Vierge à l’Enfant avec Saint Jean et des anges, élève de Joos Van Cleve

... habits : manteau bleu au revers jaune, la robe rouge aux manches et col doublés de fourrure. Marie interpelle par son visage aux traits dotés d’une incroyable douceur. Dans un geste plein d’affection, elle presse sa joue contre celle de son fils, tenu sur son genou. La Vierge aux yeux modestement baissés, demeure néanmoins mélancolique, désireuse de préserver son Fils de son tragique destin.
Le petit Saint Jean porte une peau de chameau, rappelant sa vie de pénitence et de prédicateur dans le désert. Jean Baptiste tend à Jésus un phylactère sur lequel sont inscrits les mots prophétiques « ECCE AGNUS DEI» («Voici l'agneau de Dieu»), annonçant ainsi le destin du Christ, qui sera sacrifié tel un agneau. Jésus soutenu sur les genoux de la Vierge sourit en tendant la main vers la banderole, ayant déjà compris la nécessité du sacrifice. Dans sa main gauche il tient une petite pomme rouge (symbole du péché originel).
Le petit agneau, la tête tournée vers Jésus, est couché sur le manteau aux pieds de la Vierge, la croix de roseau à ses côtés.

Notre œuvre subjugue par la délicatesse des modelés, le raffinement de la palette aux couleurs intenses, la précision du dessin, pinceau fin qui nuance les mèches des cheveux ou magnifie les ailes des anges.
L’effet de contraste de chairs avec le fond assombri est caractéristique des œuvres de Joos van Cleve, la lumière divine éclairant seulement les figures. L’éclairage ainsi constitué crée des ombres, révélant les corps potelés de petits angelots.
Le charme de la scène et son effet infiniment intimiste intensifié par le cadrage serré accentue la proximité avec l’œuvre.
Le format réduit indique un objet de dévotion privée, facilement transportable, laissant une opportunité de se recueillir lors des déplacements.
La tendresse suave dans les postures de l’Enfant et de la Vierge est censée à émouvoir le spectateur.

Œuvres en rapport :
• Vente Artcurial, Paris, 13 novembre 2018, (h. 32 cm, l. 28,5 cm)
• Vente, Veilinghuis Loeckx, Ghent, Belgique, 24 Novembre 2015 (h.43, l.32 cm )

Notre œuvre est en effet inspirée de la madone Corsini du florentin Andrea del Sarto, exécutée entre 1513 et 1514 dont l'original est aujourd'hui perdu.
Beaucoup d’artistes nordiques étaient séduits par le travail des artistes de la Renaissance Italienne et cherchaient à imiter leur style. Parmi eux, Joos van Cleve, un des chefs de file de la peinture anversoise de la première moitié du XVIème siècle.
Même s’il n’y a pas de version connue peinte par Joos Van Cleve de ce sujet, son fils Cornelis Van Cleve a peint à plusieurs reprises la réplique l’œuvre perdue de del Sarto (vente Dorotheum, Vienne, 17/10/2017, et Chrysler Museum of Art, Etats Unis).Travaillant dans l’atelier de son père, c’est possible qu’il ait connu le sujet à travers les copies de Sarto faites par Joos Can Cleve.
Les éléments caractéristiques des œuvres de Joos Van Cleve : la proximité créée entre les figures, les cadrages serrés, mais surtout les contrastes entre les fonds sombres et les chairs illuminées, tous présents dans notre tableau, nous orientent vers un peintre de son entourage direct, ayant travaillé sans doute dans l’atelier du maître et côtoyé Cornelis van Cleve.
La douceur et la proximité des petits anges et non sans rappeler la composition de Joos van Cleve « L'Enfant Jésus et Saint Jean Baptiste enfants s'embrassent », vers 1525-1530, connue à travers des variantes autographes et répliques d’atelier. (ex. musée des Beaux-Arts d’Anvers).
Le visage arrondi de la vierge aux larges paupières baissées légèrement gonflées est très similaire au visage de la vierge de l’atelier de Joos Van Cleve (vente Sotheby’s Londres, 07/12/2007).

Joos van Cleve
actif 1505/1508 - 1540/1541
Peintre de premier plan, actif à Anvers depuis son arrivée vers 1511 jusqu'à sa mort en 1540 ou 1541, il combine les techniques traditionnelles des primitifs flamands avec des influences de styles de la peinture de la Renaissance flamande plus contemporains
La date et le lieu exacts de naissance de Joos van Cleve (alias Joos van der Beke) sont inconnus, il est présumé originaire de Clèves ou des environs de cette ville allemande située au bord du Rhin. Il est probablement né vers 1485, car on suppose qu'il entra dans l'atelier de Jan Joest vers 1505 et participa à la peinture des panneaux du maître-autel de l'église Saint-Nicolas de la ville de Kalkar en Basse-Rhénanie.
Joos van Cleve émigra à Anvers, peut-être via Bruges, et en 1511 il fut accepté comme maître libre dans la guilde de Saint-Luc à Anvers. En 1519, 1520 et 1525, il fut co-diacre de la guilde et figure sur la liste des élèves présentateurs en 1516, 1523, 1535 et 1536. Les compétences de Joos van Cleve en tant que portraitiste lui valent d'être convoqué à la cour de François Ier de France où il a peint le roi, la reine et d'autres membres de la cour. Joos n'est pas documenté à Anvers entre 1529 et 1534, et il est fort possible qu’il a séjourné en France et peut être en Italie en cette période.
De son premier mariage naissent deux enfants, une fille et un fils, Cornelis, né en 1520, devenu peintre. Le 10 novembre 1540, Joos van Cleve rédigea son testament. La date exacte de son décès n'est pas connue, mais le 13 avril 1541, sa seconde épouse est inscrite comme veuve.