Par Aesthetica
DEMANDE D'INFORMATIONS
Peintures, dessins et oeuvres d'art du XVIe au XXe siècle
Jules DUPRÉ (1885-1941)
Les falaises du Crotoy
Huile sur toile
37 x 45cm
Circa 1865
Notre tableau, Les falaises du Crotoy, peint vers 1865 s’intègre dans le corpus des tableaux réalisés par Dupré dans les alentours de sa résidence de Cayeux-sur-mer. L’artiste qui apprécie les vues de la côte et de la mer y peint une série de marines inspirée par Gustave Courbet et y séjournera en 1868 accompagné par Jean François Millet. Il peint plusieurs œuvres au Crotoy, Une rue du Crotoy vers 1865-1870, au musée des beaux-arts de Reims ainsi qu’une autre vue de la cote avec des moulins mais d’un point de vue différent, titrée Le Crotoy et conservée par la Mesdag Collection.
L’intérêt de Jules Dupré pour la peinture, vient sans doute du fait que dès son plus jeune âge, on l’initie à cet art. Son père, François Dupré, propriétaire de plusieurs manufactures de faïence, à Creil et à Limoges, apprend très tôt à son fils les nombreuses ...
... techniques de fabrication et de décorations de la porcelaine. Pourtant, attiré par la nature, Jules Dupré délaisse bien vite les assiettes et préfère représenter les campagnes de Fontainebleau et de l’Isle-Adam. Il peint ainsi en 1830, tout juste âgé de 20 ans, “le plateau de Belle-croix», une vue de la forêt de Fontainebleau, qui manifeste dès lors son talent dans le domaine.
Grand admirateur de la peinture hollandaise et anglaise, c’est assez logiquement que Dupré se rend plusieurs fois en Angleterre, afin d’étudier John Constable (1776-1837). La passion de cet artiste pour les ciels tourmentés et l’importance du blanc et du gris dans ses œuvres, inspirent profondément celles de Dupré et se retrouvent fortement dans la nôtre.
C’est en 1835, à son retour d’un de ces voyages, qu’il attire l’attention, avec un paysage de la “vue de Southampton”. Si l’influence de l’art hollandais se fait ressentir, c’est avant tout son talent inné pour le paysage qui est reconnu.
Entre plusieurs voyages, Dupré fréquente l’école de Barbizon où l’envie commune de représenter le paysage sous un aspect réaliste et philosophique, le rapproche des autres barbizonnais, dont Théodore Rousseau (1812-1867). L’invention du tube de gouache en 1841 et le développement des chemins de fer, leur permettent de mettre en application cette nouvelle manière d’appréhender la nature. Ils peuvent dorénavant se rendre facilement dans les forêts de Fontainebleau, poser leur chevalet là où ils le souhaitent et peindre en plein air. De cette manière, Dupré représente dans ses œuvres et particulièrement dans la nôtre, une nature prise sur le vif et réaliste.
Considéré comme un très grand coloriste et peut être plus encore que Corot et Daubigny, le talent de Dupré est reconnu par de nombreux artistes. Van Gogh (1853-1890), dans sa correspondance de 1874 à 1886, lui consacre un fervent éloge. Il le qualifie ainsi comme “frère de Delacroix” en matière de paysage et dit de lui : “J’ai toujours été enthousiaste de Jules Dupré; avec le temps, sa valeur sera plus appréciée encore qu’aujourd’hui. Car c’est un authentique coloriste, toujours intéressant, avec quelque chose de si puissant, de si dramatique”.En ce sens, Jules Dupré a été un des précurseurs de l’impressionnisme et a à son tour influencé la peinture hollandaise. En effet, l’école de Barbizon a profondément inspiré l’école de la Haye (1870-1920) et les œuvres d’artistes comme Paul Gabriël (1828-1903), reflètent sans aucun doute, celles de Jules Dupré ou de Théodore Rousseau.
Provenance :
- Vente Mr. L. R…te A… 8 octobre 1900, lot n°17, Munich
- Vente Goldschimdt, 26 avril 1910, Munich
- Marche? de l’art anglais (Christie’s 1970)
- Collection particulière française