Etude de frontispice par Giovanni Antonio Pellegrini

... de Benoît XIV, devenu pape en 1740, un an avant la mort de l’artiste.

1. Giovanni Antonio Pellegrini et le rayonnement européen de la peinture d’histoire vénitienne au XVIIIème siècle

Giovanni Antonio Pellegrini naît à Venise en 1675 et est formé dans l’atelier du peintre Milanais Paolo Pagani (1655 – 1716). Celui-ci , installé à Venise depuis 1667, l’emmène en Moravie et à Vienne de 1690 à 1696. Après un séjour romain de 1699 à 1701, Pellegrini épouse en 1704 Angiola Carriera, la sœur de la grande pastelliste Rosalba Carriera.

A partir de 1708, Pellegrini quitte Venise et commence un vaste tour d’Europe : il travaille en Angleterre entre 1708 et 1713 où il rencontre un grand succès, en particulier à Kimbolton Castle et à Castle Howard. Il travaille ensuite en Allemagne et aux Pays-Bas, puis en Bohême et en Autriche, avant de revenir brièvement en Angleterre en 1719. En 1720 il est à Paris où il décore les plafonds de la Banque Royale pour John Law avant de revenir à Venise en 1721.

Il continuera par la suite à alterner la réalisation d’importantes commandes à l’étranger (il est également reçu en 1733 par l’Académie Royale de Peinture à Paris) et des séjours à Venise où il se fixe définitivement en 1737.

Doué d’une immense facilité d’exécution, Pellegrini est considéré comme le grand précurseur de Tiepolo, même si la destruction de bien des décors qu’il avait réalisés à travers l’Europe (Castle Howard, les plafonds de la Banque de la Banque Royale et du château de Mannheim…) rend l’appréciation de son œuvre plus difficile aujourd’hui.

2. Description de l’oeuvre

Pellegrini donne libre cours à sa fougue baroque dans la composition de ce frontispice : alors que trois putti s’affairent autour d’un écu surmonté de la tiare papale, trois figures ailées (représentant des Vertus ?) nous présentent le cartouche sur lequel destiné à recueillir le texte du frontispice. Le motif est entièrement exécuté d’un trait souple à la plume et les personnages palpitent grâce aux aplats de lavis.

Par sa composition, ce dessin évoque une étude de plafond et l’on retrouve dans cette œuvre de dimension modeste, vraisemblablement destinée à être gravée, l’ampleur des grands décors dans lesquels excellait Pellegrini.

La présence des hachures sur les armes papales évoque le blason de la famille Lambertini (« d’or aux trois pals de gueules ») et suggère que ce dessin aurait pu être commandé peu de temps après l’élection de Benoît XIV le 17 août 1740. Il est amusant de voir en dessous de l’écu un des trois puttis se coiffer d’un chapeau de cardinal qu’il vient de dérober, comme pour suggérer que celui-ci n’est plus nécessaire à celui qui vient d’être élu pape …

Le Musée National de Stockholm conserve un autre projet de frontispice également réalisé par Pellegrini dans ce même style enlevé et enjoué.

3. Encadrement

Nous avons choisi pour encadrer ce dessin un cadre de type Salvador Rosa en bois sculpté et doré.

Principale référence bibliographique :
Alessandro Bettagno – Disegini e dipinti di Giovanni Antonio Pellegrini 1675-1741 (Catalogo della Mostra) – Neri Pozza Editore Venezia 1959