Par Galerie Philippe Guegan
Fauteuil de bureau en hémicycle d’époque consulat par Jacob Frères
Acajou massif, placage d’acajou, citronnier de Saint Domingue, non signé
Paris vers 1800
Provenance : ancienne collection Dorothée de Talleyrand-Périgord, comtesse Jean de Castellane (1862-1948)
Beau siège de cabinet à dossier enveloppant en hémicycle. La ceinture, arrondie vers l’avant et droite à l’arrière, est portée par quatre pieds à l’étrusque, évasés vers le haut, sculptés de palmettes encadrées de petites volutes. Le dossier en hémicycle, débillardé dans l’acajou massif, est épaulé de deux crosses sculptées de rosaces. Il est ajouré et est orné d’un panneau en acajou rectangulaire, légèrement convexe, et sculpté d’un motif en forme de cœur, au centre duquel est sculptée une palmette surmontée de deux rosaces, le tout épaulé de deux rinceaux ajourés.
Ce très beau siège, bien que non estampillé, peut être attribué avec certitude aux Jacob, par ...
... comparaison avec un autre siège identique, portant la double estampille de Georges Jacob et de Jacob Desmalter, qui figurait dans l’ancienne collection Bertin de Vaux au château de Villepreux[1]. Outre sa forme innovante et rare, ce siège se signale par la très belle qualité des acajous de Cuba employés pour l’ensemble de ses menuiseries, qui contrastent avec le panneau de citronnier qui orne le fond du dossier.
Le panneau rectangulaire du dossier, ajouré et sculpté d’un motif en cœur dans lequel s’épanoui une palmette, est caractéristique de la production des Jacob Frères sous le Directoire et le Consulat (1796-1803) et se retrouve sur plusieurs suites de chaises de cette période portant leur estampille. C’est le cas de deux paires de chaises à dossier ajouré, l’une conservée au Mobilier National, l’autre conservée au musée Marmottant provenant des Tuileries[2]. Ce même panneau ajouré se retrouve dans une version plus élaborée, car enrichie de marqueterie d’ébène et d’étain, de la suite de douze chaises livrées par les Jacob vers 1799 aux époux Bonaparte pour leur hôtel de la rue de la Victoire, dont une paire est toujours conservée au Mobilier National[3].
La forme du piètement semi circulaire porté par ces pieds en console évasés vers le haut, ornés de motifs sculptés, est également une formule employée par les Jacob dans d’autres sièges de bureau ou sièges d’assemblée. Ils adaptent notamment le gabarit de notre siège pour réaliser d’après un dessin de Chalgrin les cent vingt fauteuils destinés aux sénateurs, livrés en 1805 pour la salle des séances du Sénat Conservateur [4], et un piètement similaire, dit à l’étrusque se reconnait sur un fauteuil livré en 1814 pour le grand cabinet de l’empereur aux Tuileries [5].
Enfin un détail plus invisible, comme l’évidement de la face interne de la ceinture, telle qu’elle à été réalisée sur notre fauteuil, est une pratique courante des ouvriers formés dans l’atelier de Georges Jacob, destinée à diminuer le poids des sièges.
La provenance :
Ce fauteuil de bureau porte à l’intérieur de la ceinture une étiquette ronde à fond bleu, inscrite : « Propriété de la comtesse Jean de Castellane ».
Dorothée de Talleyrand Périgord, petite fille de la duchesse de Dino dont elle porte le prénom, fille de Napoléon Louis de Talleyrand, duc de Sagan et de Pauline de Castellane, nait au château de Valençay en 1862 et passe une partie de sa jeunesse en Prusse sur les terres qui forment le duché de Sagan. Veuve en premières noces du prince de Furstenberg elle épouse, à Paris en 1898, en secondes noces, son cousin Jean de Castellane. Intelligente et spirituelle, elle tenait entre les deux guerres un salon dans son hôtel de la place des Saussaies à Paris. Celle que l’on surnomait « la Gräfin Jean » fut pour Marcel Proust un des modèles de la jeune princesse de Guermantes, personnage de La Recherche, d’une grande beauté, qui née duchesse en Bavière, s’exprime avec un accent allemand. Dorothée de Talleyrand avait publié en 1908 chez Calmann Levy les souvenirs de sa grand-mère la duchesse de Dino. Elle meurt à Paris en 1948.
------------
[1] Fauteuil de bureau estampillé Georges Jacob et Jacob Desmalter rue Meslée, Collections du château de Villepreux, Olivier Lasseron, Drouot le 8 novembre 2016, lot n°95
[2] Une paire de chaises estampillées Jacob Frères rue Meslée, conservée au Mobilier National, inv. GMT-1528-00, et une paire de chaises estampillées Jacob Frères rue Meslée, provenant du palais des Tuileries, au musée Marmottant : M.L.M.732 inv. 722.
[3] Paire de chaises en acajou estampillées Jacob Frères rue Meslée, livrée pour l’hôtel Bonaparte rue de la Victoire, GMT 3668/1 et GMT 3668/2
[4] Sotheby’s Paris, 29 avril 2020, Take a seat, lot 13
[5] Livré le 18 février 1814 pour l’Empereur aux Tuileries par le tapissier Flamant. Conservé au château de Malmaison. Inv. M.M.40.47.213
Conditions générales de livraison :
Merci de nous contacter. Si nécessaire nous vous ferons établir plusieurs devis de transport par des sociétés indépendantes
Retrouver le mobilier ou les objets d''art similaires à « Fauteuil de bureau en hémicycle par Jacob Fères vers 1800 » présenté par Galerie Philippe Guegan, antiquaire à Paris dans la catégorie Fauteuil & Bergère Directoire, Sièges.