Par Stéphane Renard Fine Art
Pierre noire et craie blanche sur papier de teinte beige
37 x 25 cm (encadré 54 x 42 cm)
Cet éblouissant dessin de Carle van Loo nous présente avec beaucoup de tendresse le portrait de la fille de l’artiste Marie-Rosalie (1737 – 1762), occupée à faire tourner un moulin. Cette image de l’enfance d’une grande spontanéité révèle le regard neuf porté sur l’enfance au XVIIIe siècle.
1. Carle van Loo, le succès d’un peintre né dans une famille d’artiste
Carle van Loo est sans doute le membre le plus connu d’une des plus grandes familles d’artistes du XVIIIe siècle européen : fils du peintre Louis-Abraham Van Loo, il est également le frère cadet du peintre Jean-Baptiste Van Loo, le petit fils du peintre hollandais Jacob Van Loo et enfin le père du peintre César Van Loo.
C’est d’ailleurs son frère Jean-Baptiste (1684 – 1745), de vingt ans son aîné, qui se charge de son éducation (en même temps que de celle de ses propres enfants) à ...
... la mort de son père en 1717. Son frère l’emmène avec lui à Turin et à Rome. Arrivé à Paris en 1724, Carle van Loo commence à assister son frère avant de remporter cette même année le prix de Rome où il séjourne entre 1728 et 1732, concomitamment avec le peintre François Boucher et avec ses neveux (également peintres) Louis-Michel (1707-1771) et François Van Loo (1708-1732) (les enfants de Jean-Baptiste).
Retourné à Paris en 1734 après un séjour à Turin, il connait rapidement la gloire grâce en particulier aux commandes de Madame de Pompadour et s’illustre aussi bien dans le portrait, les scènes religieuses ou mythologiques que dans les scènes de genre. Devenu premier peintre du Roi en juin 1762, il meurt en 1765 au sommet de sa gloire.
De son mariage avec Christina Antonia Somis, une piémontaise épousée à Turin en 1733, Carle aura cinq enfants : une fille morte en bas âge, une autre fille Marie-Rosalie et trois garçons : Jean-François, Carle et Jules-César-Denis qui sera le dernier peintre de la dynastie. Mariée le 11 septembre 1758 avec Benoît Bron « intéressé dans les affaires du Roi », sa fille Marie-Rosalie décédera en couches en 1762, trois ans avant la mort de son père.
2. L’identification du modèle
Carle Van Loo a représenté à de nombreuses reprises sa fille Marie-Rosalie, dans des portraits appartenant plus à la sphère privée mais également en l’utilisant comme modèle dans certaines de ses compositions. On peut penser devant la multiplicité des représentations qu’une tendre complicité unissait le père à sa fille.
Un portrait de sa fille à l’âge de trois ans est ainsi conservé au château royal de Drottningholm en Suède . Il existe de nombreux dessins dans des collections particulières qui ont figurés dans l’exposition organisée en 1977 , dessins qui ont servis de base à l’exécution de gravures. On peut à cet égard également citer la gravure de Louis-Marin Bonnet (1736-1793) exécutée en 1764 d’après un dessin de Carle Van Loo.
Ses enfants ont aussi servi de modèles pour le tableau peint pour Madame de Pompadour à Bellevue, représentant la Peinture.
3. Description de l’œuvre
Ce dessin nous plonge dans l’intimité familiale du peintre et nous présente sa fille Marie Rosalie, dont on peut penser qu’elle est alors âgée de cinq à sept ans, représentée à mi-corps, assise ou accroupie. Elle tient de sa main droite un moulin qui requiert toute son attention ; son visage est représenté vu d’en dessous, alors qu’elle a les yeux rivés sur ce moulin. Son bras gauche, les plis de la robe ne sont qu’esquissés donnant au dessin une grande spontanéité, rare dans l’oeuvre du peintre.
De nombreuses reprises confèrent également à ce dessin son caractère très vivant : une reprise à la main droite, comme la trace du mouvement fait par l’enfant pour faire tourner son moulin, une reprise du visage de l’enfant, dans une position légèrement plus frontale et enfin quelques traits au-dessus de l’épaule droite.
Exécuté sans doute vers 1742-1744, ce dessin évoque par son thème l’Enfant au Toton de Jean Siméon Chardin (1699 – 1779) présenté au salon de 1738.
Ces œuvres illustrent l’intérêt naissant au XVIIIe siècle pour l’enfance, période dont on commence à reconnaître la spécificité, comme en témoigne cette phrase écrite en 1762 par Jean-Jacques Rousseau dans son manuel d’éducation, Emile ou l’Education « l’enfant a ses manières de voir, de sentir, de penser qui lui sont propres ; rien n’est moins sensé que de vouloir y substituer les nôtres ». Distincte de l’âge adulte, l’enfance est idéalisée comme l’âge de l’innocence et il est touchant de retrouver dans ces deux œuvres la représentation de cette capacité unique qu’ont les enfants de se couper du monde en s’absorbant entièrement dans leurs jeux.
Ce dessin est présenté dans un cadre Français en bois doré du XVIIIe siècle, qui pourrait être son cadre d’origine.
Principales références bibliographiques :
Le dessin français au XVIIIe siècle Louis-Antoine Prat Edition Musée du Louvre/ Somogy éditions d’art Mars 2017
Carle Vanloo Premier peintre du Roi catalogue de l’exposition tenue successivement à Nice, Clermont-Ferrand et Nancy en 1977 - Marie-Catherine Sahut SERG - Ivry
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