Par Stéphane Renard Fine Art
306 x 228 mm – Encadré 49 x 41.3 cm
Cadre italien du XVIIème siècle en bois doré et sculpté à décor de feuilles de laurier et de rubans
Nous remercions Carolina Trupiano Kowalczyk de son aide dans la description de ce dessin et de nous avoir confirmé l’attribution à Francesco Furini ; sa notice (en italien) est disponible sur demande.
La feuille présente en son centre un filigrane aux armes Médicis avec la couronne du Grand-Duché de Toscane (8ème image de la galerie) que l’on retrouve sur d’autres dessins de Francesco Furini comme par exemple celui inventorié sous le numéro 17103 F conservé aux Offices.
Dans ce dessin assez envoûtant exécuté à la pierre noire et à la craie, Francesco Furini s’inspire du chef d’œuvre de Ghiberti, la porte du baptistère de Florence appelée « Porte du Paradis » dont il reprend un détail du bas-relief représentant l’histoire d’Esaü et de Jacob (9ème image de la galerie). La proximité avec ...
... d’autres dessins exécutés par Furini permet d’authentifier ce dessin, qui a vraisemblablement été réalisé vers 1622-1625, peu avant « La Peinture et la Poésie » une des premières toiles d’importance de Furini (dernière image de la galerie) dans laquelle on retrouve comme un lointain écho de cette étude.
1. Francesco Furini un artiste entre tradition florentine maniériste et modernité baroque
Francesco Furini nait à Florence le 10 avril 1603. Son père Filippo di Nicola est un peintre portraitiste qui lui enseigne vraisemblablement les rudiments de la peinture avant qu’il ne soit formé dans les ateliers de Cristofano Allori, de Domenico Cresti, dit Il Passignano, et de Bilivert, où il se lie d'une amitié durable avec Baccio del Bianco.
Il se rend à Rome en novembre 1619 où il fréquente l'atelier de Bartolomeo Manfredi dont il absorbe les traits stylistiques du Caravage. Il se lie également avec Giovanni da San Giovanni, un autre artiste florentin de passage à Rome. De retour à Florence à l’âge de dix-neuf ans, il fréquente l’atelier de Matteo Rosselli. En 1623-1624 il retourne à Rome avec Giovanni da San Giovanni pour peindre ensemble les fresques de l'église des Santi Quattro Coronati et du Palazzo di Monte Cavallo avant de s’établir à Florence.
Sa peinture se caractérise par la recherche de l’expression du sentiment. Inspirée de la pureté du style de Raphaël et par le sfumato léonardesque, elle est modulée selon la linéarité de Guido Reni, dont Furini reprend l'utilisation de couleurs froides, afin de susciter souvent un sentiment de mélancolie, une « sensualité morbide ».
Devenu prêtre en 1633 (sans pour autant abandonner la peinture tant profane que religieuse), Furini meurt à 46 ans à Florence épuisé par une fièvre qu’il avait contractée.
2. Description du dessin
Dans ce dessin certainement exécuté à Florence (avant ou après son séjour romain de 1623-1624), Furini s’inspire d’une des œuvres les plus emblématiques de la ville : la Porte du Paradis commandée à Lorenzo Ghiberti en 1425 et plus particulièrement du groupe de quatre femmes placé en bas à gauche du panneau représentant l’Histoire d’Esaü et de Jacob, devant la représentation de Rebecca allongée, que l’on retrouve furtivement évoquée dans le coin supérieur gauche de notre dessin (neuvième image de la galerie).
Ce groupe de quatre femmes témoigne du goût anecdotique de la Renaissance : vêtues de robes longues comme les femmes de l’époque, elles se sont probablement rencontrées par hasard dans une rue alors que l’une d’elle portait du linge. Avec beaucoup de naturel et de grâce, elles semblent emportées dans leur discussion.
Furini traduit de manière subtile le caractère fortuit de cette rencontre, insufflant un dynamisme plein de vie aux étoffes qui semblent tourbillonner autour de nos quatre amies. Son dessin est léger et velouté, il définit les corps sans insister sur les formes, estompant la matière pour créer un clair-obscur rendant à la perfection le mouvement des étoffes et le volume de la corbeille de linge.
3. Œuvres en rapport
Les visages des femmes, fortement expressifs, marqués par ces yeux en creux caractéristiques du peintre se retrouvent dans d’autres dessins de l’artiste comme par exemple dans la Jeune femme nue en pied conservée aux Offices (10ème image de la galerie) ou dans la Madeleine pénitente du British Museum (11ème image de la galerie). Ces deux dessins évoquent en particulier la jeune femme la plus à gauche, avec sa bouche entrouverte, ses petits yeux, et ses cheveux ébouriffés qui encadrent l’ovale du visage.
L’utilisation virtuose de la pierre noire et de la craie pour la définition du volume des étoffes et des visages se retrouve également dans la Madone soutenue par les Anges conservée à l’Albertina (12ème image de la galerie).
Il est enfin tentant de faire un parallèle avec le tableau représentant la Peinture et la Poésie, exécuté vraisemblablement juste après notre dessin en 1626, tableau dans lequel on retrouve tout à la fois le mouvement dans la torsion du buste et la souplesse des étoffes, et la douce connivence qui unit notre groupe de femmes.
4. Encadrement
Ce dessin est présenté dans un cadre italien du XVIIème siècle orné de feuilles de lauriers entourées de rubans.
Principaux éléments bibliographiques :
Giuseppe Cantelli – Disegni di Francesco Furini e del suo ambiente – Leo S. Olschki Firenze 1973
(A cura di) Mina Gregori e Rodolfo Maffeis – Un’altra bellezza FRANCESCO FURINI – Mandragora Firenze 2007
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