Dessin préparatoire à la gravure de Flipart d'après l'autoportrait de Greuze

... Aveline (1702 – 1762). Il mourut en 1782 d’une attaque d’apoplexie. Gaucher indique que ces estampes « sont aussi estimables par la précision du dessin que par la justesse de l’effet ».

La reproduction de ses œuvres par la gravure a tenu une part très importante dans la vie de Greuze, puisque les droits perçus sur la vente de ces estampes lui ont rapporté une véritable fortune (estimée par l’artiste à trois cent mille livres) . Son association avec Flipart, mais également avec d’autres graveurs tels que Massard, Gaillard et Levasseur fut des plus fructueuses, le succès de ses peintures assurant la vente des estampes, qui, une fois encadrées, décoraient les murs de ses contemporains. Le succès appelant la contrefaçon, Greuze et ses graveurs n’hésitaient pas à signer les estampes au verso pour en garantir l’authenticité. Outre le Portrait sur lequel nous reviendrons, Flipart grava six tableaux de Greuze, dont L’Accordée du Village, une des œuvres les plus connues du peintre.

2. L’autoportrait de profil de Greuze et sa gravure par Flipart

Ce portrait réalisé au pinceau et au lavis d’encre grise mesure 157 x 134 mm (quatrième photo de la galerie). De forme ovale, encadré en trompe l’œil, il est de dimensions très similaires à celles de notre dessin.

Ce portrait est assez proche du portrait de Robert Strange qui aurait été également réalisé au pinceau et à l’encre grise vers 1760 (Edimbourg, Scottish National Portrait Gallery) mais également des portraits de Denis Diderot (réalisé en 1766 et gravé par Gaucher la même année) et de Catherine II de Russie (gravé par Gaucher en 1782).

A la différence de ces deux autres portraits masculins dont la coiffure est sans apprêt, celle de Greuze est particulièrement sophistiquée. Le graveur Charles Dufresne raconte dans ses Cahiers l’origine de cette coiffure originale, dite « en aile de pigeon », qui aurait été donnée au jeune artiste par une de ses premières conquêtes, alors qu’il s’était rendu chez elle « en négligé, sans avoir pensé à [se] coiffer ».

Nous avons reproduit également dans la galerie les deux états connus de la gravure : une épreuve d’essai (avant la lettre) et la gravure définitive. Ces deux états permettent de mieux comprendre le travail du graveur, et de voir comment il s’approche progressivement d’un traitement des cheveux ressemblant fortement à celui de notre dessin (en particulier pour la boucle inférieure, dont la forme cylindrique se révèle dans l’état définitif).

Alors que l’ensemble du dessin a été réalisé à la pierre noire, il est intéressant de noter que la narine semble avoir été soulignée (ainsi que la commissure des lèvres) d’un trait de plume. Ce détail dans l’aile du nez se retrouve dans le portrait de Diderot (huitième photo de la galerie), même si celui-ci a été entièrement réalisé à la pierre noire et à la craie blanche. Faut-il y voir une correction de Greuze sur le dessin réalisé par Flipart ?

3. Flipart dessinateur

La qualité du dessin, qui ne laisse aucun doute sur sa place dans l’exécution de la gravure, impliquait deux attributions possibles : Greuze ou Flipart. Nous avons préféré retenir cette deuxième hypothèse, la technique utilisée pour ce dessin étant très différente de celle utilisée par Greuze dans ses autres dessins.

Nous n’avons retrouvé que trois dessins de Flipart (deux dans des collections publiques, l’un passé en vente en 2009). Les deux dessins conservés dans des collections publiques sont tous deux relatifs au Gâteau des Rois, un des tableaux de Greuze gravé par Flipart, et témoignent de la préparation méticuleuse de ses gravures par le dessin. Nous reproduisons dans la galerie le dessin de l’Albertina (neuvième photo de la galerie - l’autre est conservé au Musée du Louvre) qui nous semble le plus évocateur du caractère précis et du goût du détail (que l’on retrouve également dans notre portrait), qui semblent caractériser les dessins de Flipart.

4. Encadrement

Notre dessin est proposé encadré dans un cadre en bois sculpté et doré d’époque Louis XV estampillé « E.L. INFROIT JME » (Etienne-Louis Infroit, reçu maître sculpteur à l’Académie de Saint-Luc le 14 août 1759, décédé en 1774) .

Principales sources bibliographiques:
Camille Mauclair – Jean-Baptiste Greuze – L’édition d’art, H. Piazza et Cie
Edgar Munhall – Jean-Baptiste Greuze 1725 - 1805 – catalogue of the exhibition organized by the Wadsworth Atheneum, Hartford (1 December 1976 – 23 January 1977) – Joseph Focarino 1976
Edgar Munhall – Greuze the Draftsman – Merell Publishers Limited 2002