Par Franck Baptiste Paris
Rare table en bois de chêne doré à la feuille.
Modèle de forme rectangulaire à quatre pieds reliés par une entretoise.
Les traverses légèrement chantournées et finement sculptées de lambrequins en ferronnerie et de fleurettes.
La face avant ajourée de deux rinceaux d’acanthes centrés d’une importante tête de faune grimaçant qui arbore une couronne de plumes.
Les montants sont en forme de console et présentent en partie supérieure des écoinçons en feuilles d’acanthes et des rinceaux qui jaillissent des enroulements supérieurs et se raccordent à la traverse centrale.
La partie médiane des montants arbore des arrêtes à frises de godrons et se termine par des pieds en forme de dauphins.
Les quatre pieds sont raccordés par des volutes prolongées par des dauphins qui viennent s’échouer sur un tertre central.
L’ensemble de la console est finement gravé dans les apprêts d’un treillis à losanges.
Très bel état de ...
... conservation, dorure d’origine.
Epais plateau d’origine en placage de marbre Sarrancolin mouluré d’un bec de corbin et souligné d’un cavet.
Travail attribuable à l’atelier de sculpture de la société pour les bâtiments du roi, Paris vers 1720-1730.
Dimensions :
Largeur : 130 cm ; Hauteur : 79 cm ; Profondeur : 65 cm.
Notre avis :
L’exceptionnelle console que nous présentons arbore une sculpture très riche et très expressive qui nous permet d’apprécier l’ironie du faune grimaçant ou encore le caractère enjoué du mammifère marin.
Le moindre détail est rendu précisément par un travail de reparure considérable. Chaque centimètre carré de la console est finement gravé dans l’apprêt, que ce soit les écailles du dauphin, les pétales des fleurs, les nervures des plumes, ou tout simplement les fond à treillis.
L’excellent état de conservation, dû à un bois de chêne très dur et aux grains serrés, est l’élément central qui nous permet d’admirer notre console dans un état proche de celui d’origine.
L’ensemble de ces éléments est caractéristique des productions de l’atelier de sculpture de la société pour les bâtiments du roi, qui est fondée en 1699 par les sculpteurs Jules Degoullons, Marin Bellan, Pierre Taupin et André Legoupil.
Ce dernier est d’ailleurs l’auteur d’un recueil, « Consoles et mascarons pour bordures de cadres, consoles d’applique et pieds de table », dont les dessins de masques sont extrêmement proches de celui de notre faune.
Jusqu’en 1736 et la mort du dernier d’en eux, la société va travailler à la réalisation de consoles et boiseries pour les bâtiments officiels, comme le petit cabinet du roi à Versailles, la ménagerie de Trianon, ou encore pour le grand dauphin au château de Meudon.
Il est intéressant de noter, que sous l’Ancien Régime, l’iconographie aux dauphins que l’on retrouve sur notre console renvoie à l’allégorie du Prince héritier de la couronne.
La présence d’un héritier en bonne santé constituait la base de la stabilité pour la monarchie et pour le peuple. au point que son image servait de porte bonheur.
La fin de la période Louis XIV sera assez agitée avec les morts respectives du Grand Dauphin en 1711 et du Petit Dauphin en 1712 , leurs successeurs, les Dauphins Louis (futur Louis XV) et son fils Louis de France (1729-1765), suscitèrent tout deux beaucoup d’espoir, au point que l’image du Dauphin fleurira un peu de partout, notamment dans les arts décoratifs.
Il est d’ailleurs fort probable que notre console fut réalisée pour un bâtiment officiel érigé en leur honneur.
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