence. Elles reprennent le principe développé au début du siècle associant à un fût assez discret des bras prenant de plus en plus d’importance. Le fût est ici encore marqué par l’esthétique du début du siècle, circonscrit dans une forme droite, le désir d’asymétrie transparaissant cependant dans la volute constituant la trame principale aux prémices de l’art rocaille. Ce sont donc essentiellement les branches qui révèlent l’évolution en germe sous la Régence vers des lignes plus exubérantes, chacune étant traitée différemment, comme les tiges d’une plante imaginaire.
Le répertoire floral est ici associé à des deux putti ailés, thème tout à fait dans l’esprit du temps qui associe nature et légèreté en évoquant l’enfance.
L’auteur de ces appliques n’a pas été identifié mais il présente une certaine affinité avec l’œuvre de Gilles-Marie Oppenord (1672-1742). Ainsi il peut être rapproché d’un dessin conçu vers 1716-1721, au moment où ce dernier travaillait pour Philippe, duc d’Orléans (1674-1723, Régent de France à partir de 1715) où l’on retrouve le principe d’une figure tenant en main des végétaux qui se prolongent en formant les bras de l’applique.
Bibliographie
Calin Demetrescu, Le style Régence, Paris, Éditions de l’Amateur, 2003.
Sous la direction de João Castel-Branco Pereira, Designing the Décor – French drawings from the 18th century, Lisbon, Calouste Gulbenkian Foundation, 2005.
Hans Ottomeyer, Peter Pröschel, Vergoldete bronzen, Die Bronzearbeiten des Spätbarock und Klassizismus, München, Klinkhardt & Biermann, 1986, vol. 1, pp. 64, 66-67.
Gilles-Marie Oppenord (1672-1742), Recueil des œuvres de Gilles-Marie Oppenord, Premier architecte de Monseigneur le duc d’Orléans, Régent du Royaume, planche CVII, imprimé par Gabriel Huquier (1695-1772), après 1742, Cooper-Hewitt, National Design Museum, Smithsonian, New York, Gift of the Council, inv. 1921-6-216-74
Pierre Verlet, Les bronzes dorés français du XVIIIe siècle, Paris, Picard, 1987.