Par Galerie Nicolas Lenté
Mobilier, Tableaux et Objets d'Art de la Haute Epoque au XVIIIe
Grand portrait d’apparat de Marie-Anne-Victoire de Bavière par François de Troy, vers 1685
Ecole Française de la fin du XVIIe siècle
Par François de Troy (Toulouse, 1645 - Paris, 1730) et son atelier
Huile sur toile : h: 216 cm, l. 151 cm
Cadre en bois doré et mouluré
Dimensions encadré : h. 237 cm, l. 170 cm
Nous remercions Monsieur Dominique Brême, directeur du musée du Domaine départemental de Sceaux et spécialiste de François de Troy de nous avoir aimablement confirmé l'attribution de cette œuvre à l'artiste et son atelier par un examen de visu.
Provenance :
- probablement provenant du Château de Versailles, collection royale avant 1737, (le tableau mentionné dans l’inventaire des collections de la Couronne (voir bibliographie))
- vente aux enchères, Paris, Palais d'Orsay, Etude Couturier Nicolay, 7 décembre 1979, n° 23 (comme Ecole française vers 1700, Portrait de Marie-Adélaïde de Savoie, Duchesse de Bourgogne) ;
- ex collection de ...
... l’ancien président Français Valérie Giscard d’Estaing et de son épouse dans leur hôtel particulier à Paris, rue Bénouville
Œuvres en rapport :
Portrait à mi-cuisses, château de Versailles, d’après François de Troy (h. 138 cm, l. 120 cm) inv MV2086
Bibliographie :
Fernand Engerand, « Inventaires des collections de la Couronne : Inventaire des tableaux du roy rédigé en 1709 et 1710 par Nicolas Bailly », Paris, 1899, p. 465
Dominique Brême, 'François de Troy', cat. exp., Toulouse, musée Paul-Dupuy, 1997, p. 41
Ce spectaculaire portrait de la grande dauphine, Marie Anne Victoire de Bavière, épouse de Louis de France, dit le Grand Dauphin, a demeuré pendant des décennies dans la collection de Giscard d’Estaing sans que la lumière soit mise ni sur sa véritable identité ni sur l’artiste qui l’a peint.
Cependant ce portrait est mentionné en 1997 par Dominique Brême dans son livre consacré à François de Troy. Sans en connaître sa localisation, l’historien en le découvrant dans le catalogue de vente de 1979 rétablit l’identité de la jeune femme ainsi que la paternité de l’œuvre.
Depuis que le tableau ait retrouvé l’identité du modèle et de son auteur, il reste la dernière énigme à résoudre quant à sa possible appartenance à la collection royale.
En effet notre portrait correspond parfaitement à la description donnée dans l’inventaire des collections de la Couronne rédigé par N. Bailly en 1709, à savoir : « le portrait de Mme la Dauphine de Bavière, en pied, vestue de son manteau royal ; sa main est appuyée sur la couronne de France qui est posée sur une table, couverte d’un tapis de velours rouge ; figure comme nature ; ayant de hauteur 7 pieds sur 5 pieds de large ; dans sa bordure dorée ».
Cependant compte tenu de l’absence de provenance antérieure à la vente publique de 1979, il nous est impossible d’affirmer avec certitude qu’il s’agisse bien du même portrait, étant donné qu’il est fort probable que François de Troy ait pu exécuter plusieurs répliques autographes de cette commande royale de haute importance.
Même en absence d’une certitude quant à son provenance du Château de Versailles, le portrait constitue un témoignage inestimable dans l’histoire de la France, mais aussi dans le corpus et la carrière de François de Troy.
Malgré le fait que le château de Versailles conserve une réplique à mi-cuisses d’après François de Troy de notre portrait, il ne subsiste ni dans les collections privées, ni publiques aucun portrait d’apparat de la Dauphine, en particulier peint par un portraitiste de premier rang.
Néanmoins il est évident que la Dauphine ait dû bénéficier d’une communication visuelle importante, étant destinée à régner sur la France. Sa seule effigie de grand format est celle dépeinte dans la "Famille du Grand Dauphin" par Pierre Mignard en 1688, commandé par Louis XIV. En opposition à notre œuvre qui la présente « presque reine », le tableau de Pierre Mignard se concentre sur l’intimité familiale de la jeune femme et la descendance assurée pour la lignée bourbonienne et ne constitue pas un portrait d’apparat à proprement parler.
Notre portrait réalisé sans doute après 1683, suivant la mort de Marie Thérèse d’Autriche positionne la Dauphine en future reine de France.
Portraiturée en pied grandeur nature, la jeune femme somptueusement vêtue se tient près d’un entablement couvert de drap de velours rouge frangé d’or. Son attitude solennelle est renforcée par la présence derrière sa figure d’un lourd rideau rouge qui s’ouvre sur un parc d’un château à l’arrière-plan.
Attaché par les agrafes de pierres précieuses aux épaules un lourd manteau royal de velours bleu azur brodé de fleurs de lys et doublé de fourrure d’hermine enveloppe sa figure. Sa robe brodée de fils d’or et d’argent à décor de volutes feuillagées et fleurs, enrichie de pierres précieuses et perles est symbole même de la magnificence de la future souveraine.
Cette opulence vestimentaire contraste avec une simplicité apparente de sa coiffure. Cheveux bruns bouclés encadrent son visage oblong illuminé par des grands yeux bruns au regard bienveillant.
Dans un geste protocolaire, elle pose sa main sur la couronne royale de France, tandis que d’une autre main, elle désigne un petit épagneul émergeant de sa niche tendue d’étoffe richement brodée. La présence du chien, traditionnellement symbole de la fidélité dans l’iconographie, ajoute une touche pittoresque au caractère codifié de l’ensemble, d’autant plus que l’animal est accompagné de deux perroquets verts prêts à picorer les restes de son repas.
Magnifié par une palette riche dominée par des rouges cramoisis des étoffes contrastant avec le bleu intense du manteau, les reflets dorés de la robe s’accordent avec l’or de la couronne et des passementeries.
François de Troy nous livre ici le portrait d’apparat par excellence en conformité avec la splendeur du règne de Louis XIV, cependant la recherche d’une certaine décontraction par introduction d’animaux fait ressurgir l’influence indéniable d’Antoine Van Dyck.
Marie Anne Christine Victoire Josèphe Bénédicte Rosalie Pétronille de Bavière, née Maria Anna Christina Victoria von Bayern, est une princesse bavaroise née le 28 novembre 1660 à Munich et morte à Versailles le 20 avril 1690.
Fille aînée de l’électeur Ferdinand-Marie de Bavière et d’Henriette de Savoie, Marie-Anne de Bavière, dès ses huit ans, est promise à son cousin Louis de France dit le « Grand Dauphin », qui en a sept (1668).
En vue d’une si brillante destinée, la future reine de France reçoit une éducation fort soignée. Outre sa langue maternelle, l’allemand, elle parle couramment le français et l’italien, et sait le latin. Elle manifeste très tôt sa joie et sa fierté de devenir dauphine de France.
Après son mariage Marie-Anne devient la deuxième femme la plus importante à la cour après sa belle-mère, la reine Marie-Thérèse, épouse du roi Louis XIV.
Retrouver le mobilier ou les objets d''art similaires à « Grand portrait de Marie-Anne-Victoire de Bavière par François de Troy, vers 1685 » présenté par Galerie Nicolas Lenté, antiquaire à Paris dans la catégorie Tableaux XVIIe siècle Louis XIV, Tableaux et dessins.