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Commode Régence aux masques de faune et de lion par Criaerd
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Réf : 112645
30 000 €
Époque :
XVIIIe siècle
Provenance :
Paris, France
Materiaux :
Bois de violette
Dimensions :
l. 132 cm X H. 85.5 cm X P. 64.5 cm
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Antiquités Philippe Glédel
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Mobilier XVIIIe parisien et régional, dont meubles de port.


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Commode Régence aux masques de faune et de lion par Criaerd

Importante et rare commode dite "en tombeau" ou "à la Régence" mais aussi "à moustaches" d'époque Régence, galbée toutes faces, ouvrant par quatre tiroirs sur trois rangs.

Coiffée d'un marbre Vieux Rance de Belgique (rappelons au passage qu'au début du XVIIIe siècle Rance était un village français) mouluré d'un bec-de-corbin suivant ses contours, cette large commode en placage unique de bois de violette est animée de galbes puissants (hélas les photographies ne rendent pas vraiment compte de l'amplitude de ses galbes qui font une grande différence avec la classique commode en tombeau) ornée de cannelures de laiton en façade et en côtés et recouverte d'une exceptionnelle garniture de bronze ciselée et dorée : épaisses poignées tombantes et larges rosaces godronnées, importantes entrées de serrure en cartels, longues chutes galbées aux masques de faune aux oreilles en ailes de chauve-souris, godrons, chutes florales, panaches et coquilles, masques aux mufles ...

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... de lion, moustaches (ou "croissants") à godrons et enfin cul-de-lampe rayonnant.

Ce sont justement ses bronzes d'une grande richesse qui nous permettent d'attribuer avec certitude ce meuble aux Criaerd et à Mathieu Criaerd lui-même, et bien entendu en l'absence d'estampille, tout à fait normale puisque nous sommes en pleine Régence (mais nous y reviendrons), par analogie avec des commodes portant sa marque au fer. Les chutes au masque de faune de ce modèle se rencontrent rarement, et c'est encore plus vrai s'agissant des sabots au masque de lion, particulièrement peu courants (notre doreur niçois travaillant pour les particuliers et le commerce depuis plus de 30 ans nous a confié ne les avoir jamais eus entre les mains auparavant) sinon chez quelques artisans de premier ordre tels que Jean-Charles Saunier, Etienne Doirat et Michel Mallerot ou encore Nicolas Berthelmi. Pour ce qui concerne les puissantes entrées de serrure, elles sont pour leur part absolument particulières aux Criaerd.

Signalons également la qualité du placage de bois violet utilisé et ses jeux de frisages complexes.
Le bois de violette ( Dalbergia cearensis) est, de même que le bois de rose, un bois de la famille des palissandres, deux bois d'ailleurs avec lesquels il est très souvent confondu, par des antiquaires ainsi que des experts (parfois les deux à la fois), de couleur violet veiné de noir (ce qui nous amène à une autre confusion, l'appellation ancienne de "bois violet" désigne aussi l'amarante qui est de couleur brun violet) et dont la zone de répartition se limite au Brésil, contrairement au palissandre qui pousse pour sa part en Amérique centrale, principalement Brésil et Honduras, mais également en Inde et en Asie. Ainsi, pour information, le nom de "bois violet des Indes" pour désigner Dalbergia cearensis constitue un double non sens puisque, qu'il désigne le bois de violette ou l'amarante, il se rapporte à des bois exclusifs du Brésil et de Guyane, et c'est un peu plus ennuyeux encore quand l'essence que nous avons alors sous les yeux s'avère par exemple être un palissandre, et dont il n'est pas trop à souhaiter qu'il provienne des Indes, car ce serait désigner sa plus mauvaise variété.
Scié sur dosse (soit parallèlement aux cernes d'accroissement) et dans sa plus belle des qualités, soit tel que l'on peut l'observer sur cette commode, le bois de violette est sans doute l'essence qui se prête le mieux aux jeux de frisages et particulièrement aux effet dits "en ailes de papillon". Hélas là encore, beaucoup font l'erreur de confondre bois scié sur dosse et bois de bout, utilisé en marqueterie mais très rarement en placage (et il est vrai que d'autres vont jusqu'à confondre marqueterie et placage). Nous voyons ainsi des commodes dites en bois de bout avec certes de nombreux bouts de bois mais dont il n'est pas un seul en bois de bout (ce qui nous semble ne pas trop tenir debout).

La Régence constitue une période très courte de l'histoire des arts décoratifs, soit exactement de 1715 à 1723, avec une tolérance allant d'environ 1710 et 1730. On comprendra que la plupart des commodes sur le marché désignées sous le terme d'"époque Régence" ne rentrent pas en vérité dans ce cadre précis. Les commodes Régence ne portent pas d'estampille, sauf cas de quelques ébénistes précurseurs en ce domaine qui signent alors au fer de leurs simples initiales tracées de grosses lettres. Notre commode, et contrairement au modèle référent et estampillé que nous placerons en documentation mais également à beaucoup d'autres, est véritablement pleine époque Régence, ce que nous entendons souligner.
Efforçons-nous de clarifier les points qui distinguent un modèle de ce type d'époque Régence et un modèle d'époque Louis XV :
- Tout d'abord le noyer employé pour la fabrication des caissons de tiroirs et le fini de ceux-ci signe ici un ouvrage d'excellente qualité spécifique aux ébénistes de premier plan tels que les Lieutaud, Mallerot, Doirat, Garnier, mais sous tend également une datation contemporaine de la Régence.
- Il est une autre différence majeure qui réside dans la fabrication même des bâtis, qui sont montés à queues d'aronde borgnes sur les modèles du premier tiers du XVIIIe (et tels que ceux de Thomas Hache, soit en commençant par l'avant et finissant par l'arrière du meuble) tandis qu'ils le seront à tenons-mortaises par la suite. Ainsi on observera sous la Régence (comme c'est le cas sur notre commode) un montage à queues d'aronde sur chant des traverses intermédiaires de façade et à queues d'aronde borgnes des traverses supérieures, et de cette même façon se fera l'attache entre les montants et les côtés, alors qu'elle se fera un peu plus tard à cet endroit à plat joint.
- Ainsi les ébénistes, au moins jusqu'à la Régence, ne fabriquaient pas eux-mêmes les caisses de leurs commodes mais en laissaient le soin à des fabricants spécialisés. L'illustration nous en est faite ici par la simple observation du placage des montants qui vient en partie couvrir les traverses intermédiaires (voir la photo de détail ci-après), ce qui induit obligatoirement que le placage a été posé sur un bâti déjà entièrement monté tandis que sous Louis XV on plaquera les traverses à part, traverses qui seront, seulement une fois ce travail effectué, emboîtées dans le reste du bâti, et cette fois monté par le côté.
- Ajoutons enfin que la présence d'une cannelure de laiton sur le côté de la commode, toujours au niveau du médian entre premier et second tiroir, est également un élément qui plaide en faveur d'une fabrication d'avant 1730.

Meuble dans un superbe état d'origine, au placage dans son intégrité, bien épais et aux profondes tonalités, ayant été l'objet d'une restauration et d'une finition au vernis-tampon de haut niveau effectuée par un maître ébéniste. Les bronzes d'époque redorés à l'or fin, avec parties mates et brunies, le tout patiné, le marbre très probablement d'époque en très bel état de conservation, et enfin ses trois serrures avec une en bronze ciselé et do

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