Portrait du Grand Dauphin, autour de 1670, atelier de Henri et Charles Beaubrun

... son cou est rehaussée par un nœud de ruban corail. Les mêmes parements de rubans décorent ses manches, sa canne, et son porte épée. Ses mains sont enveloppées dans des longs gants blancs, et les poignets sont ornés de boucles de rubans.
Son épée dont on aperçoit la garde parmi les rubans est attachée à un centurion. Curieux que cela puisse paraitre sur un si jeune enfant, l’épée et la canne sont uniquement des objets de mode sous Louis XIV, plutôt qu’un insigne militaire.
Sa figure se détache sur fond d’un large rideau de velours cramoisi dont des plis savamment construits sont relevés pour exposer l’horizon lointain.

Le premier fils de Louis XIV ayant reçu le titre de Monseigneur ou du Grand Dauphin a sa naissance, a été un objet de l’attention particulière étant l’unique héritier de la couronne de France.

Dès sa naissance une habile campagne de communication se met en place afin de promouvoir la pérennité dynastique des Bourbons. La diffusion des portraits de l'héritier de Louis XIV permet de consolider la monarchie.

Sur certains portraits il est représenté seul, sur d’autres il est avec sa mère Marie-Thérèse d’Autriche (voir le portrait en pied conservé au musée de Prado de Madrid, peint par Pierre Mignard vers 1664, inv. P02291) ou avec sa grande mère Anne d’Autriche (voir celui conservé au château de Versailles et peint par des Beaubrun vers 1665 (inv. MV 9157)).
La plupart de ses portraits sont exécutés par des peintres travaillant pour la cour de France, les Beaubruns, Jean Nocret ou Pierre Mignard.
Notre portrait est une variante d’atelier de Charles et Henri Beaubrun, le tableau original (perdu ou détruit) est connu par deux gravures de Nicolas de Larmessin et aurait été peint par les Beaubrun vers 1671.
Il subsiste pourtant un deuxième portrait fort similaire au notre conservé au musée de Padoue en Italie, les habits sont identiques, pourtant la coiffure de boucles relâchées et le visage moins joufflu pourrait indiquer un âge légèrement plus avancé.

Œuvres en rapport :
- Portrait de Louis de France, dim. Inconnues, Padoue, Musée des Beaux-Arts, Italie, vers 1670?
- Louis de France, Gravure de Nicolas de Larmessin d’apres des Beaubrun, vers 1671, château de Versailles, inv. GRAV 4087
- Louis de France, Gravure de Nicolas de Larmessin en buste, d’apres des Beaubrun, château de Versailles, vers 1671, inv. LP44-3(2)
- Louis de France, vers 1663, Beaubrun Charles et Henri, musée du Prado, Madrid, huile sur toile 129 x 98 cm, inv P002232
- Louis de France, vers 6 ans, huile sur toile, attribuée à Jean Nocret, vers 1668, 175 x 128 cm, musée du Prado (Madrid) déposé au palais Royal.

Louis de France, dit Monseigneur, ou le Grand Dauphin après sa mort, est né à Fontainebleau le 1er novembre 1661 et mort au château de Meudon le 14 avril 1711.
Fils aîné de Louis XIV et de Marie-Thérèse d'Autriche, destiné à succéder à son père, Monseigneur le dauphin bénéficia d'une éducation et d'une formation spécifiques que Louis XIV souhaitait les plus abouties.
Monseigneur prit part à plusieurs campagnes militaires entre 1688 et 1694, dont la prise glorieuse de Philippsburg en 1688.
Il décède à 49 ans sans avoir jamais régné.

Charles Beaubrun (1604-1692), Henri Beaubrun (1603-1677)

Charles et Henri Beaubrun, inséparables dans leur vie, le sont aussi dans l’histoire de la peinture française. Le père de Charles, Mathieu de Beaubrun, page du cardinal de Joyeuse est envoyé à Rome afin de parfaire son éducation d’artiste, le talent qu’il a transmis a son fils. Quant à Henri, son père également prénommé Henri, était valet de garde-robe du roi, ce qui a valu au fils une place de porte-arquebuse, Louis XIII reconaissant la passion pour la peinture de jeune Henri a pris interet dans son éducation. Henri gagnant en popularité de peintre à la cour, a associé son cousin Charles aux nouvelles commandes des courtisans, et ainsi ils ont commencé à travailler ensemble sur les mêmes ouvrages, de sorte qu’il est dificile de distinguer la main de chaque peintre. Les cousins collaborent alors entre 1630 et 1675, peignent de nombreux portraits officiels et se spécialisent dans les portraits royaux, étant nommés peintres officiels de la Cour sous les règnes de Louis XIII et de Louis XIV. Au milieu du siècle, ils connaissent un grand succès auprès des dames de la cour et réalisent plusieurs séries de portraits féminins de la grande noblesse.
En 1648, ils participent à la fondation de l'Académie royale de peinture et de sculpture.