Par Galerie Philippe Guegan
Guéridon de campagne à système d’époque néoclassique
Acier, bronze doré, tôle de fer, marbre bleu turquin
Paris fin du XVIIIe siècle
Le plateau en marbre bleu turquin est porté par un fut en forme de colonne, qui repose sur un élégant piètement tripode terminé par des pattes de lions, réunis par une entretoise de forme triangulaire et concave, montée sur trois petites roulettes tournées en bois de gaïac.
Ce guéridon présentes trois particularités caractéristiques du mobilier de campagne tel qu'il était réalisé autour de 1800. D’une part il est entièrement en métal, sauf son plateau de marbre, d’autre part il est totalement démontable et remontable à loisir, ce qui facilite son transport sous une forme peu volumineuse, enfin, il est équipé d’un système permettant d’ajuster la hauteur du plateau, ce qui permet de s'en servir dans différentes configurations. Le fut central se prolonge, sur une longueur de 21 cm, par un robuste pas de vis ...
... qui permet d’élever le plateau en hauteur, en le faisant tourner, de 69 à 85 cm environ. En position basse ce système de vis est caché dans le fourreau orné d’une pomme de pin qui se trouve au centre du piètement.
Le contraste entre l’acier poli et le bronze doré était à la mode dans les arts décoratifs dans le dernier quart du XVIIIe siècle ; mais ces meubles demeurent une rareté, car l’acier était alors un matériau peu abondant et difficile à mettre en œuvre.
On identifie par exemple un corpus de très belles consoles en acier et bronze doré, attribuées au serrurier Deumier, réalisées vers 1765 d’après un dessin de Victor Louis[1], un guéridon en acier réalisé par l’orfèvre viennois Domanek en 1770 offert par l’archiduchesse Marie-Christine à sa sœur la Dauphine Marie-Antoinette[2], l’ébéniste Riesener livre en 1786 un secrétaire et une table en acier nacre et bronze doré pour le boudoir de la reine au château de Fontainebleau et le journal du Garde Meuble de la Couronne recense différentes commandes faites à des maîtres serruriers, principalement des lits, prisés pour leurs qualités hygiéniques[3].
Cette mode pour le mobilier en acier poli se poursuit sous le Consulat et l’Empire. L’éclat précieux du métal qui imite celui de l’argent, sa solidité et sa simplicité s’accordent bien avec l’esthétique et les usages militaires de l’époque. Ainsi tout un ensemble de mobilier de campagne, à l’image de notre guéridon, est créé pour les officiers de l’armée Françaises, héros flamboyants des lendemains de la Révolution. Solides, démontables, peu volumineux, luxueux, quoique d’une esthétique simple, quelques exemples de ce mobilier de campagne, réalisé autour de 1800, nous sont parvenus, à l’image du bivouac de l’Empereur, véritable palais itinérant, dont le lit pliant du serrurier Desouches est emblématique, ou comme cette table parasol de campagne de Biennais conservé au MAD de Paris.
La manufacture Deharme pourrait être l’auteur de notre guéridon, qui à produit d’autres modèles en acier poli et bronze doré[4], mais ce pourrait également être l’œuvre d’un serrurier parisien, tel Clément Lossen (†1815), établi rue du faubourg Saint-Antoine, distingué par la Société d’Encouragement pour l’Industrie Nationale en 1811 pour « une table en fer, sous forme de guéridon, exécutée avec soin »[5].
[1] L’une livrée au roi Auguste III de Pologne à Varsovie, une paire acquise par le marquis de Beringhen, une quatrième conservée au musée de l’Ermitage à Saint Pétersbourg, etc …
[2] Ancienne collection comte Niel, donné au château de Versailles en 1966
[3] Entre 1784 and 1787 Jacques-Antoine Courbin, serrurier du roi, fournit quatre lits en acier poli pour les appartements des princes. Un inventaire de 1792 décris deux lits en acier de Courbin, livrés pour le service du Dauphin : « Pour les garçons de la chambre... deux lits de fer à quatre colonnes à châssis plats de six pieds de long, 6 pieds 6 po de haut et 3 pieds 8 po de large ... ... preisés a 2 422 livres »
[4] Christophe Huchet de Quénetain in les Styles Consulat et Empire, Paris, 2005, pp.50-51 (ill. p.50).
[5] Buletin de Société d’encouragement pour l’Industrie Nationale, Dixième Année (N°83) Mai 1811, page 110
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