Par Stéphane Renard Fine Art
DEMANDE D'INFORMATIONS
Ce grand lavis d’encre, réalisé à l’aube de la Révolution par Jean-Urbain Guérin dans une éblouissante technique, nous présente le portrait de Joseph-Alexandre de Ségur. Un des « derniers libertins », la vie du Vicomte de Ségur n’est pas sans rappeler par ses exploits amoureux celle du Vicomte de Valmont, un des principaux personnages des Liaisons Dangereuses. La réalité rejoignant parfois la fiction, notre modèle était également un ami de l’auteur…
1. Jean-Urbain Guérin
Fils du graveur Jean Guérin de Strasbourg, Jean-Urbain Guérin reçoit sa première formation de son père, puis de Charles-Alexis Huin (1735 – 1796). Il est envoyé dans la capitale avec Jean-Baptiste Kléber, son ami d'enfance. Il y fréquente les Alsaciens de Paris, en particulier le miniaturiste Jean-Baptiste Weyler (1749-1791), qui l’oriente vers la miniature. Il poursuit son apprentissage auprès de David puis travaille avec Jean-Baptiste Isabey. Il devient d’ailleurs aux ...
... côtés de Jean-Baptiste Isabey et de Jacques Augustin un des miniaturistes les plus réputés de son temps.
Pendant toute sa vie il alterne les miniatures et les portraits dessinés et souvent complétés à l’aquarelle, portraiturant la société élégante : il réalise ainsi en 1791, le portrait en miniature de Georgiana, duchesse du Devonshire , amie de la reine Marie-Antoinette. Cette dernière, dont il fait également le portrait, protègera toujours le jeune artiste. Il réalise également le portrait de Louis XVI, de plusieurs députés du tiers-état et du compositeur Wolfang Amadeus Mozart .
On retrouve Jean-Urbain Guérin devant les Tuileries protégeant à son tour la famille royale contre les sans-culottes lors de la journée du 20 juin 1792. Suspect sous la Terreur, il quitte la France et s'engage dans l'armée de Desaix. Revenu en France sous le Consulat (1798), il entre au service de Joséphine de Beauharnais et réalise les portraits de plusieurs généraux de la République et de l’Empire dont celui, maintes fois recopié, de Kléber, son ami d'enfance. Il expose au Salon jusqu'en 1827 et meurt à Obernai le 29 octobre 1836.
2. Le Vicomte de Ségur, un des « derniers libertins » (1756 – 1805)
La vie du Vicomte de Ségur a été largement évoquée par Gabriel de Broglie dans son livre Ségur sans cérémonie 1757-1805, ou la Gaieté libertine et plus récemment par Benedetta Craveri dans son livre « les derniers Libertins ».
Enfant de l’amour, Joseph-Alexandre de Ségur est le fils naturel du Baron de Besenval (1721 - 1791), colonel au Régiment des Gardes Suisses et de la Marquise de Ségur. Le Baron de Bésenval est le frère d’armes et le meilleur ami du Marquis, Philippe-Henri de Ségur (1724 – 1801), descendant par son père d’une famille d’origine huguenote qui s’est distinguée au service d’Henri IV, et par sa mère petit-fils du Régent. Officier durant les guerres de Louis XV, secrétaire d'État à la Guerre de Louis XVI de 1780 à 1787, il sera élevé à la dignité de Maréchal de France en 1783.
Notre modèle bien que portant le nom de Ségur choisit pour modèle de vie celle de son père naturel, à qui il ressemblait de manière frappante. Comme l’écrit Benedetta Craveri « le Vicomte avait la légèreté, la gaieté, la fatuité, l’hédonisme de son père naturel et, dès l’adolescence, s’attacha à imiter son style ».
Poussé par le Marquis de Ségur dans la profession militaire, il entre à seize ans en 1772 dans le corps de la gendarmerie et succèdera en 1784 à son frère aîné comme colonel commandant du régiment Ségur. La paix consécutive à la guerre de Sept Ans (conclue en 1763) ne lui donne jamais l’occasion d’éprouver ses qualités militaires, et le succès mondain devient sa raison d’être et la grande affaire de sa vie.
Son « entrée en galanterie » est une liaison contractée en 1778, à vingt-deux ans, avec une danseuse de l’Opéra, Julie Careau, avec qui il s’établit dans une maison de la rue Chantereine. Ségur reconnaîtra les deux fils nés de cette liaison. Mais le couple ne tarde pas à se distendre, Ségur retournant à ses intrigues amoureuses auprès des dames de la bonne société. La belle Julie de son côté abandonne Ségur pour l’acteur Talma entraînant leur rupture définitive en 1788.
Ségur écrit des comédies pour lesquelles il n’hésite pas à monter lui-même sur scène : ainsi en janvier 1787 il joue le rôle principal dans une comédie de sa composition Le Parti le plus gai. Ségur donne la réplique à Mademoiselle Contat, une des actrices les plus appréciées du moment. Ce premier succès est suivi le 17 novembre 1787 par la première au Théâtre-Français de Rosaline et Floricourt, une autre comédie de Ségur qui le consacre comme l’auteur à la mode.
Exilé pendant l’été 1787 à Luzancy suite à un sarcasme désobligeant pour le Roi qu’il avait prononcé à l’Opéra, Ségur y fait la connaissance de Choderlos de Laclos, dont le régiment était en garnison dans les environs et l’introduit auprès du Duc d’Orléans qui prend Laclos à son service.
En 1789, l’année de réalisation de notre portrait, Ségur publie un roman épistolaire, inspirée de ses amours avec Julie Careau, sous forme de pastiche littéraire : la Correspondance secrète entre Ninon de Lenclos, le Marquis de Villarceaux et Madame de Maintenon.
Elu député par la noblesse de Paris aux Etats Généraux, Ségur se détourne rapidement de la vie politique pour poursuivre son œuvre littéraire, découvrant le journalisme, et reste fidèle au Roi. Il se lie en 1792 avec Reine-Claude Chartraire de Bourbonne, Comtesse qui restera sa maîtresse jusqu’à sa mort.
Il est emprisonné pendant la Terreur et est transféré le 26 mai 1794 à la prison de Port-Libre (l’ancien monastère de Port-Royal) où il doit son salut à Charles de La Bussière qui fit disparaître son dossier et lui permis d’éviter ainsi la guillotine et de sortir de prison tout de suite après Thermidor.
Vivant désormais de sa plume, Ségur s’occupe également en 1805 de la publication des Mémoires du Baron de Besenval. Il décède le 27 juillet 1805 à Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées), amoureusement assisté par Madame d’Avaux.
3. Description du portrait
Agé de 33 ans en 1789, Ségur vient de se séparer de Julie Careau l’année précédente. Dramaturge à succès, il est un homme à la mode, d’une sociabilité extrême, sûr de lui et habitué aux succès galants. Ségur est représenté assis sur une chaise au dossier recouvert d’un tissu orné de ramages, dans une attitude légèrement désinvolte. Son costume, à la fois simple et d’une grande élégance, reflète le goût de la haute société parisienne pour une mode moins formelle, inspirée de l’Angleterre.
L’influence de David est manifeste dans la technique éblouissante que déploie Jean-Urbain Guérin dans le rendu quasi-photographique du visage et du moindre pli de la veste. La date du portrait – 1789 – en fait un témoignage poignant du crépuscule de cette société aristocratique raffinée et hédoniste, appelée à disparaître avec la Révolution.
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Retrouver le mobilier ou les objets d''art similaires à « Jean-Urbain Guérin (1760 - 1836) Portrait du Vicomte de Ségur » présenté par Stéphane Renard Fine Art, antiquaire à Paris dans la catégorie Dessin, Aquarelle & Pastel Louis XVI, Tableaux et dessins.