Par Stéphane Renard Fine Art
Ce rare dessin de Nattier fait partie d’un ensemble d’études préparatoires exécutées en 1717 pour l’une des premières commandes du peintre, le tableau commandé par le Tsar Pierre 1er de Russie pour célébrer sa victoire sur les Suédois à Poltava le 8 juillet 1709. Conservées dans l’atelier de Nattier (qui ne peignit pas d’autre scène de bataille), ces études servirent ensuite pour agrémenter les arrières fonds des portraits de militaires où sont évoqués des combats.
1. Pierre 1er de Russie, un des premiers commanditaires de Nattier
Jean-Marc Nattier nait à Paris en 1685 dans une famille d’artiste : son père Marc est également portraitiste et sa mère Marie Courtois est miniaturiste, son frère Jean-Baptiste sera également peintre.
Doué d’un talent très précoce, il remporte à quinze ans le premier prix de dessin de l’Académie. Alors qu’il avait la possibilité de partir grâce à son parrain le peintre Jean Jouvenet (1644 – 1717) ...
... à l’Académie de France à Rome, il préfère rester à Paris et dessine, pour les faire graver, les tableaux de la célèbre galerie commandée par Marie de Médicis à Rubens pour son Palais du Luxembourg. Il est ensuite reçu en 1713 à l’Académie, dont il deviendra membre en 1718.
En 1716, un envoyé du Tsar de Russie Pierre 1er le convainc de se rendre à Amsterdam où est de passage le Tsar, pour le suivre ensuite en Russie. C’est en Hollande qu’il réalise un portrait de l’épouse de Pierre 1er, la future Impératrice Catherine II et un tableau représentant la bataille de Poltava. Nattier préfère rentrer à Paris que suivre le Tsar en Russie, mais il réalise son portrait entre mai et juin 1717 lors de la visite de celui-ci à Paris.
Nattier sera ensuite le portraitiste de la famille d’Orléans puis à partir de 1748 de la Cour de Louis XV. Il meurt en 1766 malade et sans ressources, boudé par le public après avoir connu un extraordinaire succès comme portraitiste pendant ses années de maturité.
2. La Victoire de Poltava, un tableau majeur au riche corpus d’études préparatoires
Pierre 1er, plus connu sous le nom de Pierre Le Grand est né le 30 mai 1672 à Moscou et mort le 28 janvier 1725 à Saint-Pétersbourg. Devenu Tsar de Russie en 1682 il reçoit le titre d’Empereur de toutes les Russies en 1721, à la conclusion de la Grande Guerre du Nord (1700-1721) opposant la Russie à l’Empire Suédois de Charles XII, dont la victoire de Poltava en 1709 constitue un tournant décisif.
La composition réalisée par Nattier lors de son séjour à Amsterdam en 1717 nous présente une vue imaginaire de cette bataille, dans laquelle le peintre ne s’attache pas à rendre la spécificité des lieux, mais traduit la confusion de la bataille entre l’armée Russe (aux uniformes verts) et l’armée suédoise (aux uniformes bleus).
Nattier avait apporté un soin tout particulier à l’élaboration de cette œuvre puisque qu’il avait tracé une étude pour chacun des soldats engagés dans le combat. Le dessin que nous présentons est l’une des cinq études connues , les quatre autres représentant :
• une étude d’officier coiffé d’un tricorne (préparatoire à la figure du Tsar), reproduite ci-dessus;
• une étude de cavalier (pour le cavalier situé à gauche du Tsar) ;
• une étude pour le soldat maniant le fusil à baïonnette au centre du tableau,
• une étude pour le soldat Russe gisant sous le cheval blanc au centre du tableau.
Si notre dessin a la particularité de ne pas avoir été utilisé dans la composition finale, son exécution par Nattier est reconnue par l’auteur du catalogue de l’exposition de Versailles (à laquelle était présenté le dessin du Musée Calvet), Xavier Salmon .
L’ensemble de ces cinq dessins a sans doute été conservé dans l’atelier de Nattier jusqu’à sa mort. Alors que la Victoire de Poltava est la seule scène de bataille réalisée par le peintre, ces études constituèrent ensuite tout au long de sa carrière un répertoire dans lequel le peintre est venu puiser pour agrémenter l’arrière-plan de ses portraits de militaires.
3. Description de l’œuvre
Ce dessin représente un soldat à terre, appuyé sur le coude gauche et le bras droit levé, implorant la clémence. D’une exécution vigoureuse, il s’organise autour de deux diagonales qui se croisent au niveau de la poitrine du soldat : celle de ses bras, prolongés par ses mains ouvertes en signe d’abandon et de désespoir, et celle du revers de la vareuse de notre soldat, prolongée par l’arcade de son nez.
Alors que l’ombre portée au sol par le soldat rajoute une dimension dramatique à la scène, les quelques traits de craie blanche animent le dessin et soulignent de manière poignante l’immense vulnérabilité du personnage : les mains, le visage découvert à la bouche implorante, la ceinture qui semble s’être brisée dans sa chute.
Nous avons choisi pour l’encadrer des baguettes Bérain datant du premier quart du XVIIIe siècle qui nous ont fournies par la Maison Lebrun.
Principales références bibliographiques :
Le dessin français au XVIIIe siècle Louis-Antoine Prat Edition Musée du Louvre/ Somogy éditions d’art Mars 2017
Jean-Marc Nattier Xavier Salmon – Réunion des Musées Nationaux, Paris 1999
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