Par Galerie Sismann
Cette élégante statuette en pied présente la Vierge Marie portant haut sur son bras gauche l'Enfant. L'inclinaison de la tête de Jésus exprime la tendre connivence entre une mère et un fils, propre aux Vierge de tendresse gothiques qui par leur familiarité cherchent à susciter l'adhésion du fidèle par les sentiments et la compassion.
Vêtue d'une longue robe ceinturée à la taille et d'un manteau drapé en tablier devant ses jambes sur le modèle canonique de la célèbre Vierge orfévrée de Jeanne d'Evreux, notre Vierge s'inscrit parfaitement dans les recherches graphiques et plastiques de la première moitié du XIVe siècle, sous le règne des derniers Valois, Les Rois Maudits. Ainsi, le voile court de Marie, retenu sur sa tête par une belle couronne fleurdelisée, ses traits juvéniles et ses draperies épurées trouvent un lointain écho dans certains des plus célèbres prototypes royaux du début du XIVe siècle, comme au sein de la statue d'Isabelle de France ...
... qui ornait autrefois le transept de l'ancienne collégiale Notre-Dame de Poissy.
Ces caractéristiques associées au rythme simple des plis de son manteau alternant avec des plages plus lisses, au tracé épuré de ses lisières ou encore à la position de l'Enfant, trouvent quelques équivalents au sein d'un corpus sculpté bien défini, localisé principalement en Basse-Normandie, dans le Cotentin, auxquels sont rattachées les belles Vierges de l'abbaye de Blanchelande ou encore de Flottemanville. Fortement marquées par les apports de l'art royal d'Île-de-France, propagé par le Vexin et certains chantiers prestigieux comme celui de la collégiale d'Ecouis, ces dernières présentent néanmoins un hanché plus prononcé que celui de notre sculpture, plus frontale, ainsi qu'une finition des draperies en élégantes volutes qui s'éloignent de la sobriété du manteau de notre Vierge.
Cette élégante simplicité, qui confère sa force à notre statuette, de même que la nature du calcaire dans lequel elle a été sculptée, un calcaire de type Tonnerre, nous invitent à lui chercher une provenance plus au sud, notamment dans le nord de la Bourgogne où la petite moue de la Vierge aux lèvres fines dessinant un sourire pincé et ses yeux aux paupières gonflées doublement soulignées, se font très courants dans les productions originaires de l'Auxois. À Villaines-les-Prévôts, et plus encore à Talant, notre œuvre trouvent quelques équivalents, présentant toutefois un canon légèrement plus ample.
Pleine de tendresse, de charme et de mystère, cette sculpture témoigne de la diffusion d'un langage formel élaboré au début du XIVe siècle à Paris, diffusé et repris avec autant d'élégance et de subtilité quelques décennies plus tard dans tout le bassin Parisien.
Dossier documentaire complet disponible
Retrouver le mobilier ou les objets d''art similaires à « Vierge à l'Enfant en pierre calcaire polychrome, Bassin Parisien XIVe siècle » présenté par Galerie Sismann, antiquaire à Paris dans la catégorie Sculpture en pierre Moyen Âge, Sculpture.