Par Stéphane Renard Fine Art
310 x 240 mm – Cadre italien en bois noir ondé du XVIIe siècle en option - dimension encadrée 49 x 41 cm
Signé en bas à gauche (au-dessus du filet) « E. Isabey »
Provenance : Collection particulière parisienne
Ce dessin aux noirs profonds révèle toute la virtuosité technique d’Eugène Isabey et témoigne de son goût pour les paysages de la côte normande. Il s’agit vraisemblablement ici d’un dessin préparatoire : le motif sera repris par la suite dans la série de lithographies « les Six Marines » publiées en 1833.
1. Eugène Isabey, le grand chantre de la côte normande
La réputation d'Eugène Isabey (1803-1886) n'a guère connu d'éclipse : l'abondance de son œuvre a assuré sa postérité sans nécessiter un procès en réhabilitation. Fils de Jean-Baptiste Isabey (1767-1855), le plus célèbre des miniaturistes de l'Empire, Eugène sut imposer avec fougue son prénom : à la précision et à la suave délicatesse de l'un, l'autre répondit ...
... par la richesse de sa palette et la générosité de sa touche. En dramaturge romantique, Eugène Isabey orchestra d'emblée d'immenses scènes de naufrage. Parallèlement, il emprunta le goût des costumes anciens à la littérature de son temps et remporta un vif succès auprès des collectionneurs grâce à ses évocations historiques.
Mais ce sont ses paysages normands qui constituent encore aujourd’hui la partie la plus connue et la plus recherchée de son œuvre. Il s’installa en 1820 pendant six mois chez un capitaine des garde-côtes à Etretat pour peindre. Il y revint les années suivantes avec Richard Parkes Bonington (1802 – 1828) et Camille Roqueplan (1803 – 1855), et séjourna en 1824 à Honfleur, avant de s’installer en 1826 à Saint-Siméon.
C’est lors d’un voyage à La Haye en 1845 qu’Eugène Isabey rencontra Johan Barthold Jongkind (1819 – 1891), qu’il incita à venir à Paris dans son atelier de la Place Pigalle, où fut également formé Eugène Boudin (1824 - 1898), arrivé en 1851. Isabey retourna régulièrement avec ses élèves sur la côte normande, et c’est chez lui à Honfleur que Jongkind rencontra Claude Monet (1840 – 1926) en 1862. En 1864, Napoléon III fit acheter à l'artiste une soixantaine d'aquarelles, rehaussées de gouache, représentant les rivages et les vieilles villes de cette région dont l'artiste s'était fait le chantre depuis les années 1820. Conservées au Cabinet des dessins du Musée du Louvre, elles y ont fait l’objet d’une exposition dédiée en 2012.
2. Présentation de l’œuvre
Un hameau de pêcheur, au pied d’une grande falaise, dans la lumière crue d’une journée d’hiver... Le tiers inférieur du dessin est consacré à une représentation minutieuse de la grève à marée basse, celle-ci révélant trous d’eau et pieux d’amarrage enfoncés dans le sable alors que les filets ont été étendus au soleil sur la plage pour sécher.
Le véritable sujet, le radoub d’une barque (c’est-à-dire son passage en cale sèche pour l’entretien ou la réparation de sa coque), est ainsi relégué au deuxième plan, où l’on voit un groupe de quatre pêcheurs autour d’un feu dont la fumée cache la plus grande partie de la barque qui est en train d’être réparée.
Cette fumée se mêle à celle des deux cheminées des maisons situées sur le rivage et au brouillard qui s’avance. Au-delà des maisons rendues avec précision, comme sous le projecteur d’un bref coup de soleil, le paysage se dissout dans la brume, créant une atmosphère d’étrangeté fantastique.
Le peintre joue avec les volumes des barques et des maisons, dont les toits sont en partie effacés par la fumée, pour composer un paysage quasi abstrait, animé par des minuscules silhouettes humaines décrites avec précision – admirez cette femme diaphane qui se détache à contre-jour dans l’étroite sente entre les deux maisons !
Le travail de l’encre noire est virtuose : pour rendre la brillance de la grève, l’artiste n’hésite pas à attaquer au scalpel les aplats d’encre pour créer une transparence en révélant l’éclat de la feuille de papier.
3. Œuvre en rapport
Il est difficile de localiser avec certitude le hameau de pêcheurs évoqué dans ce dessin, et d’être formel sur le caractère bien réel de ce lieu, qui aurait pu être recomposé à partir de souvenirs de ports bordés de falaises, comme Etretat ou Fécamp.
Ce dessin est typique de l’œuvre d’Eugène Isabey, qui est connu pour avoir représenté des scènes de marines « sans mer ». A la vague bondissante de la mer contre les falaises, il préfère peindre la misère des marins à marée basse, dans un style fluide dans lequel se détachent comme ici des détails précis.
Ce qui est certain en revanche, c’est qu’Isabey a utilisé cette scène pour la série des « Six Marines » publiées en 1833, en l’agrandissant (l’estampe mesure 55.6 x 35.4 cm). La lithographie est proche de notre dessin dans ses moindres détails, à l’exception peut-être de la petite silhouette que nous évoquions entre les deux maisons. Le travail lithographique en accentuant les ombres rend plus lisible la fumée du feu allumé au pied de la barque et la détache sur un ciel chargé de nuages, bien différent de l’arrière-plan ouaté et sobrement velouté que nous trouvons dans notre dessin.
Notre dessin est dans le même sens que la lithographie, ce qui est inhabituel et suggère le recours à des procédés de reproduction mécanique pour en inverser et agrandir l’image sur la pierre lithographique.
4. Proposition d’encadrement
Ce dessin peut être acquis avec ou sans encadrement et le prix indiqué est le prix du dessin non encadré. Pour l’encadrer, nous proposons un cadre italien du XVIIème siècle en bois noirci dont les côtés irrégulièrement ondés évoquent l’environnement marin pour un coût supplémentaire de 950 €.
Principale référence bibliographique :
Christophe Leribault – Eugène Isabey – Le Passage 2012 (livre publié à l’occasion de l’exposition du Musée du Louvre)
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