Par Galerie Sismann
A la tête d'un territoire riche et puissant, les grands ducs de Bourgogne, Philippe le Hardi, Jean sans Peur, Philippe le Bon et Charles le Téméraire, mettent en place tout au long du XVe siècle une ambitieuse politique artistique. Sous leur règne et grâce à leur patronage, les arts connurent une période éblouissante en Bourgogne, notamment dans le domaine de la sculpture. Celui-ci est fortement marqué par les productions de l'atelier ducal, où se sont illustrés successivement de grands noms tels Jean de Marville, Claus Sluter, Claus de Werve, Jean de la Huerta ou encore Antoine Le Moiturier. Tous ont fait la démonstration de leur génie sur un des chantiers les plus emblématique de l’art du XVe siècle, celui des tombeaux des ducs de Bourgogne, destinés à prendre place dans la chartreuse de Champmol, près de Dijon. Ces grandes structures ornées, surmontées de gisants et entourées de baldaquins richement décorés, constituent un des jalons les plus importants de ...
... la sculpture en albâtre du Moyen Âge. En effet, ces derniers accueillent dans leur partie inférieure des cortèges de pleurants, petites figures en albâtre personnifiant le deuil, qui fascinent les spécialistes et amateurs de la période depuis des siècles.
Dans le prolongement de ces chefs d’oeuvres de l’art médiéval, ce beau saint Philippe représenté avec sa croix à longue hampe atteste du succès de ce matériaux au XVe siècle et témoigne par sa facture et son style de l’influence exercée par les pleurants et leurs maîtres sur les ateliers de la région. Ainsi, on retrouve dans le drapé contraint d’une étonnante simplicité de notre saint, le souvenir de ceux exécutés par Antoine le Moiturier. Sur ce point notre oeuvre peut être rapprochée des pleurant n°56 et n°57 du tombeau de Jean sans Peur, attribués au maître, mais aussi du beau saint Jean de Missery réalisé probablement dans la seconde moitié du XVe siècle dans l’entourage de Le Moiturier. Sa chevelure aux ondulations souples ponctuées de crochets est proche de celle de notre Apôtre, dont le visage carré puissant et expressif aux pommettes saillantes évoque lui davantage ceux des créations Bourguignonnes réalisées juste avant 1500, comme celui de Nicodème dans la Mise au Tombeau de Semur-en-Auxois.
Les dimensions de notre saint Philippe et son revers non travaillé tendent à indiquer que ce dernier devait autrefois prendre place au sein d’un retable en albâtre figurant les douze apôtres accompagnés de leurs attributs, à l’image de celui en bois plus ancien de l’abbaye cistercienne de Theulay (vers 1400), ou en pierre plus tardif de l’église Saint-Denis de Lugny (1523).
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