Pieter Fontijn (1773–1839) - Scène d'intérieur

... Dordrecht en 1773. Bien que ses parents aient envisagé une autre carrière pour lui, il les a persuadés de le laisser poursuivre une formation artistique. Il a d'abord été formé dans l'atelier du peintre de « behangsels » décoratifs Pieter Hofman (1755-1837), puis par le peintre de natures mortes Willem van Leen (1753-1825). Après s'être installé comme maître indépendant dans sa ville natale de Dordrecht, Fontijn s'est spécialisé dans les portraits à l'huile et les miniatures, qui étaient à la mode à l'époque. Il a également réalisé des pièces de genre à la manière de Jacob et Abraham van Strij, qui vivaient également à Dordrecht – comme les frères Van Strij, Fontijn a été profondément influencé par les peintres de genre du Siècle d'or hollandais, bien qu'il ait travaillé dans une palette plus claire, typique du début du XIXe siècle.

Les tableaux et dessins de genre de Fontijn, plus que ceux des frères Van Strij, présentent souvent des couches cachées, souvent de nature humoristique, voire semi-érotique. Des couches de signification sont parfois conférées par certains objets ou par des tableaux accrochés aux murs des intérieurs représentés par l'artiste. Dans le cas de la grande aquarelle bien conservée présentée ici, représentant une cuisine simple, dont les murs froissés indiquent peut-être un certain degré de pauvreté, le portrait ovale d'une femme riche sur le mur est dissonant : non seulement sa présence est plutôt inhabituelle dans une cuisine, qui était plus généralement décorée de natures mortes ou de scènes de genre, mais il est aussi nettement plus luxueux que les autres éléments rustiques de la pièce, en particulier son cadre richement sculpté et doré, couronné d'une couronne dorée et d'un blason en dessous. Le portrait représente Maria van Reigersberg (c.1589–1653), l'épouse de l'humaniste et avocat Hugo Grotius ; Fontijn a pris comme modèle une gravure de Jacobus Houbraken (1698-1780) d’après un tableau de Michiel van Mierevelt (1566-1641) (fig.).2 Van Reigersberg était considérée comme un modèle de vertu nationale néerlandaise à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle, mais la signification exacte de sa présence dans cette œuvre est insaisissable – sa vertu contraste-t-elle avec l’oisiveté de la mère ?

Les portraits de Fontijn sont conservés dans les collections du Scheepvaartmuseum d'Amsterdam, du Musée Simon van Gijn de Dordrecht, du Musée Bisdom van Vliet de Haastrecht et du Stedelijk Museum Roermond. Des tableaux de chevalet représentant des scènes de genre sont également conservés au Dordrechts Museum de Dordrecht et au Simon van Gijn Museum, également à Dordrecht.3 Les œuvres sur papier de l'artiste sont assez rares, on n'en connaît que quelques exemples, dont une aquarelle d'un intérieur néoclassique avec une diseuse de bonne aventure conservée au Dordrechts Museum, datée de 1812 (fig.).4

1. Pour l'artiste, voir : J. Erkelens a.o., Tussen zonnegoud en kaarslicht : Dordtse meesters 1780-1840, cat. d'exposition Dordrecht (Dordrechts Museum), 1986, pp. 76-81.
2. Une épreuve est conservée au Rijksprentenkabinet d'Amsterdam, format de planche 265 x 177 mm, n° d'inv. RP-P-OB-48.450.
3. Un exemple typique est l'Intérieur avec deux personnages du musée de Dordrecht, panneau, 59,5 x 59 cm, inv. n° DM/850/41.
4. Aquarelle, 437 x 329 mm, inv. n° DM/947/T491.