Vierge à l’enfant - Duché de Bourbon XVe siècle

... lèvres bien formées esquissant un sourire agréable, et enfin les yeux en amande selon les canons gothiques, présente une grande finesse. On note également la représentation pointu de son pied, un autre élément propre à ce style.
Ses mains sont finement sculptées, et l’on remarque la longueur et la délicatesse des doigts, articulés avec élégance. Elles sont d’un réalisme certain, avec une attention particulière portée au jeu des articulations métacarpo-phalangiennes, délaissant la mollesse des mains antérieures pour une expressivité plus ferme et structurée.
On observe également la délicatesse du geste de la Vierge qui soutient l’Enfant, témoignage de la finesse d’exécution propre à l’artiste.
Le drapé se brise à la fin de la sculpture dans un mouvement ample, bien différent des écoles parisiennes qui, à cette époque, traitent l’étoffe dans un ample parallélisme, à peine gonflé de remous. Nous voyons ici les plis cassés et les retombées en becs superposés de tissus secs.
Cette statue présente des dimensions extraordinaires et inhabituelles. Elle a été nettoyée dans un souci de conservation, de protection et d’embellissement. Les traces d’outils sont cependant encore visibles, tout comme les dorures et la polychromie d’origine. L’Enfant Jésus présente une épaule manquante et une main accidentée.
Nous sommes spectateurs d’une certaine solennité, presque géométrique, dans la composition physique. En effet, le raccourcissement de la partie inférieure du corps est notable, notamment au niveau des jambes de la Vierge. De plus, le visage de la Vierge, au front bas, présente une ossature marquée, notamment au niveau des pommettes et des tempes, conférant à l’ensemble un air d’autorité et de gravité.
Les orfrois dorés ornant le vêtement de la Vierge sont d’une grande richesse. Un orfroi est une bande richement brodée d’or ou d’argent, destinée à l’ornement des chapes, chasubles et dalmatiques. Ces orfrois se retrouvent à l’extrémité du vêtement de la Vierge, tout le long de sa chape, ainsi qu’aux extrémités de sa robe. On les observe également sur le col et les poignées de son manteau ainsi qu’à l’intérieur des revers du tissu. Ils sont d’un raffinement exceptionnel, travaillés aussi bien à l’endroit qu’à l’envers, un témoignage du travail minutieux et appliqué d’un maître sculpteur.
Notre Vierge à l’Enfant est proche des sculptures bourbonnaises du XVe siècle, notamment celles de Michel Colombe et Jean de Chartres, qui se caractérisent par une grande expression de délicatesse et de sérénité. A cette époque dans la région Bourbonnaise, des artistes de renom tels que Jean de Chartres ou Michel Colombe étaient présent, notre sculpture par son style atteste d’une influence de l’un de leurs ateliers.
On ne peut ignorer les influences artistiques entre la Bourgogne et le Bourbonnais, du fait de leur proximité géographique, qui favorise les emprunts stylistiques. Cette statue illustre parfaitement cette connexion, alliant un style bourbonnais avec des influences burgondo-flamandes, héritées de Jean de la Huerta et poursuivies par Antoine le Moiturier.
En effet, les échanges à cette époque sont fréquent, l’art se disperse et évolue par la prolifération des échanges. On connait à cette époque une forte tendance des artistes à se déplacer afin d’apprendre auprès des écoles d’autres régions, ou bien pour fonder leur propre école.
Notre sculpture, à la croisée des styles artistiques de son époque, charme celui qui la regarde par son important témoignage de l’amour d’une mère pour son enfant.
La Vierge à l’enfant est un symbole universelle de tendresse et de spiritualité, qui occupe une place centrale dans l’histoire de l’art depuis ses origines jusqu’à ses interprétations contemporaines. Cette figure emblématique a évolué, reflétant ainsi les styles et sensibilité de chaque époque.