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Vue du port de Marseille vers 1755, Vernet et son atelier
Vue du port de Marseille vers 1755, Vernet et son atelier - Tableaux et dessins Style Louis XV Vue du port de Marseille vers 1755, Vernet et son atelier - Galerie Gilles Linossier Vue du port de Marseille vers 1755, Vernet et son atelier - Louis XV Antiquités - Vue du port de Marseille vers 1755, Vernet et son atelier
Réf : 117166
38 000 €
Époque :
XVIIIe siècle
Provenance :
France
Materiaux :
Huile sur toile
Dimensions :
L. 99 cm X H. 72 cm
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Galerie Gilles Linossier
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Mobilier & Objet d'art du XVIIIe siècle


+33 (0)1 53 29 00 18
Vue du port de Marseille vers 1755, Vernet et son atelier

Ce tableau incarne tout le raffinement de l'art du XVIIIe siècle, la maîtrise des grandes maitres dans la représentation de paysages marins.

Peint à l'huile sur toile, il s'inscrit dans la lignée des vues méditerranéennes qui ont fait la renommée de plusieurs artistes réputés, tel que Vernet ici.

À travers une composition soigneusement équilibrée, l'œuvre est empreinte d'une narration diverse où la lumière et les détails s'unissent pour raconter une histoire à la fois élégante et captivante.
Les personnages au premier plan, les arbres massifs et le ciel lumineux s’organisent en une harmonie théâtrale. La lumière douce et dorée, typique de Vernet, accentue l'effet pittoresque. Certaines caractéristiques sont propres aux tableaux de Vernet et reviennent régulièrement dans ses représentations.

Au premier plan, des personnages élégamment vêtus s'affairent au bord de l'eau, illustrant pour certains une activité portuaire et pour d'autres une ...

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... rencontre mondaine typique de l'époque.

Les personnages dans les oeuvres de Vernet sont toujours disposés en groupes narratifs, intégrant une touche d’élégance ou de quotidien, parfois idéalisée.
On y retrouve également le petit chien très actif; toujours de trois-quart la queue vers nous, il semble observer le rivage lointain.

L'arrière-plan dévoile un paysage baigné de lumière, avec un navire à voiles aux larges des eaux calmes, enrichissant la scène et évoquant le commerce et l'aventure maritime. Typique des œuvres de Vernet, il se présente légèrement dos à nous, un large drapeau accroché à la poupe et un fin drapeau presque filamenteux au sommet du plus haut mât, volant au rythme du vent.

Sur la gauche, de l'autre côté de la rive, on peut remarquer un bâtiment identifiable comme étant le château Borély, emblème de Marseille (actuel Musée des arts décoratifs de la ville).

A cette époque, celui ci n'était qu'à l'ébauche de croquis de Charles Louis Clérisseau, peintre et architecte français (1721-1820).
Louis Borély, descendant d’une riche famille commerçante, commanda à Clérisseau, la construction sur le domaine rural de Bonneveine, de la plus belle bastide, pour qu'elle soit reconnu comme un véritable château.
Après la représentation du château par Clerisseau, celui-ci trop complexe fut seulement exécuté avec quelques changements par l'architecte Camtadin Esprit Brun (1710-1804) sous Louis-Joseph Denis, fils de Louis Borély.

Ce détail est incontestablement une empreinte profonde de solide relation entre les artistes et les hauts représentants de l'époque.
En effet, le château n'ayant été construit qu'en 1767, la version de Vernet de 1755 est le témoin de l'estime que Vernet devait suscité à l'époque, lui permettant d'avoir accès à des informations non publiées.
Niché au cœur de la nature environnante. cette inclusion confère une dimension géographique précise de l'oeuvre, qui la rend précieuse dans l’histoire du patrimoine marseillais.


L’œuvre se distingue par sa finesse dans le traitement des détails architecturaux et botaniques. Souvent caractérisé, tel qu'il est le cas dans notre tableau, par des arbres en premier plan, aux branches sinueuses et à l’ombre délicate, encadrant la scène de manière théâtrale, et des rocher à l'opposé, comme pour inviter le spectateur à pénétrer dans ce monde enchanteur.

L'une des caractéristiques les plus importantes de notre tableau est sa duplicité.
A ce jour, trois tableaux de cette composition fut retrouvés.

L'un intitulé “visite au port” en collection particulière est signé et daté en bas à gauche “joseph Vernet 1755 f.” . Ce dernier est pris comme référence dans l'article d'Emilie Beck Saiello (actuelle experte de Vernet) édité en 2018 “entre Paris et Marseille, rives méditerranéennes. Quelques réflexions sur les relations provençales de Joseph Vernet avec l'Académie phocéenne »
Un second tableau « vue idyllique d'une baie rocheuse méditerranéenne », à la composition identique, de dimensions 72,5 x 98,5 cm fut mis aux enchère à Monaco en 1987 avec une estimation d'environ 61 000 – 92 000 euros. Comme le notre il s'agit, de part la qualité, d'un tableau d'atelier réalisé au côté et avec Vernet.

Enfin, le troisième tableau, celui que nous présentons est également une composition identique à celui de Vernet avec quelques infimes différences.
Comme le mentionne Emilie Beck Saiello, « Le tableau (signé Vernet 1755) ne semble pas clairement identifiable parmi les commandes du livre de raison de l’artiste, et ce malgré la présence d’un personnage en rouge, assez caractérisé, au premier plan, qui pourrait correspondre au commanditaire. (...) La qualité de l’œuvre en fait néanmoins l’un des tableaux les plus remarquables du séjour de Vernet en Provence. Elle montre également la séduction du paysage phocéen auprès des amateurs et le prestige des commandes passées à l’artiste pendant sa permanence provençale »

Ce tableau est autant une démonstration caractéristique de la qualité d'un Vernet que le rôle pédagogique de l'artiste. Vernet, comme de nombreux maitre à époque, réalisait souvent une version originale d’un tableau, qui pouvait être ensuite reproduite ou légèrement modifiée par son atelier sous sa supervision, à la fois pour transmettre son savoir-faire que pour répondre à la demande croissante des paysages méditerranéens très en vogue au XVIIIe siècle. Il est probable que la première version de cette composition, signée et datée en 1755, ait servi de modèle direct pour les deux autres œuvres. La qualité de ces toiles démontre l’intervention directe du maître dans certaines parties clés, notamment le ciel, les effets de lumière et la finesse des détails.

Une attention particulière est portée à la lumière, qui structure l’espace et donne une profondeur remarquable. Les ciels vaporeux et les reflets sur l’eau sont des éléments emblématiques de Vernet dont on peut constater de la qualité dans notre tableau.

La première version de ce tableau étant réalisée juste après son départ de Marseille, elle est l'illustration de cette fascination pour les œuvres méditerranéenne de Vernet et les nombreuses commandes qui en résultèrent. La duplicité de cette composition par notre peinture fait de notre tableau un témoignage fascinant du mode de travail de Joseph Vernet (et de son atelier).
Cette importance est soulignée notamment par la disparition dans notre tableau du personnage « en rouge » face à nous, à l'arrière du groupe mondain, que l'on retrouve dans le tableau principal qui pourrait-être d'après Emilie Beck Saeillo « le commanditaire ». Sa disparition dans notre tableau confirme que ce dernier fut surement commandé par un autre commanditaire, Vernet aurait donc possiblement demandé à ce que ce personnage ne fasse plus parti des représentés.
Ces trois tableaux, parfaitement similaires dans leur composition mais légèrement distincts dans leur exécution, incarnent l’essence même du travail collectif au sein de l’atelier de Joseph Vernet.

Galerie Gilles Linossier

Tableaux XVIIIe siècle Louis XV

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