Par Galerie Thierry Matranga
Tableaux anciens, dessins, sculptures, objets religieux
Huile sur toile, Italie centrale dernier quart du XVIe siècle.
De trois quarts face, une ravissante jeune fille au regard expressif nous observe. La qualité de sa toilette interpelle : de fines dentelles marquent les épaules et soulignent une silhouette enveloppée dans une robe rose à motifs rouges dont le haut col se termine par une fraise godronnée. Un lourd collier d’or et de corail à deux rangs complète harmonieusement une tenue qui, par son haut degré de raffinement, indique un rang social élevé. Ce visage aux traits juvéniles est celui de l’adolescence ; la demoiselle n’est pas encore une femme. Révéler la beauté de son modèle auprès d’éventuels prétendants à des fiançailles serait donc l'intention de ce portrait? A cette aune, le chromatisme rougeoyant de sa tenue pourrait-il être une promesse d’amour à laquelle répondrait sa coiffe de fleurs blanches, symbole de pureté.
Nous sommes en présence d’un portrait de la fin du XVIe siècle ...
... dont la manière est empruntée à Anthonis Mor, portraitiste de la cour d’Espagne dont le style eut des répercussions dans toute l’Europe. Un de ses suiveurs italiens les plus féconds fut Scipione Pulzone, auquel nous pouvons attribuer notre tableau. Si les canons esthétiques de son époque lui ont imposé de représenter son modèle dans une pose quelque peu figée, il est néanmoins parvenu à lui insuffler de la vie en lui conférant un regard qui semble suivre le spectateur où qu’il se situe. Cette virtuosité, que son ami le peintre Giovanni Baglione qualifiait de « naturaliste », lui a valu un succès certain auprès des grandes familles italiennes. Parmi ses portraits de jeunes patriciennes, ceux de Vittoria Accoramboni (Castello di Bracciano), de Marie de Médicis enfant (Poggio Imperiale de Florence) et de Clélia Farnèse (Musée des Offices de Florence) présentent chacun des ressemblances stylistiques probantes avec notre composition.
Nous avons choisi de vous présenter l’œuvre dans un cadre émilien à casseta doré à décor d’enroulement de feuillage en bullinato.
Dimensions : 60 x 45,5 cm – 72 x 56 cm avec le cadre
Vendu avec facture et certificat d'expertise.
Biographie : Scipione Pulzone (Gaète, 1544 – Rome, 1er fév. 1598) apprend la peinture auprès du romain Jacopino del Conte, avant d’être admis à l’Académie de saint Luc en 1567. Ayant pu observer à Rome les portraits réalisés par Raphaël et Anthonis Mor, c’est tout naturellement qu’il s’en inspire en augmentant toutefois son propre style d’un coloris chatoyant rappelant la peinture vénitienne. En 1572, il est invité à Naples par don Juan d’Autriche pour en faire le portrait, ce qui accroit son aura de peintre de cour et lui permet d’obtenir de nouvelles commandes prestigieuses. Longtemps loué pour ses portraits, les historiens d’art redécouvrent désormais cet artiste à l’aune de ses œuvres religieuses. En effet, il est l’un des premiers à s’être éloigné du maniérisme finissant de ses contemporains à la faveur d’un art plus clair, moins ésotérique, comme le prescrivaient les directives du concile de Trente.
Bibliographie :
- ACCONCI, Alessandra (dir.), Scipione Pulzone?: da Gaeta a Roma alle Corti europee, (cat. exp. Mostra, Gaeta, Museo diocesano, 27 giugno-27 ottobre 2013), Rome, Palombi & Partner, 2013.
- CRANSTON, Jodi, The Poetics of Portraiture in the Italian Renaissance, Cambridge, Cambridge University Press, 2000.
- DE LOGU, Giuseppe, Il ritratto nella pittura italiana, Bergamo, Istituto italiano d’arti grafiche, 1975.
- DERN, Alexandra, Scipione Pulzone (ca. 1546-1598), Weimar, Verlag und Datenbank für Geisteswissenschaften, 2003.
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