Par Galerie de Lardemelle
Antoine GADAN
(Seurre, 1854 – Bône, 1934)
Le mont Eydough et la vallée du Ruisseau d’or, environs de Bône
Huile sur toile
Signée en bas à gauche
48,5 x 81 cm
Antoine Gadan, né à Seurre en Côte d’Or, a appris son métier de peintre dans son pays natal, de manière autodidacte, et quelques œuvres de jeunesse représentant la campagne bourguignonne en témoignent encore, mais c’est dans son pays d’adoption, l’Algérie, qu’il a développé son talent exceptionnel de paysagiste.
Toute une partie de la famille Gadan, d’origine modeste – son père était cabaretier, part en Algérie pour y chercher une vie meilleure et le jeune peintre, alors âgé de vingt-sept ans, séjourne à Marseille dans l’attente de l’embarquement, avec ses parents, son frère, son épouse et son premier fils Charles, qui y nait en novembre 1880.
L’artiste s’installera avec sa famille « dans une petite rue du faubourg, parallèle à l’avenue Célestin ...
... Bourgoin, à peu près exactement derrière l’église Sainte Anne. La maison, simple comme lui, était presque enfouie dans la verdure et les fleurs, et son atelier était sans le moindre apparat, au bout du jardin touffu » (Louis Armand, Bône, son histoire, ses histoires, Constantine, imprimerie Damrémont, 1957, p.214-215).
Dans la campagne des environs de Bône, son amour de la nature s’exalte, tout concourt à l’épanouissement de son tempérament en quête d’harmonie. Il aime immédiatement la pureté lumineuse de la contrée, cette lande sauvage et douce, parsemée de lauriers roses, d’asphodèles ou de touffes de joncs, ces montagnes arrondies, ces jeunes enfants menant leurs troupeaux, et ne se lasse pas de les peindre. Un commentateur de la Revue nord-africaine illustrée l’exprime parfaitement : « Gadan excelle dans ses toiles du sahel de Bône… L’artiste, on le sent, y est maître de lui, parce qu’il est bien chez lui, parmi des horizons et des couleurs qu’il rend avec une précision qu’une connaissance intime du milieu permet seule de traduire aussi fidèlement (…). Sa peinture a quelque chose d’infiniment doux, de tendre, et en même temps d’enjôleur, parce qu’au pays de Bône, tel est le charme des plaines et des collines. (…) Gadan travaille le matin et le soir et surprend la nature à ses heures les plus intimes, quand les ombres et les brumes suaves flottent sur tout choses. (…) Il ne cherche pas les grands effets, il peint ce qu’il voit avec vérité et poésie. Et avec une telle simplicité, il atteint la beauté » (Boyer, in Revue nord-africaine illustrée, 2 février 1908, P. 59-60)
Deux toiles présentées à Paris en 1895, au Salon des Artistes français, le font remarquer favorablement : « La rivière blanche à El Kantara » et « Nuit Algérienne ». Elles sont suivies de « La rivière rouge à El Kantara » au Salon de 1896. Reconnu dès lors comme paysagiste et décorateur, Gadan est chargé de brosser le diorama destiné à la décoration du Pavillon de l’Algérie au Trocadéro, lors de l’Exposition Universelle de 1900. Il choisit d’illustrer « La côte algérienne de Bône à Oran », prétexte à faire défiler dans un véritable voyage pictural les plus beaux sites des rivages algériens. Cet immense diorama qui sera exposé à Londres et à New-York, après Paris, obtient un vif succès public, tout en suscitant pour son auteur les éloges du jury, en particulier ceux du peintre d’histoire Édouard Detaille et du paysagiste Jules Breton, membre de l’Académie des beaux-arts.
Par la suite, Gadan connait l’honneur d’une exposition de quinze toiles au musée de Constantine en 1908, organisée à l’initiative du conservateur d’alors Monsieur Hinglais. Cette même année se conclut par un accueil chaleureux au Salon d’Automne à Alger ou le critique C. Monplessis loue « le poème intense de vie lumineuse » dans lequel se déploie « la fluidité rose améthyste à travers laquelle (Gadan) nous montre la dune bônoise ». Le chantre de l’est algérien est alors à son sommet, surnommé la « gloire de Bône ».
Nous ne savons pas grand-chose de plus sur l’existence apparemment paisible et sans tapage de cet artiste dont les œuvres ont leur place parmi les meilleurs peintres de l’Algérie.
Musées : Alger, Constantine, Paris (Porte Dorée et Quai Branly)…
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