Par Franck Baptiste Paris
Rarissime pot pourri en porcelaine de Chine de la famille verte et monture en bronze doré.
Porcelaine à fond blanc agrémenté d’émaux polychromes verts, bleus, jaunes, rouges.
Trés beau décor tournant de scènes bucoliques, de jeux autour d’une table, d’une cérémonie du thé ou encore d’enfants jouant au bord d’un ruisseau.
Le col orné d’une frise de têtes de « ruyi ».
La monture en bronze finement ciselé et doré au mercure enchasse la potiche avec un cerclage en partie haute et en partie basse, tout deux sont reliés par des anses latérales à décors de têtes de femmes coiffés de palmettes, de fleurs de lys et de poignées torsadées.
Trés bel état de conservation, un petit manque d’émail au col.
La porcelaine, Chine, Province du Jiangxi, fours de Jingdhezen, règne de Kangxi (1622-1722).
La monture en bronze, travail d’un marchand mercier parisien, époque Régence vers 1720.
Dimensions :
Hauteur : 30 cm ; Diamètre : 26 ...
... cm
La pièce que nous présentons était à l’origine un pot à gingembre issu des fours impériaux de Jingdhezen et probablement destiné au marché intérieur chinois.
Importée depuis l’Asie pour satisfaire l’appétit d’une élite désireuse de posséder cette matière inconnue en Europe, elle fût achetée par un marchand mercier parisien qui décida de détourner son usage de contenant alimentaire pour la transformer en objet d’art.
Pour se faire il décida de tronçonner le col et de percer des orifices tout autour de la base selon une technique aujourd’hui perdue, avant d’y adjoindre une somptueuse monture en bronze, avec des poignées latérales et un couvercle ajouré.
Si de nombreux pots pourri furent montés de la sorte, notre exemplaire est trés rare car il comporte des émaux aux subtils dégradés polychromes et un décor trés abondant avec pas moins d’une dizaine de personnages, ce qui est peu courant sur un pot à gingembre.
Outre les personnages, les scènes représentées sont trés originales, comme la cérémonie du thé, ou encore des jeux d’enfants plongeant et péchant des paniers dans la rivière, ce qui est unique à notre connaissance.
La représentation de vases balustres et d’une aiguière de type byzantine ne sont pas courantes non plus ; ces formes sont caractéristiques des productions Ming destinées à l’empire Ottoman, ce qui nous permet de placer notre pièce assez tôt dans le règne de Kangxi.
L’extrême qualité de la ciselure et de la dorure de notre monture ainsi que la présence de fleurs de lys nous permettent d’envisager une provenance royale.
En effet ce petit corpus de porcelaines orientales qui allie grande qualité de décor et monture aux emblèmes royaux constitue la quintessence des objets montés à la fin du règne de Louis XIV et durant la Régence.
Il nous semble donc fort probable que ces pièces furent destinées à la famille royale, au sens élargi du terme, c’est à dire à la descendance légitime et légitimée de Louis XIV.